L'art naïf (Exposé – Art & Littérature – Collège/Lycée)
Publié le 11/05/2016
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Recherche documentaire, Pistes de travail & Axes de recherches pour exposé scolaire (TPE – EPI)
pas sans plaire aux différentes avant-gardes. Les uns voient dans ce phénomène un pied de nez fait à la bourgeoisie, une revanche sociale du petit peuple en voie d'émancipation, et d'applaudir.
Les autres, plus artistes, découvrent dans l'art de Rousseau un dépassement inattendu de la peinture académique, pas si éloigné des leçons de Gauguin et des toiles de ses jeunes amis de Pont-Aven : l’inspiration populaire, la naïveté des scènes bretonnes, la disposition volontairement sans nuances des couleurs dans les tableaux nabis, tout cela fait écho à l'expérience solitaire du douanier Rousseau.
Il y a assurément dans cette rencontre un malentendu : car les jeunes peintres de Pont-Aven et les critiques qui les soutiennent sont obsédés par l'histoire de l'art : à la suite de Baudelaire, ils sont en quête d'une modernité toujours à venir et cherchent les moyens de faire avancer l'histoire de la peinture. Ils sont une avant-garde. Rousseau, au contraire, se soucie fort peu de l'histoire de l’art, qu'il ignore du reste à peu près complètement. Il n'a aucune idée de ce qu'est la modernité, n'a pas lu Baudelaire et cherche très simplement à faire de la peinture le mieux possible. Lui offrirait-on les moyens d'entrer aux Beaux-Arts qu’il
«
De nouveaux artistes apparaissent, de la même génération, comme Dominique-Paul Peyronnet , ou plus jeunes , tels Jules Lefranc , René Rimbert et Jean Ève.
Cette insistance sur le réalisme , sur le côté pop ulaire, cette promotion au rang de cc maîtres » porte nt la trace d 'une époque marquée par le communisme et par certains mouvements littéraires comme le populisme de Barbu sse.
L'heure est au Front populaire : la culture et l'art populaires acquièrent droit de cité; pou r certains critique s et intellectuels , les artiste s issus du peuple verraient plus juste que les autres .
Ils posséderaient en somme une légitimité indiscutable, bien supérieure à celle d'un milieu de l'art compromis avec le capitalisme.
C'est sur la même base que se développera après -guerre un mouvement international de l'art naïf, notamment en Europe centrale et en Yougoslavie.
Il faut notamment citer l'cc école de Hlebine » , qui rassemble des cc peintres-paysans >> croates : Marko Virius , Franjo Mraz et Ivan Generali{.
puisant leur inspiratio n aux sources de la tradition nationale .
La promotion du folklo re par les régimes communistes n 'est bien sûr pas étrangère à cette forte valorisation de l'art naïf après la guerre ; cependant , elle est aussi le fait de critiques part iculièrement sensibles à -~ l '•«>ert anticulturel
ces années-là , est de ceux qui découvrent des artistes tel Jose ph Crépin ou des peintres étrangers : Hector Hyppo lite (Ha'rli ) et Miguel -Garcia Vivancos (Espagne) lui doive nt assurément une grande partie de leu r notoriété .
En Amérique latine et aux Antilles, notamment à H11ili , la pein ture naïve
assure le lien avec la nat u re et les coutumes ancestrales : elle ne bénéficie pas là-bas d'un effet de mode , mais rencontre un public popu laire sensible à sa dimension religieuse .
Il existe e nfin une école 11méric11ine
( Peoceab le Kingdom, d 'Edward Hicks), s'inspi r a n t d es artisans an on ym es des XVJII' et X IX' siècles et reprenant leurs sujets favoris : la vie à la ferme , les an imau x et les natures mortes , les port raits de familiers .
LES PRINCIPAUX PEINTRES
• Le précu rseur
HENR I ROUS SEAU (1844 -1910 ) Clarinettiste , puis fonctionnaire à l'Octroi , il commence à peindre en autodidacte vers 1880 .
Il se risque en 1886 à envoyer u n e toile au Salon des Indépendants, suscitant l'hilarité des critiques.
Il ne se décourage pas, prend sa retraite dès 1889 et se met à donner des cours de violon, de poésie et de peinture aux petites gens de son quartier .
Armé d 'un mètre de couturière , il brosse aussi leur portrait.
Il donne dans ces années des paysages (Vue du parc Montsouris, 1895 ) et des portraits (Lo Bohémienne endormie, 1897 ).
L'amitié d 'A lf r ed J arry, dont il fait le portra it en 1895 , lui est p récieuse.
Au tournant 1900, il sort de l'anony mat grâce à une série de fHiysllges e xotiques : le dessin
méticuleux , d 'une facture un peu maladroite cependant, est très net; les couleurs vives et lumineuses , l'aspect figé des corps et des visage s donnent à son style une puissance étonnante .
