L'art de l'INDE
Publié le 26/11/2011
Extrait du document
En dépit d'une complexité liée autant aux conditions géographiques qu'à la diversité de son peuplement et indépendamment de son mortellement politique, passé ou actuel, le subcontinent indien possède une individualité indéniable qui résulte de l'unité de sa culture. Cette unité est, avant tout, un fait de civilisation, l'Inde n'ayant connu qu'en de très rares occasions, ainsi qu'on l'a souvent remarqué, l'unification politique. Puisant ses fondements dans une religion révélée, le védisme, donnant naissance, un demi-millénaire avant l'ère chrétienne, à deux des plus grandes religions de l'humanité, le bouddhisme, le brahmanisme (ou hindouisme), c'est cette CIVIlisatiOn qui devait assurer le ciment de l'Inde traditionnelle. C'est elle qui est l'essence du monde indien, imposée dès la protohistoire, malgré les différences profondes qui distinguent Dravidiens du Sud et lndo-Aryens du Nord, maintenue au mépris de la pénétration et des progrès de l'islam, de la domination moghole et de la mammise britannique.
L'unité indienne. est tout entière d'ordre spirituel aussi est-ce à sa CIVIlisatiOn que l'Inde, sans avoir jamais eu recours aux entreprises coloniales, doit son très large rayonnement, en direction surtout de l'Asie centrale et orientale.
«
l'ère chrétienne, celui-ci reçoit beaucoup de l'Occi
dent, de la Mésopotamie au monde méditerra
néen, les apports, pour évidents qu'ils soient, ne
concernent jamais que l'apparence des choses.
La
nature profonde des œuvres demeure, et demeu
rera toujours, si directement inspirée
par les seuls
textes indiens qu'on a pu dire, avec raison, que
tout ce que recevait l'Inde devenait sur son sol iné
vitablement indien ...
Même des sculptures ou des
peintures qui semblent n'être que de fidèles, et
souvent aimables, tableaux de la vie, sont, en fait,
des œuvres
dont la signification est tout entière, et
uniquement, religieuse.
Aucune œuvre d'art, tem
ple
ou bijou, n'a de fin en soi.
Tout étant lié à un
ordre universel bien défini dès le védisme, l'œuvre d'art ne saurait davantage qu'aucune autre œuvre
humaine être tenue en dehors du système.
Souli
gnons que cette conception de l'œuvre
d'art, tout
en imposant le respect de règles rassemblées dans les traités de caractère plus ou moins encyclopédi
que se réclamant toujours d'une origine divine et
de l'autorité de sages mythiques, tendait à res
treindre la
part de l'invention individuelle.
L'œu
vre est aussi, le plus généralement, anonyme et les noms des donateurs nous sont infiniment mieux
connus que ceux des artistes.
Mais l'histoire de
l'art indien prouve à l'évidence que
ces apparentes
contraintes n'ont, à aucun moment, nui à l'éclo
sion de véritables chefs-d'œuvre.
L'architecture
Mis à part le cas particulier de la Civilisation de
l'Indus que nous évoquerons plus bas, l'Inde ne
possède que peu de témoins d'une architecture très
ancienne.
D'une part, les cultes védiques, floris
sants aux Ile et I"' millénaires avant notre ère,
n'exigeaient que l'édification, en dépit d'un ritua
lisme rigoureux, d'un simple autel du feu en bri
ques.
D'autre part, l'Inde a toujours accordé un
rôle éminent à la construction en bois dont très
peu de vestiges vraiment anciens ont été préservés.
Ainsi, le prestigieux palais dont s'émerveillait le grec Mégasthènes lorsqu'il visita Pàtaliputra vers 302 avant J.-C., ne peut être imaginé qu'au travers
de son récit et des recoupements fournis par divers
textes indiens.
L'on pourrait multiplier les exem
ples et, finalement, jusqu'au milieu du nr siècle
avant J.-C.
environ, les seuls restes de construc
tions qu'on puisse citer sont les vestiges de fortifi
cations et de remparts, en pierre sèche -ou en
brique (crue ou cuite), souvent fort impression
nants, de villes du Bassin du Gange et remontant à
environ
700-500 avant J.-C.
(anc.
Râjagriha, anc.
Kaushàmbï, ...
).
Dès le V' siècle avant J.-C.
sans doute, les stüpa, tumulus puis édifices reliquaires représentatifs du
bouddhisme et du jaïnisme, sont attestés.
Mais
tous les stüpa les plus anciens, quand ils n'ont pas
13060
Chapiteau du Pilier de Siirniith, art maurya, milieu du Ill' s.
avant J.-C.
(Musée de Sàrnath).
Asoka avait érigé sur le site de la Première prédication du Buddha un pilier dont le chapiteau,
primitivement surmonté d'une roue,
évoquait par son
symbolisme
la portée universelle.
Si ce symbolisme est bien indien, le chapiteau campaniforme et les lions doivent beaucoup à l'Iran contemporain
disparu, complètement rumes, ont été l'objet de
travaux de restauration, d'agrandissement et d'embellissement au cours des siècles et au fur et à
mesure que s'affirmait leur symbolisme cosmique.
Il s'ensuit que, vers le milieu du nr siècle avant J.-C., l'architecture religieuse n'est représentée,
indépendamment des piliers élevés par l'empereur Asoka (environ 273-236 avant J.-C), riches de
significations symbolique et historique mais qui
ressortissent davantage
au domaine de la sculp
ture qu'à celui de l'architecture, que par de
modestes ouvrages excavés copiant des cellules de
religieux (Barabar :
Lomasa Rishi).
Malgré des
humbles débuts, l'architecture rupestre demeurera
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