Le jazz et le blues

« •Cette musiques'écoute en accompagnementdes films muetset dans lessaloonsou lesmaisonscloses. Sesfigures emblématiques sont Scott Joplin (1868-1917) pour l'école deSedalia, JellyRollMotion1(1885-1941) pour [celle deLaNouvelle- IOrléans, Fats Waller (1904-1943) etWillïe ;«The Lion» Smith1(1897-1973) pour s celle de Harlem. Leiazz New Orléans • Vers 1900, à La Nouvelle-Orléans,là où les racines africaines sont le plus vivaces, les orchestres noirs, blancs et créolesjouent une musique analogue : leur répertoire secompose deragtimes, de marcheset de rengaines populaires. Lescornettistes, telBuddyBolden (1877-1931), y tiennent le premier rôle. • Lestyle New Orléansse caractérisepar un contrepoint libre, une profusion de lignes mélodiques et des improvisations collectives. Lesinstruments mélodiques sontle cornet ou la trompette, le tromboneet la clarinette. •Vers 1910, on joue le dixieland, version blanchedu style New Orléans. L'Original Dixieland Jazz Band estdirigé par le cornettiste Dominic James La Rocca (1889-1961). Arrivé en1916 àChicago, le quintette y fait sensation eteffectue le premier enregistrement demusique dejazz, daté du 26février 1917. LestyleChicaco• Les musiciens de La Nouvelle-Orléans,qui jouent dans les maisonsclosesdu quartier de Storyville, en sont chassés en 1917. Ils émigrent vers Chicago pour y trouver du travail. King Oliver (1885-1938), cornettiste etcompositeur, fonde en 1922lepremier grand orchestre noir : leCréole JazzBand.f- Son second trompette estLouisArmstrong(1901-1971). Avec Wi ™\_'e clarinettiste Sidney ™ •Bechet (1897-1959)- s'ouvre l'ère du soliste. Louis Armstrong est le premier véritable improvisateur du jazz,celui qui a instauré les premières règles. En1925, il crée un orchestre (le Hot Five qui devient en 1927 le Hot Seven) qui porte à sa perfection le style New Orléans. •Bien qu'influencé par les musiciens noirs, le style Chicago est plutôt le fait de musiciens blancs. Ildéveloppe l'expression individuelle avecaccompagnement plutôt quel'improvisation collective. Le rythme est plus heurté et l'harmonie est plus raffinée. Lesaxophone apparaît dans l'instrumentation. Lecornettiste BixBeiderbecke (1903-1931), leclarinettiste Mezz Mezzrow (1899-1972), le pianiste Pee Wee Russell (1906-1969), le tromboniste Jack Teagarden (1905-1964), leguitariste Eddie Condon (1905-1973) sont des piliersdu style Chicago. • Lepianiste le plus novateurdes années 1920 estEarl Hines (1903-1983), un virtuose du style Chicago, doué d'une imagination débordante et imprévisible. mrm a New York •Vers la fin de la décennie, lesprojecteurs s'écartentde Chicago. New York devient l'endroit où il faut être.

Là se trouvent lesmaisons de disques, lesclubs etl'argent des Blancs qui vontécouterde la musique dans le quartier noir de Harlem.•Les arrangementsse complexifient et et les groupes doivent s'agrandir pour répondre àleurs exigences harmoniques. •Lesgrands orchestres de Fletcher Henderson (1898-1952),Duke Ellington(1899-1974),vCab Calloway (né en 1907), Chick Webb (1909-1939), Jimmie Lunceford (1902-1947), Count Basie (1904-1984), GlennMiller (1904-1944) ouBenny Goodman (1909-1986) n'ont d'autres objectifs que de parfaire le Çï swing, cette pulsion >k.-,-«"si particulière à i' * et restera la plus grande « scateuse » (le scat est un style de chant où les paroles sont remplacées par des syllabes sans autre signification que musicale). \>* ISMJ Une réaction Billie Holiday (dite« Lady Day », 1915-1959) est son exacte opposée.Elle porte en elle la quintessence du blues qu'elle sert à merveille :misère, drogue et viol. Après guerre, elle poursuit son succès avec une voix usée par les excès. • Lebe-bopse développe en1945 à New York et prône, outre une révolution musicale, un stylede vie et des comportements enrupture avec la société.

