L'art paléolithique et néolithique
Publié le 16/11/2018
Extrait du document
La datation
• De petites statuettes et objets utilitaires gravés ont souvent été excavés dans les grottes ornées de décorations pariétales. Ce sont principalement ces œuvres mobilières, trouvées en couches, qui ont permis leur datation.
• D'autres méthodes de datation sont également employées, soit à partir des données stratigraphiques (figurations en partie enfouies sous les dépôts archéologiques), soit à partir de l’étude des superpositions d'âges divers et de techniques différentes. On dispose de diverses techniques, dont celle du carbone 14, qui permettent de mesurer le degré de radioactivité du carbone contenu dans les restes organiques.
A L'ORIGINE DE LA PEINTURE ET DE LA SCULPTURE
Témoin du développement de la pensée symbolique chez l'homme, l’art prend naissance dans les régions eurasiatiques au paléolithique supérieur, entre -35000 et -10000, au cours de la dernière période glaciaire où le froid sec pousse notre ancêtre direct, Homo sapiens sapiens, à se réfugier dans les grottes ou les abris sous roche.
Au fond des cavernes ou sous la tente est ainsi inventé le premier art pariétal - sur des parois rocheuses, dans des grottes -et ses animaux stylisés peints à l'ocre, au manganèse et au charbon de bois. La ronde-bosse apparaît 10 000 ans plus tard, inspirée le plus souvent par la figuration du corps féminin et quelquefois par la faune. À ce nomade chasseur et cueilleur du paléolithique, les paléontologues ont tendance à ne pas accorder de création artistique purement décorative. Ils font remonter cette création au néolithique (-10000) et à l'invention de la céramique avec son ornementation faite d'estampages cordés, rubanés, cardiaux (obtenus à l’aide de coquillages).
L'ART PALÉOLITHIQUE
• Remontant à plus de deux millions d'années, le paléolithique se subdivise en paléolithique inférieur (jusqu'à la fin de la glaciation de Riss, vers -150000), paléolithique moyen (jusqu'au milieu de la glaciation de Würm, vers -40000) et paléolithique supérieur, qui s'achève vers -9000.
• Chacune de ces périodes voit se développer des cultures ou des civilisations, que l'on désigne souvent par le nom du site qui a permis de les identifier : abbevillien, acheuléen, moustérien, aurignacien, magdalénien, etc. Très uniformes au paléolithique moyen, elles se distinguent beaucoup au cours des périodes ultérieures.
• Bien que quelques trouvailles archéologiques soient interprétées comme les prémices d'un art paléolithique mobilier (quelques dents percées en Allemagne, un pendentif à Tata en Hongrie, des poignards gravés en France, etc.), on ne décèle aucune réelle évidence de production d'art avant le paléolithique supérieur.
• L'art apparaît en Europe à l'aurignacien et se développe ensuite au gravettien puis au magdalénien, à une époque où la France actuelle est parcourue par de grands troupeaux de bœufs, bisons, rennes, chevaux sauvages.
• Ces formes artistiques, les premières en Occident, apparaissent sous deux formes : pariétale (paroi des grottes) et mobilière (objet transportable). L'art pariétal est très présent dans tout le sud-ouest de la France et dans le nord de l'Espagne. L'aire de répartition de l'art mobilier correspond à celle des populations du gravettien (sud-ouest de la France, Europe centrale, Allemagne, sud de la Russie et Ukraine) puis à celles du magdalénien (du sud-ouest de la France jusqu'en Rhénanie).
• L'art paléolithique décline avec les débuts du mésolithique, marqué par un progressif réchauffement du climat (-10000 à -8000) : modification de la végétation (développement du bouleau et des feuillus, du pin) et de la faune. Certaines espèces disparaissent (mammouths, rhinocéros laineux). D'autres, comme le renne, remontent vers le nord.
