Le Boléro de Maurice Ravel

« Ses premières oeuvres sont dans leur quasi-totalité écrites pour son instrument de prédilection, le piano : LaHabanera (1895 — pour deux pianos), Pavane pour une infante defunte (1899), Jeux d'eau (1901), Shéhérazade(1904).A partir de 1906, avec sa transcription musicale des Histoires naturelles de Jules Renard, c'est le Ravel harmoniste,passionné d'instrumentation, qui se révèle.

Ce Ravel-là nous lègue de superbes pages comme Gaspard de la nuit(1908), La Rhapsodie espagnole (1908 — une de ses rares pages symphoniques), Ma Mère l'oye (1908) suite àquatre mains évoquant la poésie de l'enfance et qui devint un ballet, Daphnis et Chloé (1911) qui scelle sacollaboration avec Diaghilev et enfin ce Trio (1914) qui reste incontestablement une des plus grandes oeuvresfrançaises de musique de chambre.Après la guerre, Ravel développe son talent d'orchestrateur : Le Tombeau de Couperin (1917), La Valse (1919),L'Enfant et les Sortilèges (1923), Trois Chansons madécasses (1925), Boléro (1928) et ses deux dernières oeuvres(1931), un concerto pour main gauche et un concerto en sol. L'auteurMaurice Ravel naît en 1875 à Ciboure, charmante localité balnéaire des Basses-Pyrénées, proche de Biarritz et deBayonne.

De sa mère, Basque d'origine, Ravel héritera la finesse et la sensibilité.

Son père, un Savoyard, luiinculquera dès son plus jeune âge un sens aigu de la discipline et de la logique.Quand la famille Ravel s'installe à Paris, le jeune Maurice suit sans grand brio des études de piano au Conservatoire.Mais son séjour dans ce cadre formaliste et rigoureux survient à point nommé pour régenter son esprit sensible etfragile, et étayer son inspiration d'assises solides, presque mathématiques.Tout le cheminement créatif de Ravel tend vers un dépouillement de l'écriture.

Sans devenir aride ni rigoriste, elle setrouve une sensibilité propre, virginale, qui n'a pas à s'embarrasser des élans du coeur chers aux musiciensromantiques.

Si Ravel voue une grande admiration à Liszt et à Chopin, c'est bien plus" pour leur utilisation originaledu piano, instrument qu'il vénère, que pour leur pathétisme exacerbé.Sa passion non dissimulée pour l'Ecole russe en général et pour deux membres du Groupe des Cinq en particulier,Alexandre Borodine et Modeste Moussorgski, le portera tout naturellement à s'intéresser à l'orchestration.

En 1922, ilécrit celle des Tableaux d'une exposition de Moussorgski.

De la même manière, il collabore avec Serge de Diaghilev,directeur éclairé des fameux Ballets russes.Musicien intègre, orchestrateur et harmoniste talentueux, Ravel suit une trajectoire limpide, parsemée de chefs-d'oeuvre e de coups de génie.

La seule anicroche dans cette carrière exemplaire reste bien cet épisode saugrenupar lequel, en 1904, Ravel se vit refuser le premier prix de Rome.

Mais, devant le tollé de protestations auquel pritpart Paul Dukas, victime peu avant lui de la même injustice, il fut réhabilité pour calmer les esprits.Victime d'un accident de voiture en 1932, Ravel dut interrompre brutalement sa carrière de compositeur.

Il s'éteignitsans pavane à Paris, en 1937, son visage retrouvant cette même expression de détermination et de volonté quin'avait pas échappé au sculpteur Leyritz, au peintre Manguin ou encore à Lipnitzki, dans une série de superbesphotographies.. »