Lesmusiciens noirscherchent unmoyen deréagir contre les contraintes dutravail en grand orchestre demusique de danse, et contre l'usage commercial de leurart. • La musique be-bop diffèredes stylesjazzqui l'ont précédée par l'élargissement des bases harmoniques et un tempo plus rapide. Plus cérébral, le jazz passe aux yeux du grand publicet des mélomanes du statut d'une musique de danse à celui d'une musique de concert. Lesmusiciens bop Le be-bop est créédans lesclubs new- yorkaisde la 52' Rueoù l'on retrouve les pianistes TheloniousMonk (1917-1982) et Bud Powell (1924- LE IAZZ FRANÇAIS Dansl'entre-deux-guerres,le jazz français prouvesa créativité avec l'orchestre de Ray Ventura (1908-1979), et le Quintette du Hot Club de France, avec Django Reinhardt (1910-1953, à dr.) et Stéphane Crappelli (1908-1997, aumilieu). Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, dans les clubs de Saint-Germain-des-Prés, c'est une explosion de groupes et de talents : de Boris Vian (1920-1959) à Claude Luter (né en 1923)et Claude Bolling (né en 1930). Dans les années i960, les excès du free font fuir le publicet plongentle jazz français dans un long trou noir.

Pourtant, la relève est assuréepar desinstrumentistes talentueux tels Martial Solal (né en 1927), René Urtreger (né ne 1934), Jean-Luc Ponty (né en 1942).Le retour en faveur du jazzauprès d'un publicplus large date desannées 1990, avec des musiciens comme lemulti-instrumentiste MichelPortai (né en 1935),lacompagnie Bernard Lubat(né en 1945), le saxophonisteBarney Wilen (né en 1937), le violoniste DidierLockwood(né en 1956),le pianiste Michel Petrucciani (1962-1999) ou l'Orchestre national de Jazz (fondé en 1986). 1966), lesaxophoniste Charlie Parker (1920-1955),leguitariste Charlie Christian (1916-1942), le trompettiste Dizzy ékGillespie (1917-1993), les batteurs Kenny Clarke (1914-1985), Max Roach (né en 1925) etArtBlakey (né en 1919), les contrebassistes Oscar Pettiford (1922-1960) et Ray Brown (né en 1926).•BillEvans (1929-1980), pianiste etcompositeur prodige, se consacrera par la suite au trio et au solo.

Sa quête de la perfection le conduira sans cesse à explorer les mêmes thèmes. LECOOL ET LE HARD-BOP Lecool H- Les enregistrements Ides années 1949-1950 J|(intitulés par lasuite JE" "lrtn °'tne ^00' "' * jsH réalisés par un ensemble deneuf Mm m musiciens sous la direction du trompettiste Miles Davis(1926-1991) marquent ceux qui cherchent un « après-bop ».Écrits notamment parGil Evans (1912-1988), les arrangementssont plus doux dansleurs sonorités, mais gardent toutefois une haute complexitéharmonique. • De nombreux musiciens adoptèrent ce style cool, en particuliersur la côte Ouest des États-Unis, fondant lestyle de jazz West Coast.

