L'ARCHITECTE ET L'ENTREPRENEUR

« Projet de l'architecte suisse Walter Jonas pour l'édification d'une ville en forme de champignon posée sur un socle reposant lui-même sur un abri souterrain et comprenant toutes les parties fonctionnelles : centre administratif, magasins, entrepôts, garages, salles de spectacles, etc.

(Photo Ruth Schramm à Munich).

exemple, l'étudiant préparera, après des études secondaires, le concours d'entrée à l'Ecole nationale supérieure des Beaux-Arts et, dans cette première phase, son temps sera réparti entre les sciences exactes et la composition de programmes d'architecture simples : une entrée d'usine, un marché couvert de village, etc.

Une fois admis, l'élève architecte recevra pendant deux ou trois ans, en seconde classe, une formation encore technique (statique, ré­ sistance des matériaux, chimie, construction), mais également synthétique car les projets de composition deviendront de plus en plus nom­ breux et importants.

Enfin, après avoir réussi le projet de cons­ truction qui couronne la seconde classe, lors­ qu'il a pu acquérir assez de valeur sur projets ou sur examens réussis, l'élève architecte entre en première classe, le « Saint des Saints » de l'Ecole et il n'y fera plus, pendant deux, trois, quatre ou cinq ans, que la composition de grands projets.

Certains prolongent par goût cette incomparable formation alors même qu'ils ont déjà acquis en première un nombre de valeurs suffisant pour être admis à présenter le diplôme, sorte de thèse qui couronne leurs études.

C'est au cours de cette longue première qu'ils peuvent éventuellement préparer le Prix de Rome (qui, théoriquement, dépend de l'Insti­ tut et non de l'Ecole des Beaux-Arts).

Rôle de l'architecte, compositeur et chef d'orchestre !\lais le premier souci de l'architecte reste celui de la composition, à partir du programme présenté par son client.

Car la composition, selon le maître Gromort, ce n'est pas d'aligner, en partant d'un programme, des nécessités satisfaites : « c'est de grouper les éléments du programme pour en faire un tout homogène et complet de telle manière qu'aucune partie de ce tout puisse prétendre et suffire à elle-même, mais que toutes, au contraire, se subordonnent plus ou moins directement à un élément com­ mun d'intérêt, centre et raison d'être de la composition ».

La composition répond à un besoin d'équi­ libre et d'harmonie souvent inexprimé et cepen­ dant toujours présent, équilibre des sensations les plus élémentaires aux sentiments les plus élevés.

Notre génération souffre d'être frustrée de cet équilibre.

Composer c'est d'abord comprendre dans le texte et entre les lignes le programme qui est proposé.

Nous disons « entre les lignes » parce que souvent l'auteur du programme ne connaît pas tous les besoins qu'il doit satisfaire ou les sent trop confusément pour pouvoir les exprimer.

C'est ensuite matérialiser par des plans et des façades, la solution proposée.

La solution proposée ne doit pas se contenter de satisfaire toutes les nécessités, elle ne doit pas seulement les satisfaire avec la plus grande sobriété de moyens et notamment les circula­ tions les plus aisées et cependant les plus cour­ tes possiblcsi elle ne doit pas seulement satis­ faire physio ogiquement et mentalement tous les vœux des habitants, mais elle doit encore leur apporter ce confort supplémentaire qu'est l'harmonie.

Elle doit, par exemple, supprimer cette petite fatigue irritante et souvent inexpri­ mée que provoque un ensemble architectural mal équilibré.

Une façade mal équilibrée pro­ duit le même effet qu'un tableau pendu de travers.

Il est vrai qu'un plan bien composé conduit toujours à une façade harmonieuse, à une toiture excellente parce que de formes simples.

Ajoutons encore que l'harmonie a pour caractère principal de relier l'homme à la na­ ture et, à ce titre, les éléments d'architecture doivent être proportionnés en fonction des dimensions et des possibilités du corps humain.

C'est là qu'intervient le rôle de l'échelle de la construction.. »