LE DÉCOR DE LA MOSQUÉE DE DAMAS
Publié le 14/09/2014
Extrait du document
«
Le jeu des marbres
l'élément dominant du décor de la mosquée,
com posée d'une g rand e cour à portiques pré
cédant une longue salle de prière, était formé
par ses célèbres mosaïques.
Des panneaux de
marbre et des fenêtres à claustra, c'est-à-dire
faites d'une paroi ajourée, complétaien t
11 ornementation.
Des panneaux de marbre revêtaient la base des
murs.
Ils étaient constitués d'un assemblage de
petits morceaux de pierr e très finement ouvra
gés e t combinés de multiples façons.
Hélas , il
n'en reste aujourd'hui qu'un petit fragment res
tauré.
C'est un géographe arabe, al-Muqaddasi ,
qui nous donne une idée de la splendeur de ces
panneaux : «Ma is la chose la plus merveilleuse
de toute la mosquée est la composition de
marbre marquetée , où chaque pièce prend
place à côté de sa voisine .>
Aux panneau x de marbre corres ponda ient les
fenê tre s à claustra en marbre.
Elles ne lais
saient entrer dans la salle de prière qu'une
lumière extrêmement douce.
Quelques -unes
de ces fenêtres demeurent.
Dans leur cadre
rectangulaire se découpe un arc en demi
cercle (plein cintre) qui repose sur deux élé
gantes colonnettes torsadées.
À l' intérieur de
la baie ainsi dessinée son t percées des figures géomét riques compliquées, à base de
courbes , de polygones ...
D'une fenêtre à
l'autre,
les motifs se renouvellent.
Tous ces
thèmes son t promis à un grand avenir: ils for
meront par la suite, avec les motifs végétaux,
la partie essentielle du répertoire décoratif de
l'art musulman.
F enêtre à claustra de la mosquée d e Dama s.
Le chatoiement des mosaïques
Dès cette ép o que, en effet , la figure est exclue
de l' art musulman dans les bâtiments sacrés.
Pour réaliser les mosaïques de la mosquée de
Damas , le calife al-Walid a vra i semblab le
ment fait appel aux célèbres mosaïstes de
l '
Empire byzantin.
Ceux-ci ont travaillé avec
le talent et la science que procurent des siècles
de tradition d'art mosaïque dans les régions
chrétie nnes, ma is ils ont obé i aux indi cations
de leurs commanditaires musulmans et ont
banni
du décor les formes humaines et ani
males .
Aux motifs végé taux qui existaient déjà dans
l'art musu lman (ainsi dans les mosaïques de
la mosquée du Dôme du Rocher, édifiée
en 691 ), ils ont ajouté des représentations ori
ginales d 'archit ectures intégrées à un paysage.
S u r le port i que ouest de la cour, une composi
tion longue de plus de 30 mètres montre des
édifices disposés au milieu d'arbres le long
d'un cours d'eau, dans lequel
se jette nt de
petites rivi ères.
Parmi ces bâtime nts figu re nt
de splendides palais à étages, des demeures
plus modestes groupées en villes ou en vil
lages, des églises, même , figurées sans la croix
et entourées de petites maisons, des places
encadrées de portiques , un hippodrome , un
grand portail...
Le style des architectures
révèle que
les artistes ont été formés en
Occident et d ans un monde sensible aux tra
ditions classiques : certaines cons tru ctions et
l'eau représentée
au premier plan rappellent ,
par exemple, les peintures
de Pompéi.
L'influence orienta le, bie n moins importante,
apparaît notammen t
dans la rep résen tation
des dômes.
Un essai
d'iconographie
religieuse
Ce décor de mosaïques a un rôle ornemental ,
mais aussi une fonction symbolique.
Certains
ont interpré té les représentations d 'architec
tu r es et de paysages comme une image du
paradis .
D 'autres considèrent qu'il s' agit de
l'évocation du monde sur lequel s'étendait
le pouvoir de la dynastie des Omeyyades
(660-750 ) .
Quoi qu'il en soit , une chose est
sûre : toutes les const ructions représentées
sont
imaginaire s; les artistes n'ont nullement
cherché à reproduire des villes existant de leur
temps , comme les histo r iens l' o nt supposé un
moment.
Que l qu'ait été son sens , cet essai d'art figuratif
religieux n 'a pas eu de suite.
Il n 'a été repris
dans aucune autre mosquée et les m u sulmans
ont perdu t rès rapidement sa sig nification .
Vra isem blabl ement par ce qu'il appartien t à une
époque de transition, ce décor se place dans
une période au cours de laquelle l' art i slamique
cherche à forger ses pro pres thèmes et tec h
nique s tout en se dégageant progress ivement
des influences occidenta les, hellénis tiqu es et
byzantines, et des traditions orientales.
Peut
ê tr e cet essai iconogra phique était-i l trop
proche de
la démarche chré tienn e pour
s'implan te r en milieu islamique.
-> Voir aussi : p.
54-55 (Les m osaïques de Ravenne ).
L'islam
et la représentation
des êtres vivants
Contrairement à ce qui a souvent
été affirmé , l' art islamique n'a pa s
banni la représentation des êtres vivants , hommes et animaux .
C'est un iquem ent dans le déco r des édi fices et des ouvrages religieux que
l es formes humaines et animales ne
figu rent pas.
En r eva nc he , elles abondent dans l'art profane.
Pas d 'interdiction formelle.
L'abse nce d'hommes ou d'animaux dans l'art religieux ne relève pas
d 'une interdicti on exprim ée par le Coran , car le Livre sacré es t mu et
su r cette question .
En revanche , le Coran met en garde contre le culte des image s, ou idol âtrie : de là découle l'impo ssibilit é d'illu strer les do ctrine s relig ie use s de man ière visuelle et de mettre en scè ne des personnage s.
Il exis te de rare s
exceptions à cette règle très généra lement res pectée , c omme les faïence s ornée s d' oiseaux , d'élé
phants ...
qui font partie du décor des
parois de mosquées en Iran.
Voilà
pourquoi les mo tifs géométrique s et
végétaux et la calligraphie forment
l'essentiel du décor de l'art religieux .
Un dom aine de prédilection ,
l 'art profan e.
En revanche , les êtres vivants sont repré se ntés très tôt dan s l'art prof ane .
On les trou ve
dan s les pe intures qui déco rent les
palais des Omeyyades (660-750) et
d es Abbas sides (750 -1258) , les
pre mières grandes dynasties de l'islam .
Ils figurent aussi s ur les miniatures
illustrant les épopées , les recueil s de
fab les et les livre s d'histoire , etc
., sur
les objet s usue
ls en bron ze ou en
a utre s m étaux , les céramiques , le s
b o is sc ulpt és, les tap
is ....
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