L'ÂGE DES LABYRINTHES
Publié le 03/12/2018
Extrait du document
«
(14-15
juillet 1996), mais ce que l'on voit le
plus ce sont des rediffusions.
Quant aux CD
ROM, ils pcrmenent surtout de visiter des
musées ! » JI est vrai que le record en la matiè
re reste détenu, pour l'année 1996, par les
explorations virtuelles du Louvre et du musée
d'Orsay, vedettes de l'engouement tardif des
Français pour le multimédia.
De même, la
bande dessinée s'est enfin refail une santé -
mais grâce au tir groupé des grands anciens :
A�térix (la Galère d'Obéi ix), Blake et Mortimer
(l'A ffaire Francis Blake), Lucky Luke (le Klon
dike), Alix (6 Alexandrie), bientôt suivis par
Gaston Lagaffe (Gaffe à Lagaffe !) ct Achille
Talon (le Musée).
L'an 1996 serait-il l'an 1 du surplace, avant
clôture pour cause de fin de siècle ? Le verdict
rendu par une vingtaine de critiques internatio
naux, chargés d'établir pour l'Hebdo de Lausan
ne (mai 1 996) la liste des plus grands écrivains
vivants, ne brille pas par sa nouveauté : Gabriel
Garcfa Marquez, Milan Kundera et Umberto
Eco se trouvent aux trois premières places.
Sans
doute aurait-on obtenu le même résultat en
1986 ...
En plaçant le héros de son Île du jour
d'avant sur un navire désert, par 180° de longi
tude -ligne du changement de date universel -,
au cœur d'un XVll' siècle traité comme une
« encyclomédia >>, Eco ne s'amuse qu'à demi.
Nous vivons « l'histoire tout à fait onaniste d'un
homme seul qui jouerait sur la mémoire et
l'imagination >>.
Le verdict est valable pour le
narrateur de l'Organisation, roman où Jean
Rolin (prix Médicis) sublime avec humour et
beau style son expérience des gauchismes révo
lutionnaires d'après-68.
Même constat, sur un
registre plus visionnaire, dans le Port intérieur,
d'Antoine Volodine.
Écœuré et fasciné par la
dérive de ceux qui crurent au terrorisme, l'écri
vain campe son personnage, Breughel, à
Macao, en marge d'une Chine absurde.
Laissé
pour compte de l'insurrection mondiale, Breu
ghel, pour qui le Parti n'est plus qu'un paradis
perdu, voit un éléphant mourir dans les barbelés
d'un poste de contrôle, tandis que la foule indif
férente se presse d'une chicane l'autre -avant
que la plupart soient refoulés.
On ne passe plus.
Les vieux éléphants, désormais invisibles� han
tent une fin de siècle qui les évite.
A ces
constats mitigés -mais inventifs -, on peut
certes opposer la puissance de best-sellers au
contenu forcément optimiste.
Côté cinéma, 1996 a vu le triomphe mon
dial d'lndependence Day (plus de 5 millions
d'entrées en France), dernier-né des films à
effets spéciaux hollywoodiens, qui ressemble
déjà pourtant à son futur remake.
La trame en
est simple : le monde va succomber à la mena
ce venue d'ailleurs (image de la crise sans visa
se et sans nom), mais le sportif président des
Etats-Unis sauve athlétiquement la mise (sym
bole du Nouveau Monde où le meilleur a tou
jours ses chances de gagner).
Le thème, récur
rent, ne surprend guère, pas plus que l'inévitable
happy end infligé au Bossu de Notre-Dame par
Wall Disney.
Là encore, la qualité technique et
Je réemploi de bonnes vieilles recettes s'inscri
vent dans la tradition.
On remarquera simple
ment que ces succès internationaux sont talon
nés par Mission : impossible, exemple type de la
brillante reprise d'une
série ancienne, bien rôdée,
ct par Seven.
Ce dernier
film, efficace et violent,
repose d'ailleurs sur la
transposition dans le monde
du polar d'une symbolique
vénérable : celle des sept
péchés capitaux.
Ô
ALEXANDRIE
Quelques productions
nationales concurrencent
toutefois ces poids lourds
sur le territoire français .
Comédies >,
les Trois Frères -premier
film des Inconnus -et Le
bonheur est dans le pré d'É
tienne Chatiliez, tous deux
sortis en décembre 1995,
ont également franchi la
barre des 5 millions d'en
trées.
Sans être, bien sûr,
avant-gardistes, ils offrent
l'un comme l'autre des
conclusions grinçantes,
assez éloignées des habi
tuelles pi rouettes grâce
auxquelles le Français débrouillard s'en
tirait jadis.
Finie l'époque du « Nous n'avons
pas de pétrole, mais nous avons des idées ».
Les
Français ont beaucoup ri, et ils se sont peut-être
reconnus dans ces trajectoires qui tournent
court.
Au bout du compte, les personnages, ici,
reviennent à la case départ.
Il n'y a ni mobilité
sociale ni réussite.
Une société suspendue, à
laquelle Beaumarcha�� l'innocent (Édouard
Molinaro, 2 millions d'entrées) et Ridicule (Pa
trice Leconte, 1 million d'entrées) tendent
-sans zèle révolutionnaire, il est vrai -le miroir
de l'Ancien Régime sur son déclin.
Le contraste avec l'inattendue fortune du
film Microcosmos des entomologistes Marie
Pérennou et Claude Nuridsany n'est qu'appa
rent.
Certains critiques ont vu dans cette fresque
documentaire un éloge de la > écolo
gique, véritable euphorie à la Bernardin de
Saint-Pierre.
Mais sont-ils bien sûrs que le bon
heur se trouve dans ce pré-là, parmi les fourmis,
coccinelles, araignées et pucerons somptueuse
ment fùmés ? Cette >
dans l'immensité minuscule montre au
contraire, selon les réalisateurs, « des êtres
vivants confrontés comme toutes les espèces
aux handicaps, aux difficultés du destin, et qui
cherchent simplement à se faire leur place au U!ICIS
POUR L'ORGANISATION..
»
↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓
Liens utiles
- LE MONDE MÉDITERRANÉEN : EMPREINTES DE L’ANTIQUITÉ ET DU MOYEN ÂGE
- LE MONDE MÉDITERRANÉEN : EMPREINTES DE L’ANTIQUITÉ ET DU MOYEN ÂGE
- Chapitre 1 : La difficile entrée dans l’âge démocratique : la Deuxième République et le Second Empire
- ÂGE D'HOMME (L')
- ÂGE D’HOMME (L’) Michel Leiris (résumé)