L'art de la rue sort des bombes aérosols
Publié le 26/03/2019
Extrait du document
Les murs et les façades des villes ont été, de tout temps, utilisés par des dessinateurs anonymes pour exprimer leurs revendications. Pourtant. dans les années 70, les peintres des rues rejoignent les artistes. Le graffiti et le tag deviennent un nouveau courant d'avant-garde.
Un tableau mural au théâtre de Wilhelmshaven. Même les institutions publiques utilisent cette forme artistique pour attirer l'attention.
Le peintre George Grosz s'intéresse dès le début des années 20 au graffiti et aux peintures des rues. Il tente de trouver de cette façon des expressions artistiques immédiates, proches de la réalité. Des artistes comme Paul Klee et A. R. Penck s'inspirent dans leurs travaux des stylisations utilisées par les artistes de la rueet des exagérations de leurs dessins.
Avec l'arrivée des bombes aérosols, un nouveau phénomène artistique commence à se répandre de façon imprévisible : le graffiti. Ce type d'art, qui a toujours plus ou moins existé, trouve sa reconnaissance en 1977 à New York. Des inscriptions murales apparaissent d'abord danslesquartiers pauvres, puis ces peintures, qui semblent toutes tenir d'une même inspiration, recouvrent les façades et les murs de la ville ainsi que les véhicules de transport public. Cet << art » s'étend bientôt à l'Europe et aux autres continents. Desjeunes gens, souvent au chômage, socialement exclus et frustrés, trouvent là un nouveau moyen d'expression. Utilisant des bombes aérosols, ils réalisent sur les murs de grandstableaux, inscrivent des codes et des éléments d'écriture. Ils empruntent leurs thèmes aux bandes dessinées d'abord, puis confèrent bientôt à leurs œuvres une touche complètement personnelle. Souvent, ils<< taguent >>aupéril de leur vie, se cramponnant par exemple aux wagons d'un métro en service, et en exécutant leurs œuvres durant letrajet. la peinture graffiti devient vite un symbole de la culture underground.
les réactions suscitées par les << tags >> visibles un peu partout sont diverses. Alors que les magistrats condamnent ce type d'actions, que de nombreux passants grognent contre la « pollution >> et la « dégradation >> qu'elles entraînent, les jeunes artistes, les galeristes, les historiens de l'art et même Jack Lang, ministre de la Culture en
1977
«
Un
tableau
mural
au théâtre de
Wilhelm shaven.
Même les
institutions
publiques utilisent
cette forme
artistique
pour attirer
l'attention.
L'art de
la rue
sort des bombes aérosols
Les murs et les façades des villes ont été, de tout temps,
util isés par des dessinateurs anonymes pour exprimer
leur s revendications.
Pourtant.
dans les années 70, les
peintres des rues rejoignent les artistes.
Le graffiti et
le tag deviennent un nouveau courant d'avant-garde.
L e peintre George Grosz s'inté
resse
dès le début des années
20 au graffiti et aux peintu res
des rues.
Il tente de trouver de cette
façon des expres sions artistiques
im méd iates, proches de la réalité.
Des artistes comme Paul Klee et A.
R.
Penck s'inspirent dans leurs travaux
des stylis ations utilisées par les
artistes de la rue et des exagérations
de leur s dessins.
Avec l'arrivée des bombes aérosols,
un nouveau phénomène artistique
commence à se répandre de façon
im pré visible : le graffiti.
Ce type d'art,
qui a toujours plus ou moins existé,
trouve sa reconnaissance en 1977 à
New York.
Des inscriptions murales
appara issent d'abord dans les quartiers
pau vres, puis ces peintu res, qui
semblent toutes tenir d'une même
inspir ation, recouvrent les façades et
les murs de la ville ainsi que les
véhicu les de transpor t public.
Cet
visibles un peu partout sont
diverses.
Alors que les mag istrats
condamnent ce type d'actions, que
de nom breux passants grognent
contre la « pollution >>et la « dégra
dation >> qu'el les entr aînent , les
jeu nes artis tes, les galer istes, les
hi storiens de l'art et même Jack
Lang, ministre de la Culture en France
dans les années 80, y voient
un nouveau potentiel de créativité.
Les tableaux et dessi ns vienne nt
d'un monde avec lequel le milieu
ar tistique a jusqu'à présent peu de
contact.
Ces peintures murales sont
fraîches, insolentes, obscène s et
insufflent un nouvel esprit, détaché
de tout contexte artis tique histo
rique.
Elles représentent une forme
d' expression de l'an onyma t, et
s'élèvent contre la monotonie des
grandes vi lles, la vie rétrécie par les
lois, les décrets et les contrai ntes
traditionnels.
Le peintre américain Keith Haring en train
de peindre des graffitis
Le Suisse Harald Nageli est un
maître du genre.
Dès 1 g7s, par ses
fresques « taguées >> pleines d'esprit,
il met le doigt sur les points discu
table s de l'architec ture contem
poraine de nos grandes villes.