Il donne a lors quelques toiles classiques , notamment des scènes de
la vie popula ire comme Une noce ,; 111 CllmfHigne (1905) .
Ses dernières années sont marq uées par l'estime et l'amitié d 'A p ollinaire- représenté avec Marie Laurencin en 1909 (La Muse inspira n t le poète) -.
de Picasso et des Dela unay, Robert et Son ia .
•
Les peintres du Cœur -Sacr é
LOUIS VIVIN (1861-1936) N omm é inspecte ur d es Postes en 1881, il consacre tous ses dimanches, pendant des années, à représe nter les paysages qu'il sillonne dans ses tournées .
li lui fau t attendre la soixantai ne pour être découvert par Uhde.
La retrai te venue, comme le douanier Rousseau , il se consacre entièr e m ent à la peinture.
O n lui doit de nombre ux paysages de Paris et de la banlieue : pierre par pierre, rues et maiso ns son t reproduites avec minu tie, dans u ne ignorance totale
ART NAÏ F ET ART BRUT
Séraphin e de S enlis et Jose ph A eury sont consid ér és comm e des artistes n aïfs, mais on p ourrait tout a ussi bien
v o ir en eu x des re présentan ts d e l'art brut.
De quo i s'agi t-il? La formule date d e la fin des années 1940, e t o n la doit à lelin D ubuffrt , qui, avec l 'aid e
d '
And ré Breton, entreprend d e valor is e r les œ uvres d'art réalisées p ar
d es f ous.
L'artiste la plus cé lè bre ser a Aloï s e , une ps ychotique dont les figures à la lim~e d e l'a b straction
f ascineront longt emps les a m a teurs .
Comme la p einture naïve, l'art brut semble co rr espon dre au goût d 'une
é poque .
S a reconn aissance peut se comprendr e dans la lignée de la lecture psychanal ytique de l'œuvr e d'art et des trava ux men és par Jacques Lacan d a ns le s années 19 3 0 sur les psychoses.
Reco nnaî tre la créativi té des cc autr e s », l es fous et les dé classés, c 'est valoriser le s alternative s à la mor ale, à l'esth é tique, à la psyché d e la société bour geo ise.
des lois de la perspective .
Sa notoriété tardive fera évoluer son art: se souciant davantage de son époque , il donne à ses derni ères toiles une tonalité p lus abstraite et des couleurs moins vive s.
S~RAPHINE LOUIS , DITE DE SENLIS (1864-1942) Après avoir été bergère , Séraphine devient femme de ménage à Senlis , où son employeur n'est autre que le critique Wilhelm Uhde , qui découvre sa peinture et l'encourage à persévérer .
S'inspirant e ssentiellement des vitraux de la cathédrale, elle travaille devant une image de la Vierge , à la lum ière d 'une bougie .
Ce penchant m ystique s'accentue avec les années , jusqu 'à ce qu'elle perde définitivement la raison en 1 930.
O n ne sait s'il faut la classer dans les artistes naïfs ou parmi les représentants de l'art brut.
la frontière étan t q u elquefois mal définie.
Ses tableaux ne représentent presque aucu n personnage , mais un monde végétal grouillant, tout en arabesq ues, avec des fruits dotés de cils et des motifs relig ieux, telle Buisson arde nt.
ANOR~ BAUCHANT (1873-1958) Ce jardinier commence à peindre pendan t la Grande Gue rre mais n 'envoie ses premières toiles au Salo n d 'A u tomne que la cinquan taine passée.
Rem ar qué par Le Corbusier , Lipchi tz et Jean Lurçat il est invité par la galerist e Jeanne Bûcher, qui le prése nte à W ilhelm Uhde .
1927 est sa grande année : outre l'exposi tion des Peintres du Cœur-Sacré , Serge de Diaghi lev lu i commande les déco rs pour u n ballet de Stravinsky , Apollon M usa gète .
Marq ué par une certai n e méga lomanie , André Bauchant donne alo rs de vastes compositions sur des sujets b ibliq ues, histori ques ou myt hologiques, comme Périclès
l'emp loi des denie rs d u peuple ou Louis Xl faisant planter des mûriers près de Tours .
Ses couleurs claires et ses détails min utieux seront toutefois plus convaincants dans les paysages auxquels il consacre ses dernières années (L e V e rger , 1956) .
CAMILLE BOMBOIS (1883-1970) Il a fait tous les métiers : valet de ferme, batelier, terrassier, lutteur de foire ...
et tire de cette expérie nce un coup d'œil et une grande sensibilité à la poés ie des scènes de rue (P11ris , S11cré-Cœu r.
