L'Ange bleu 1930 Joseph von Sternberg (1894-1969)

« 364 1 Les chefs-d'oeuvre du cinémn Un chef-d'oeuvre Un homme déçu Emile Jannings, qui incarna le professeur Rath, était à l'époque un monstre sacré du cinéma allemand.

Comme il avait déjà tra­ vaillé à Hollywood sous la direction de Sternberg, il pensa à ce réalisateur pour tourner le premier film parlant d'Allemagne ; cela ne manquait pas d'intéresser le producteur qui comptait bien tirer profit des expériences américaines de Sternberg ...

Jannings mourait d'envie de jouer Raspoutine, mais c'était mal connaître le capricieux Sternberg qui, comme de coutume, n'en fit qu'à sa tête! Il choisit le roman d'Heinrich Mann qu'il adapta très librement : il s'agissait avant tout de fournir un scénario qui mettrait en valeur cette vedette masculine ...

Hélas, la vanité de Jannings allait être mise à rude épreuve: Sternberg découvrit subitement Marlène Dietrich et l'imposa pour le film! ll changea son scénario pour accentuer le rôle de Lola, modifia le titre qui de Professeur Unrath devint L'Ange bleu.

Résultat: Marlène éclipsa complètement Jannings! Naissance d'une star C'est dans une revue berlinoise à la mode que Sternberg décou­ vrit Marlène Dietrich.

Maria Magdalena von Losch, digne fille d'aristocrate, qui était passée par le conservatoire de Berlin, n'était pas en 1929 une débutante : elle avait souvent joué sur les plan­ ches et tourné neuf films en Allemagne.

Mais, avec L'Ange bleu, Sternberg allait la transformer en mythe érotique prêt à conquérir Hollywood.

Imposant dans le film sa propre conception de la femme, femme fatale faite «de la tête aux pieds pour l'amour», Sternberg apporta à cette image toute sa science du cinéma.

Pygmalion, il modela Marlène, l'épousa et l'emmena à Hollywood où le mythe devait s'implanter.

Un goût de déchéance La femme fatale, pour Sternberg, est bien le symbole de la dam­ nation.

Avec L'Ange bleu, où il voulait. »