L'ART MOBILIER
• Dans sa forme primitive, l'art mobilier désigne des objets gravés, sculptés, percés en pierre, os, bois de cervidé, ivoire, coquillage, ambre... Il se développe aussi bien sur des supports non utilitaires (tels des plaquettes de roche ou des os) que sur des supports utilitaires (harpons, propulseurs, lampes...).
Les statuettes
• Réalisées en recourant à la technique de la ronde-bosse, ces statuettes apparaissent dès l'aurignacien. Dans un premier temps, il s'agit essentiellement de représentations animales ou zoomorphes, les représentations anthropomorphes restant rares. Le bestiaire est alors souvent composé de la grande faune contemporaine : mammouth et cheval.
• Au gravettien, la situation change radicalement. Une production standardisée de statuettes féminines stéréotypées voit le jour : les fameuses Vénus
«
les
représentations datent de -32000-
·30000; elles sont très évoluées et
polychromes.
On y voit des félins, des
rhinocéros, des chevaux et des ours ...
C'est une énigme car elle remet
radicalement en cause la théorie
d'une progression artistique.
Grotte de Tursac (Dordogne)
Animaux avec traces de blessures.
Grot te de Lascaux (Dordogne)
Découverte par hasard en septembre
1940 par des adolescents et étudiée
par l'abbé Breuil (1877-1961 ), la grotte
est dotée d'une grande salle en
rotonde, entourée de plusieurs
diverticules axiaux.
Grotte de Pech-Merle (lot) Chevaux
superposés.
Utilisation judicieuse
des irrégularités de la roche.
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Crot te de Niaux (Ariège)
Art se situant entre -12000 et -11000
(magdalénien).
les peintures montrent
une réelle évolution car trois mélanges
de matières ont été utilisés pour
la fabrication des peintures.
Elle
exprime l'apogée de l'art pariétal.
• les panneaux, entièrement couverts
de signes (lignes de points, flèches,
triangles, préfigurations de l'écriture?),
présentent aussi des traces de mains
obtenues par projection de poudres
colorées � l'aide d'une pipette.
La grotte
Cosquer,
découverte
en 1991
près de la
calanque
de Sormiou,
est accessible
par un long
tunnel.
Unique au monde, cette grotte sous
marine abrite des dizaines d'œuvres
peintes et gravées entre -27000
et -19000.
lA SIGNIFICATION DE L'ART PAUOLITHIQUE
• la signification de l'art rupestre a
donné lieu � plusieurs interprétations,
dont aucune n'est pleinement
satisfaisante.
• l'art pour l'art, théorie du XIX' siècle,
n'est plus d'actualité.
La théorie connue
sous le nom de « magie de la chasse »
semble, elle aussi, dépassée.
En effet,
les animaux chassés ne sont jamais ses
formes
associées ont été avancés par les
paléontologues Jean Clottes (né en
1933 ) et David lewis-Williams comme
explication de l'art paléolithique.
• Dans les années 1950, deux savants
français, Annette laming-Empaire et
André leroi-Gourhan, avancent l'idée
que les grottes auraient été décorées
de façon systématique et non au
hasard.
Ainsi, après avoir étudié une
soixantaine de grottes, ils déterminent
plusieurs phases en fonction
des techniques de dessin employées et
de façon chronologique.
les dernières
découvertes des années 1990,
notamment celle de la grotte Chauvet,
ont sérieusement mis � mal ces
théories : datés de-30000, les animaux
de Chauvet paraissent aussi accomplis
que ceux de lascaux, grotte plus
récente de 13 000 ans.
• Aujourd'hui, les préhistoriens ont
renoncé � trouver une théorie unique
expliquant l'art pariétal du paléolithique
dans son ensemble et favorisent la
multiplicité des formes d'interprétation.
D'autant que cet art s'étend sur vingt
cinq millénaires et sur une grande
partie de la surface du monde.
LA RÉVOLUTION NÉOLITHIQUE
• Vers -10000, dans les contrées
propices du Proche-Orient, un
renversement radical dans l'existence
des hommes se produit.