Dur ant les années 70 et 80,
l'i ntérêt croissant pour les nouveaux
courants avant-gardis tes propulse
ces jeunes peintres, habi tués à
l'a nonymat, sur le devant de la scène
artis tique.
les « taggeurs >> se trou
vent soudain sous les feux du
marché de l'art.
En 1984, Sidney Janis , galer iste
new-yorkais d'avant-garde, présente
l'art de la rue comme une nouvelle
tendanc e, à l'occasion du salon de
l'art à Bâle.
Cependant peu d'artis tes
de cette tenda nce parvi ennen t à
s'imp oser.
Parmi les plus célèbr es,
citons l'Américain Keith Haring et le
New-Yorkais Jean-Michel Basquiat,
qui meurent tous deux très jeunes.
la
place !lu graffiti dans
l'art
1893-1959
George Grosz
« Pour parvenir à un style qui
( ...
)restitue l'âpre dureté sans
fard et le manque d'amour de
mes objets, j'étudie les mani
fest ations spectac ulaires de la
pulsion artistique.
Je copie
dans les pissotières les dessins
folkloriq ues, ils m'a pparais
sent comme l'expression la
plus immédiate et la tra
duction la plus courte de
sentiments forts », écrit le
peintre allemand en 1924.
Avec ses griboui llages, il met
en scène la vie des grandes
villes de façon exagérée et
caricaturale.
Né en 1939
A.
R.
Penck
Ce peintre origina ire de
Dresde a réduit les person
nages et les objets de ses
tableaux à des signes abré
viatifs et à des symboles.
Ses
personnages rappellent ceux
des dessins d'enfants, compo
sés de bâtons et de ronds, les
graffitis ou les peintures
préhistoriques.
Pour Penck,
ces dessins sont les symboles
de l'existence humaine.
Né en 1939
Harald Nageli
En 1978, on voit apparaître
sur les murs des garages, des
passages souterrains et des
bâtiments de Zurich, les
premiers bonshommes grotes
ques constitués de bâtons.
Les
personnages qui sautillent et
qui dansent.
les caricatures et
les êtres fabuleux.
bombés en
noir sur le béton, se
mu ltipl ient malgré la vigi
lance de ceux qui recherchent
le « sacca geur >> anonyme.
En
juin 1979, Nageli est arrêté
pour la première fois.
De 1980
à 19 85, il continue de « ta
guer » à Berlin, Cologne ,
Düsseldorf et Fra ncfort.
En
19 84, il est emprisonné quatre
mois en Suisse pour ses tags
que les experts jugent entre
temps comme étant de l'art.
19 60-1 988
Jean-Michel Basquiat
L'ar tiste signe ses œuvres
SAMO (abréviation de Same
Old Shit).
Il « tague >> ses
premiers graffitis à Brooklyn,
où il a grandi.
Plus tard, il
peint ses dessins sur toile.
En
19 84, il présente sa première
exposition dans la galerie
new-yorkaise d'avant-garde
Mary Boone.
197
7
Un dessin de George
Grosz, L'ordre doit
être (détail), 1923
A.
R.
Penck, Sans titre,
1974
Graffiti de Harald
Nageli à Zürich, 1983
15 1.
»
↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓
Liens utiles
- Si l'art ne sert pas à améliorer le sort de l'homme, quelle est sa néces¬sité ? A-t-on besoin de l'art pour vivre ? Son inutilité apparente n'est-elle pas en fait le signe même de ce qui fait l'homme, capable de se dépasser dans cet acte créateur désintéressé qu'est une oeuvre d'art ?
- Dans La Métamorphose des dieux (1957), André Malraux écrit : « L'oeuvre surgit dans son temps et de sort temps, mais elle devient oeuvre d'art par ce qui lui (1) échappe. » Vous expliquerez et, au besoin, discuterez cette affirma¬tion en appuyant votre raisonnement sur des exemples pré¬cis tirés de la littérature et éventuellement d'autres formes d'art.
- Que pensez-vous de cette opinion d'un critique contemporain : « Une danse, une belle mise en scène sont depuis six mille ans miracle d'un jour. Le cinéma promet l'éternité à la danse, à la lumière d'un projecteur, à l'ombre fugitive d'un visage, à l'intonation perdue, au soupir unique d'un artiste, au bruit qui naît de la rue... Aucun autre art ne peut sauver l'expression d'un visage ou le chant d'un oiseau perdu dans un marais... Le cinéma donne l'éternité à l'éphémère. »
- L'ART ET LA RUE
- Anatole France a cru qu'on ne pouvait pas juger de la valeur absolue d'une œuvre d'art et qu'un critique ne pouvait donner que ses impressions personnelles : « Il n'y a pas plus de critique objective qu'il n'y a d'art objectif, et tous ceux qui se flattent de mettre autre chose queux -mêmes dans leurs œuvres sont dupes de la plus fallacieuse philosophie. La vérité est qu'on ne sort jamais de soi-même. » Que pensez-vous de cette opinion ?