Parmi eux : - le saxophoniste ténor Stan Cetz ||(1927-1991), dont lasonorité luivaut (£'lesurnom «The _.4 Sound »et quiconnaît ydTm >lle succès avec ses enregistrements de bossa nova ; - le clarinettiste etsaxophoniste alto Art Pepper (1925-1982) ; ^^•fc* -letrompettiste Ik Chef Baker M, (1929-1988),dont la voixfragile complète le jeu délicat deson instrument. Parmi lesmusiciens cool, on note ausi le pianiste John Lewis (1920-2001), fondateur du ModemJazz Quartet, les saxophonistes Gerry Mulligan (né en 1927) et ZootSims (1925-1985), le clarinettiste Jimmy Giuffre(né en 1921). LE HARD-BOP• Au début des années 1950 se manifeste une réaction de jeunes musiciens noirscontre le cool jazz dominant, qui aboutit au hard-bop.

Ce style revient à une forme plus virileet plus affirmée et tire certaines de ses inflexions dugospel. /L •Ses principaux "WÊKJÊf,.-' représentants sont lecontrebassiste m Charlie Mingus HKk (1922-1979), Klessaxophonistes Bp^^BHhI Julian «Cannonball » Adderley (1928-1975) et Sonny Rollins (né en 1930), le pianiste HoraceSilver(néenl928)et le batteur Art Blakey (né en 1919), qui fondent les Jazz Messengersen 1953,ainsi que toute une pléiadede musiciens xceptionnels : les trompettistes Clifford Brown (1930-1956), Lee Morgan (1938-1972), le saxophoniste Johnny Griffin (né en 1928), les pianistes Wynton Kelly (1931-1971), Red Garland (1923-1984) etTommyFlanagan (1930-2001), l'organiste Jimmy Smith (né en 1925), leguitariste Wes Montgomery (1928- 1968), les batteurs Roy Haynes (né en 1926)et Philly Jo Jones (1923-1985). LEIAZZ DEPUIS LES ANNÉES i960 Lefree iazz • Le jazz modaldébute avec lesrecherchesde Miles DavisetJohn Coltrane (1926-1967) à la fin des années 1950. Ilenglobe toutes les formes harmoniques et mélodiques dans lesquelleson utilised'autres paramètres que les gammes majeureset mineures. •Dans uncontexte américain troublé par la guerre du Viêt Nam et la montée dumécontentement des Noirs, le jazz devient le théâtre d'une lutte idéologiquedans les années 1960. •Certains musiciens afro-américains organisent des structures pour développer le nouveau concept de jazz (le « New Thing »), comme The Art Ensemble ofChicago. En1960, l'album « Free Jazz » âOmette Coleman (né en 1930)devient une sorte demanifestedans lacontinuité dumouvement déjà engagé par Mingus etColtrane. • Lefree jazzest autant un état d'esprit qu'un style musical : il n'y a plus de limitation dans le temps, plus dethème nid'harmonie tonale. • À la suite de ces illustres aînés, les saxophonistes Albert Ayler (1936-1970), Don Cherry (né en 1936) etEric Dolphy (1928-1964), lepianiste Cecil Taylor (né en 1933)et les jeunes saxophonistes PharoahSanders (néen 1940)et ArchieShepp (né en 1937) représententce jazz d'avant-garde. LeJAZZ «FUSION II The Art Ensemble i H; • Le tiers mondisme ambiant des années 1960-1980, ainsi que le développement des musiques pop et rock introduisent des influences musicales nouvelles dans unautre style musical appelé « fusion ». Lesaxophoniste Gato Barbieri (né en 1934), et le guitariste John McLaughlin (né en 1942), venudu jazz- rock, illustrentce mouvement, dont lesmeilleurs représentantsrestent le Miles Davis de la dernière période et le groupeWeather Report dusaxophoniste Wayne Shorter (né en 1933)et du pianiste Joe Zawinul (né en 1932). Leretour àlatradition • Au début des années1980-1990,des musiciens déjà accomplis éprouvent le besoin de revenir à une musique plus enracinée dans la grande tradition dujazz, notamment Herbie Hancock (né en 1940) et KeithJarret (né en1945),puis, au début des années 1990, le trompettiste Wynton Marsalis (né en 1961) et le saxophoniste Joshua Redman (né en 1969).. »