Brusquement,
en quelques centaines d'années, ceux-ci
abandonnent leur ancienne condition
de prédateur pour adopter celle de
producteur.
Ils apprennent �
domestiquer les plantes et les animaux,
� semer et� récolter.
• Agriculture, sédentarisation et
céramique.
l'équation de la révolution
néolithique peut se résumer en ces trois
termes.
N'ayant plus besoin de
se déplacer pour rechercher
leur nourriture et tenus par la nécessité
de surveiller les récoltes, les hommes
se sédentarisent.
le stockage
impliquant des installations immobiles,
les agriculteurs du néolithique inventent
l'architecture et la céramique.
LA DIFFUSION DE LA CULTURE NEOLITHIQUE
· Grande étape de l'évolution
de l'humanité, le néolithique s'étend
de -10000 à -2300 selon les lieux
géographiques.
Son origine se situe
dans le Croissant fertile (région qui
s'étend depuis la Turquie du sud-est
jusqu'au nord de l'Irak et le long de la
Méditerranée).
Sa diffusion vers l'ouest
s'est faite par extension géographique
ou par migrations.
• les hommes qui vivent dans ce
Croissant fertile éprouvent le besoin
vers -7000 de migrer vers l'ouest.
Les
scientifiques supposent que les raisons
de ces migrations sont la surpopulation
relative, la recherche d'autres terres
cultivables et, peut-être, d'importants
changements climatiques.
• Ces migrations humaines se font
selon deux courants de diffusion.
l'un
(méditerranéen) suivant les bords céramiques peintes avec motifs
de la Méditerranée aboutit en Provence enrubannés (néolithique récen�
et en languedoc, pour ensuite pénétrer -3000 � -2000 ).
dans l'intérieur par le couloir
rhodanien.
Fabriquant des poteries
dites «cardiales», car ornées à l'aide
d'un coquillage, le cardium, c'est
une communauté de pasteurs (élevage
de moutons) pratiquant l'agriculture
(céréales et légumineuses) que l'on suit
dans son cheminement.
• l'autre (danubien ou rubané), après
une large pérégrination à travers
l'Europe centrale, aborde la France
par l'est et le nord-est.
Producteurs
de belles poteries au décor rubané,
leur économie stéréotypée fait une
large place aux bovidés.
• En Europe occidentale, et
plus particulièrement en France,
le néolithique se situe entre -6000
et -2300.
LA POTERIE
• la poterie est la toute première
expression de l'art néolithique.
les archéologues ont mis au jour
des céramiques dans toutes les régions
colonisées par les populations
néolithiques, du Croissant fertile
jusqu'en Europe et dans les iles
Britanniques en passant par l'Afrique
du Nord et la mer Méditerranée.
•Il s'agit en
général de
et autres formes géométriques), incisé
sur la surface encore molle avant
cuisson.
Selon les périodes et les
régions, d'autres procédés décoratifs
ont été expérimentés : impression
au cardium, au poinçon, au peigne,
�la cordelette ou à l'ongle.
• La très grande variété des formes
et des décors de ces poteries ainsi que
la qualité et la provenance des argiles
utilisées permettent d'en déterminer
l'origine culturelle.
La céramique
devient ainsi un marqueur identitaire
privilégié des groupes néolithiques,
chaque culture, chaque village
se distinguant par l'adoption de
décorations différentes.
Notons
toutefois que la grande circulation
des céramiques a sans doute permis
une homogénéité stylistique.
• Les principaux exemples de poteries :
Site de Dimini (Grèce) poteries avec
dessin cardial (néolithique ancien,
-6000 � -4500 ).
Village de Noyen-sur-Seine (Seine-et
Marne) : céramiques très peu décorées
et de forme hémisphérique (néolithique
moyen, -4500 à -3500 ).
Culture de Cerny (Essonne) : vases
décorés de dessins sinusoïdaux
(néolithique moyen, -4500 � -3500 ).
