L'ART CHINOIS
Publié le 17/01/2022
Extrait du document
Tout comme la Chine, l'art chinois est trop souvent mal connu ou méconnu, car, mal compris, il est fréquemment apprécié pour sa part la moins valable. Du XVIIe au XIXe siècle on n'y a vu que l'aspect «chinoiserie« alors que, par une extrême économie de moyens, sans détail inutile, le grand art chinois est classique et sait atteindre à la grandeur, fait de simplicité et de sobriété. Pourtant, malgré toutes les incompréhensions, dues à ses liens profonds avec une mentalité et un esprit différents de ceux de l'Occident, l'art chinois a joué son rôle dans le concert mondial. On reconnaît à la Chine une haute antiquité. De fait, Mésopotamie et Egypte paraissent plus précoces. L'entrée de la Chine dans l'histoire ne remonte qu'au deuxième millénaire avant notre ère, avec la dynastie des Chang. Il est vrai que tout ce qui a fait la Chine y était déjà en germe, écriture incluse. Le « caractère « chinois, qui a donné à la Chine originalité et pérennité, lui a permis de rayonner sur les cultures voisines et a imprimé sa marque sur toute l'extrême-Asie tandis que, se poursuivant à travers les âges, l'idéogramme permettait à cette civilisation antique de devenir pratiquement la seule qui ait su rester vivante jusqu'à nos jours.
«
L'ART CHINOIS
Sur
une si longue course, de la préhistoire à nos
jours, on ne peut considérer l'art chinois qu'au long
du développement historique de la Chine, histoire
qui
se déroule sur une large ondulation croissant et
décroissant suivant les dynasties qui, selon le ryth me humain, vivent et meurent.
Ce que la sagesse
chinoise sut reconnaître de tous temps, puisque
chaque dynastie, prévoyante, réunissait
les maté
riaux de sa future histoire que rédigeraient les suc
cesseurs, créant ainsi -fait unique au monde -
cette succession des Vingt-Cinq Histoires.
La jeune
république chinoise elle-même, après 1912, avait
entrepris la rédaction de l'histoire des Ts'ing mand
chous.
Les temps forts sont de longs temps prépa
rés, s'instaurent, rayonnent puis retombent et ne reviennent qu'après une longue période.
Après la
mise en place néolithique et la naissance avec l'âge du bronze, la maturation au cours des bouleverse
ments tant politiques que philosophiques des Royaumes Combattants aboutit à la cristallisation
du « fait chinois » avec Ts'in che houang-ti au m• siècle av.
J.-C.
C'est alors le premier épanouisse
ment géographique, politique et culturel des Han
(III• siècle av.-III• siècle ap.
J.-C.), auquel succède le repliement sous la poussée des Barbares avec
d'un côté l'explosion bouddhique et de l'autre la
maturation
de la quintessence lettrée au Sud, avec les Six Dynasties, IV•- VI• siècles.
La réunification
par les Souei (589-618) prépare le rayonnement
exemplaire, politique et culturel, de l'empire T'ang
du vn• au x• siècle, encore modèle pour la grande
Chine actuelle.
De nouveau l'émiettement des Cinq
Dynasties du
x• siècle qui voit s'épanouir le paysa ge au lavis, prépare l'apogée spirituel Song, pour
tant signal .
du déclin national.
Réduits au sud du Yang-tseu, les Song du Sud, XII•-XIII• siècles,
symbolisent la perfection des porcelaines et du monochrome, tandis qu'avec l'arrivée au pouvoir
des Mongols Yuan la rupture est consommée.
Mal
gré la reprise en main nationale au
xv• siècle avec
les Ming et l'éclat de la cour et de la politique, il s'agit désormais d'une autre Chine dont la capitale,
délaissant les lieux antiques, se fixe définitivement
à Pékin, au nord face à l'extérieur.
Cet étranger,
avec les Mandchous prendra le pouvoir dès le XVII• siècle et sous le nom de Ts'ing terminera le cycle impérial en 1912.
Malgré de grands règnes
magnificents, puissants politiquement comme celui
contemporain de Louis XIV, la Chine va
se refer
mer sur cette « chinoiserie » qui restera longtemps
son symbole même.
Suivre un chemin chro.nologique pour traiter
l'art chinois peut se justifier aussi par le fait,
qu'aux temps anciens surtout, chaque époque voit
la suprématie d'une technique.
La perfection
du métier et le sens de la matière se retrouvent alors
dans tous les arts, car aucun n'est mineur, et tout
particulièrement ceux du
feu, terre ou métal.
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A la prééminence de la terre de l'âge néolithique
succède le règne du bronze, du n• millénaire aux
environs de notre ère, puis la primauté revient à la
céramique, avec les recherches de porcelaine tandis que s'affirme l'art pictural, d'abord laque sur bois
puis encre sur soie et papier.
Ce sera dans la pein
ture que s'exprimera
une des plus grandes originali tés de l'art chinois, lorsque l'esprit transcendant la
matière suggérera l'essentiel, tout en demandant
l'active participation
de l'imagination du specta
teur.
Cet art, classique s'il en fut, reste lié au Lettré,
l'Amateur au sens complet du terme, plus encore
que l'Honnête Homme de notre XVII• siècle,
homme de goût, d'esprit et de culture.
Mais au let
tré chinois rien n'est étranger.
Il peut autant se délecter à la dégustation -et à la confection -
d'un plat et à l'appréciation d'un vin qu'à l'audition
- ou au jeu -
de la musique ou encore, suprême
expression de soi, se vouer au raffinement du jeu du
pinceau, peinture ou calligraphie.
En fait, tout l'art chinois est soumis à la loi de
l'histoire, cycle perpétuel, complet et toujours
repris.
On y retrouve même les retours en arrière
que seules connaissent les civilisations achevées, avec un goût marqué pour l'archaïsme.
Ainsi avec
l'archéologie naissante, le xn· siècle retrouvant les bronzes archaïques élaborés plus de douze siècles
avant notre ère a lancé la mode de la vaisselle de
culte en métal de type archaïsant, tout en y puisant un répertoire de formes et de motifs à l'usage de tous les arts, jade et céramique en particulier.
De même en peinture, il a toujours été de bon ton de se référer à un maître du passé, lui-même se recom
mandant d'un ancêtre illustre et ainsi, à travers la
copie et l'hommage aux anciens, s'est créé un art
qui pour le profane semblerait monotone, mais où
l'amateur peut saisir juste la touche originale qui
fait la création
de l'artiste, à la fois soumis à la tra
dition et s'en évadant par son propre génie.
On peut même dire que l'archéologie actuelle est aussi un témoignage de ce goût de l'histoire puisqu'elle
est prospection, découverte et protection d'un passé
vivant à travers
ses témoignages artistiques et que le chinois, plus que quiconque, se sent solidaire
d'un passé qui, seul, lui explique le présent.
LES ORIGINES
Avec la découverte en 1923 à Tcheou-k'eou-tien.
de l'Homme de Pékin qüi, quelque 500 000 ans
avant notre ère se tenait debout et connaissait
l'usage du feu, la Chine participait du Paléolithique
inférieur.
Sans préjuger d'hominiens divers et plus
anciens, les archéologues chinois ont repéré depuis 1964 un sinanthrope de 100 000 ans son aîné,
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