1932 ).
Néanmoins , ce sont les scène s de la vie de campagne qui feront son succ è s.
Comme chez les autres na'1ls de sa générat ion, le goût du détail et des couleurs vives s 'accompagne d'un dessin extrêmement précis, révélant un goût de la cc belle ouvrage» qui contraste avec l'ignorance de la perspective .
• Les maîtres popula ires de la réalité
DOMI NI QUE-P A UL PEYRONNET (1872-1943 ) Cet artisan typographe n'a donné qu'une trentaine de toiles , pou r
l ' essentiel des p aysages :forêts et marines .
Couleurs vives, feuilles peintes une à une donnent un étonnant relief à ses toiles , qui ne sont pas sans évoq uer les tableaux exotiques du douanier Rousseau .
IULES LEFRANC (1887-1972 ) Quincaillie r de son état, Lefra n c est comme tous les nails marqué par les objets de son existe nce q uotidien ne.
Outi ls et machines , qu'il représente à l'aide de règles et de compas, composent de vérita bles natures mortes, l a rigueur du dessin contrastant avec la liberté dan s l'em pl oi des couleurs .
REN~ RIMBERT (189 6-1891) Remarqué par Max Jacob dans les années 1930, Rimbert passe toute sa vie dans l'administ r a tion des Postes et Télégrap hes.
Sa retraite , en 1960 ,Iui permettra de se consacrer entièrement à la peinture , comme d 'autres artistes naïfs avan t lui.
Marq ué par les maîtres hollandais et notam m ent Vermeer de D elft , il se consacre à des scènes urbaines .
Son monde de prédilection,
ce sont les petites rues des quartiers Saint -Germain et Saint -Sulpice , leurs passa nts tranquilles et leur lumière ténue.
lEAN È V E (1900 -1968) Dessinateur métreur de formation, il passe toute sa carrière dans les chemi n s de fer: à l 'instar d'u n Louis Vivin , ses sujets préférés sont les paysages franciliens que lui fait découvr ir son métier.
C'est son goût pour les prim itifs flamands et les tableaux de Courbet qui lui donne envie de peindre, et sur le motif .
Il restitue avec préci sion le cycle des saisons , donnant une grande importance au dessin , et trouve sa véritable voie dans la fraîcheur avec laquelle il utilise les couleurs.
• Les peintres d 'Andr é Breton
JoSEPH CR~P IN (1875 -1948) Rebouteux de village , Crépin découvre à soixan te -trois ans la peinture , qu'i l pratiquera dès lors avec une ferveur religieuse , imaginant q ue de son œ uvre dépend u n e partie de l'histoire du monde ..
.
Un peu dérangé , Joseph Crépin a souvent été comparé au facte ur Cheval.
Ses toiles généralement sans titre représentent des scènes religieuses , des temples , des épip ha n i es rendues dans des couleu rs étonna ntes (dominée s par le vert), don t le graphisme précis doit beaucou p aux petits carreaux des cahiers dans lesquel s Crépin élabore ses esquisses.
Pour l'anecdote , son principal client fut le galeriste et marchand de couleurs Lefranc , qui lui échangeait ses toiles contre des tubes de peinture à l 'huile .
HECTOR HYPPOLITE (1894-1948 ) C'es t en Haïti , où il passe quelques mois lors de son exil américa in penda n t la guerre , qu'André Breton découvre cet artiste obsédé par le monde des divinités vaudoues (Marinéte Pie Che Che, 1947 ; Une déês réprésonté mét gron bras , 1946 ), le premier sans dout e à les avoir représe ntées autrement qu'en empruntant à l'iconographie chrétienne .
Autodidacte , Hyppolite mon tre à l'égard du dessin u n dédain qui tranche avec la précision méticuleuse de la plupart des na'1 ls français.
En revanche , il se montre d'une inventivité prodigie use comme coloriste , et ses scène s mi-réalistes mi oniri ques s'imposent par l'étonna nte prése nce des décors , feuillages tachés de rouille, aux couleu r s soutenues et a ux contours flous .
MIGUEL·CARCIA VIVANCOS (1895- 1972) Il fait tous les métiers avant de devenir colonel de l'armée républicaine espag nole .
E ncouragé par Picasso ,
i l ne commence à peindre qu'à la cinquantaine, après avo ir p assé c inq ans dans les camps de Franco.
Fasc iné par l'arc h itecture, il représente des églises et des bâtiments (Église S a in t Ouen , 1953 ) avec la même précision méticu leuse q ue Louis Vivin, par exempl e.
L'éq uilibre des compos itions , la rare té et l'immobilité des figures , le côté u n peu figé des éléments végé taux donn e à sa pein ture une sérénité remarq uable ..
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