Site de Cucuteni (Roumanie) STATUETTES
DE LA DEESSE MERE
• le culte de la déesse Mère,
un principe de fécondité associé
à celui du taureau, se répand à partir
du néolithique, à la suite de la
découverte et de la diffusion de
l'agriculture.
Des statuettes féminines
ont été découvertes dans tous les sites
néolithiques de la Méditerranée, du
Proche-Orien� de l'Iran et de l'Inde.
· Ces figurines composent l'essentiel
de la thématique du plus ancien
néolithique européen.
Elles sont en
général nues, aux formes arrondies avec
les seins marqués e� plus encore, les
fesses.
Elles sont représentées debout
ou assises sur le sol ou sur des sièges,
les jambes ouvertes ou pressant leurs
seins, indiquant ainsi leurs pouvoirs
nourriciers.
Parfois, elles tiennent
un enfant dans les bras ou sont mises
en rapport avec le monde animal,
flanquées de fauves (lions, panthères ...
)
ou entourées de serpents et d'oiseaux.
·Réalisées
en terre
cuite, les
statuettes
sont très
finement
modelées
avec un
souci réel
du détail.
Sculpté
dans le marbre, matériau plus délicat,
leur corps est schématisé, réduit
� l'essentiel.
• Avec le néolithique moyen
se dessinent une tendance � la
schématisation et une diversification
typologique et régionale croissante.
Dans les Balkans, par exemple,
des styles nouveaux d'une grande
modernité plastique voient le jour.
les figurines ne sont plus alors
exclusivement féminines.
la statuette
de la déesse Mère avec ses attributs
cesse d'être le modèle dominant.
• Parmi les figurines les plus célèbres :
Nécropole
(Roumanie)
Idole en terre
cuite (néolithique
ancien, -6000 �
-4500 en Europe)
Culture de
Karanovo
(Bulgarie)
Personnage
féminin assis en terre cuite (néolithique
ancien, -6000 � -4500 en Europe)
LES CONSTRUCTIONS MEGALITHIQUES
• Fixées sur un espace géographique,
les communautés néolithiques
vont commencer � façonner
leur environnement et se lancer
dans la construction mégalithique.
•
Comme son nom l'indique, il s'agit de
l'édification
d'impres sionnants
monuments faits de
pierres brutes
volumi neuses
qui
comprennent les menhirs (de longues
pierres dressées) de Bretagne, des rangs
concentriques de mégalithes en
Angleterre et les dolmens et allées
couvertes, associés � des tumuli
de terre ou de pierres sèches.
• Cairns, grands menhirs, les premières
constructions ont souvent un caractère
gigantesque.
Plus tard, l'architecture
se diversifie.
les champs de menhirs se
dressent sur tout le Massif armoricain,
organisés en groupes aux quantités
variables allant de quelques dizaines
de blocs à plusieurs milliers de
monolithes dressés.
• Pour ces constructions qui
se sont étalées dans le temps,
les dispositons varient de la ligne
au groupe non organisé.
Parfois
une distribution subcirculaire, ovalaire
ou quadrangulaire se remarque
dans le paysage, confirmée le plus
souvent par des vues aériennes.
• Des études récentes ont montré
que les hommes du néolithique ont
utilisé, de préférence, des blocs
détachés et préformés naturellement
par l'érosion.
Les observations
géologiques on� quant� elles,
démontré que l'orientation des grands
ensembles répond plus � un souci
de ne pas s'éloigner du filon géologique
plutôt qu'à une volonté de s'aligner
selon une règle astrale.
• Parmi les plus fameux exemples
de mégalithes retrouvés en Europe de
l'Ouest, on distingue :
La roche aux Fées (Bretagne) :
plusieurs dolmens alignés formant un
couloir d'accès.
Tumulus et alignement de carnac
(Bretagne) :site de l'Armor Beden
couloir de 29 dalles décoré de motifs
géométriques.
Site de Stonehenge (Angleterre),
érigé entre -3000 et -1000..
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