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L'ART ET L'ARTISTE

Publié le 17/06/2012

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Pendant des siècles, l'art a été l'objet d'un enseignement parce qu'il n'y a pas d'art sans lois, sans règles et sans mesures. On comprend bien en effet qu'il faille quelques principes en tète pour sculpter une statue, édifier un palais ou mettre des notes sur une portée. Mais qui dira quelles écoles ont jamais formé un Mozart, Balzac ou un van Gogh ? Là est la difficulté du problème de l'art dés qu'on le pose. Est-il objet d'étude et, par conséquent, peut-il se satisfaire de formules comme le ferait la science, du bien relève-t-il d'autres catégories et faut-il l'aborder par d'autres biais, la psychanalyse, l'économie ou la sociologie ? L'art, comme technique, comme objet d'enseignement, a été remis en cause en 1968 en France par ceux-mèmes qui avaient choisi de l'étudier, sous le prétexte qu'on n'apprend pas à avoir de l'imagination, du talent ou du génie. Qui peut le nier ? Ce sont là des phénomènes de l'esprit qui dépassent la distribution des diplômes. Un Douanier Rousseau, un Eric Satie, un Prévert, pour ne citer que ces noms, volontairement choisis parmi les marginaux, sont tout de mème des amateurs, avec tout ce que le mot a de péjoratif. Ils n'ont pas étudié. Ils sortent du rang, comme on dit d'un militaire qui a fait carrière, à la façon des généraux de Napoléon, à force de coups de sabre. Alors, une nouvelle question se pose : l'art est-il un métier comme un autre, une technique comme une autre ? On a bien essayé de faire de la peinture ou de la poésie avec des ordinateurs ... Si le résultat n'a pas été fameux, il y avait tout de mème un résultat. Qui sait si, à force d'améliorer les programmes, on n'améliorera pas les oeuvres ? Un faussaire, du nom de van Meegeren, a, pendant la Seconde Guerre mondiale, fabriqué des faux Vermeer en quantité. La qualité des oeuvres est incontestable, si évidente qu'on hésite encore aujourd'hui, dans certains cas, à se prononcer sur leur authenticité, car on y retrouve toutes les caractéristiques de l'oeuvre originale de Vermeer, la couleur, la touche, l'inspiration, sans parler de l'ancienneté de la matière employée... Meegeren est mort sans révéler son secret. Le talent de l'homme est évident ; peut -on parler de création artistique dans son cas ? Michel-Ange, dans sa jeunesse, s'est amusé, par goût de la publicité et parce que la mode était aux antiquités, à enterrer une statue qu'il avait faite pour la « découvrir « peu après en déclarant qu'il venait d'exhumer une oeuvre du passé. Le faux est flagrant, mais peut-on prétendre que l'art en ait souffert? L'art, c'est le faux-semblant, l'apparence. L'homme est artiste parce qu'il est menteur, qu'il aime dissimuler la réalité, à ses yeux comme aux yeux des autres, pour la remplacer par une autre représentation du monde plus conforme à ses besoins, à ses goûts, à sa volonté. Dès qu'il a su utiliser sa langue ou sa main, il a fabriqué un univers à sa mesure,· une réalité seconde qu'il a mise en concurrence avec celle de l'expérience quotidienne. Balzac se flattait de faire concurrence à l'état civil, et il avait probablement raison. Beethoven prétendait que, s'il avait su faire la guerre comme il savait faire de la musique, il aurait mis Bonaparte à genoux, et cela n'est pas impossible. Faire de l'art, c'est réaliser l'impossible, oeuvrer à la façon d'un dieu en créant ce qui n'est pas.

« La question n'est plus de savoir ce qui est beau et de définir la Beauté, comme ont tenté de le faire les philo­ sophes et les esthéticiens depuis Platon, mais bien de poser: qu'est-ce que l'art? Le terme, jusqu'à nos jours, était réservé à ce qu'il est convenu d'appeler les « beaux-arts 11, ce qui rejetait aussitôt dans les ténèbres extérieures les productions non-européennes, à quelques exceptions près, les productions populaires et même, ce qui, pour des raisons historiques, n'appartenait pas à l'â­ ge noble de l'art, ainsi la période hellénistique, en Grèce, par rapport à l'époque classique, ainsi Rome par rapport à Athènes, ainsi le maniérisme ou le baroque par rapport à la première Renaissance ...

Un dolmen n'avait rien à voir avec l'art, pas plus qu'une pauvre statue de saint en bois colorié ou un meuble provincial, une image populai­ re, etc.

La liste est considérable de ce qui n'appartenait pas à une idée définie et définitive de la beauté.

Il a fallu pas mal de bouleversements dans notre monde pour que le point de vue pût changer.

Il a changé, au point qu'il est devenu de bon ton de prôner tout ce qui va à l'encontre des admirations anciennes.

Ce snobisme à l'envers est aussi discutable que celui qui consistait à admirer de confiance n'importe quoi.

Le problème du Beau est posé, consciemment, et avec pas mal d'humour souvent, par les artistes de la génération pop, minimaliste, etc.

Chris­ to propose, dans une galerie, une œuvre intitulée Embal­ lage d'un escalier (1972).

Il y a en effet dans cette réali­ sation une question fondamentale et devenue urgente aujourd'hui: qu'est-ce-que l'art? (Galerie Y.

Lambert - Photo J.-L.

Charmet) C'est en ces termes qu'il convient peut-ètre d'aborder un problème trop longtemps étudié en fonction de théories relatives au Beau.

Des siècles durant, on s'est ingénié à chercher ce qu'il 16190 co'lvenait d'appeler la beauté.

L'avantage de notre époque sur le passé, c'est qu'elle ne le sait plus.

A partir de cette ignorance avouée, elle peut enfin inventer de nouvelles esthétiques.

Faut-il multiplier les définitions relatives à l'art? La série en est longue.

Aristote : «L'art apparaît quand d'une foule de notions expérimentales se dégage un unique juge­ ment universel.

» Saint Thomas d'Aquin : «J'appelle beau ce qui plaît à première vue.

» Kant : «L'art est le produit de la liberté, c'est-à­ dire d'un vouloir qui fonde ses actions sur la rai­ son.>> Hégel : «Dans l'art, il faut voir non pas je ne sais quel jouet plaisant ou agréable, mais l'esprit qui se libère des formes et du contenu de la finitude (la présence et la conciliation de l'absolu dans le sensible et l'apparence), un déploiement de la Véri­ té qui ne s'épuise pas comme histoire naturelle mais se révèle dans l'histoire universelle dont il est le plus bel aspect, la meilleure récompense pour le dur travail dans le réel et les efforts pénibles de la connaissance.

» Hégel encore : « L'art crée des apparences et vit d'apparences et si on considère l'apparence comme quelque chose qui ne doit pas ètre, on peut dire que l'art n'a qu'une existence illusoire et ses créations ne sont que des pures illusions.

» Marx : « L'art est la plus haute joie que l'homme se donne à lui-mème.

» Proudhon : « L'œuvre d'art est une représenta­ tion idéalisée de la nature et de nous-mèmes en vue du perfectionnement physique et moral de notre espèce.» Bergson : « L'art vise à imprimer en nous des sentiments plutôt qu'à les exprimer ; il nous les suggère et se passe volontiers de l'imitation de la nature quand il trouve des moyens plus efficaces.» Etienne Souriau :. »

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