LA TOUR Georges de : LA MADELEINE ÀLA VEILLEUSE
Publié le 15/09/2012
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Bien sûr, le spectateur ne peut rester insensible à la signification des objets présentés : la lampe à huile, symbole du temps qui se consume, ou le crâne humain, image classique des « vanités « qui, en peinture du xvne siècle, représentent la précarité de la condition humaine.
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LA TOURGeorgesde
LA MADELEINE À LA VEILLEUSE
Vers 1640
Peintre français
Analyse
^/ Habillée de guenilles : c'est ainsi que la
Madeleine se présente au spectateur.
Une ample
chemise blanche laisse àdécouvert d'admirables
épaules voilées de longs cheveux,tandis que le
bas du corps est couvert d'une jupe serrée à la taille par une simple corde.
Costume relâché,
sans doute, mais qui souligne l'abandon et la tris
tesse apparents de la jeune femme : ressasse-
t-elleses fautes ? Sur la table, devantelle, deux
gros livres (religieux, la Bible sans doute), une
discipline, instrument traditionnel de mortifica
tion, et un grand verre transparent où flotte une
veilleuse dont la mince
flamme l'éclairéen partie.
Elle tient sur ses genoux un crâne humain, d'une
main délicate.
Bien sûr, le spectateur ne peut rester insensible
à la signification des objets présentés : la lampe à
huile, symbole du temps qui se consume, ou le
crâne humain, image classique des « vanités » qui,
en peinture du xvnesiècle, représentent la préca
rité de lacondition humaine.
La figure de la Madeleine ainsi que les maigres
objets qui animent la scène émergent comme par magie sur le fond obscur.
Là
aussi, La Tour joue
picto MUSEE DU LOUVRE
366 PARIS
XVIIe siècle
Toile 128 x94 cm
habilement de la lumière, une technique qu'il a
assimilée en étudiant le Caravage mais qui n'est
pas très éloignée encore de la peinture flamande.
L'effet nocturne créé ici par l'artiste se révèle un
excellent moyen pour donner à l'œuvre un carac tère d'abstraction proprement bouleversante.
La part importante donnée aux détails montre
bien le tournant pictural pris par Georgesde La
Tour vers le milieu du xvne siècle et annonce le
magnifique chef-d'œuvre de sa maturité, l'Adora
tion des bergers, des environs de 1644, aujourd'hui
au Louvre.
L'œuvre
U C'est là l'un des très rares tableaux signés par
La Tour : ...
la tour fec.t. Acheté en 1914 par
Camille Terff, d'où son surnom classique de
«Madeleine Terff», ilentra après divers avatars
dans les collections du Louvre. Exposé à la grande
rétrospective dédiée à La Tour au musée de l'Oran
gerie en 1972, cette «Madeleine Terff» put y être
enfin comparée àd'autres œuvres du même artiste
et de la même époque.
Un cycle dédié par La Tour à la Madeleine
"?"On sait que Georges de La Tour avait pour
habitude de traiter le même thème àde nom
breuses reprises, parfois à de longs intervalles
mais toujours
avec des variantes et destechniques
différentes.
C'estle cas de la Madeleine,thème
qui semble avoir été cher à un certain nombre de
ses clients. Leprototype de la série fut probable
ment uneMadeleine aujourd'hui perdue que l'on
ne connaît que par une médiocre copie actuelle
mentconservée dans unecollection privée de
Nancy.
Une autre version - admirable celle-là -
fut montrée pour la première fois lors de l'exposi-
Du même peintre : PICTO 361 à 367
tion de 1972 : il s'agissait de la Madeleine de la
collection Wrightsman, de New York, peinte pro
bablement à la même époque que celle du Lou
vre.
Les deux tableaux nediffèrent que par quel
ques détails.
La version américaine - peinte sur
bois -comporte, en effet, un miroir, symbole de
la
vanité, et un splendide collier, témoignage de
renonciation aux biens de ce monde. Tel que
nous connaissons actuellement l'œuvre peint de
La Tour, laMadeleine Terff devrait logiquement
être la dernière des œuvres du peintre traitant
ce thème.
Photo R.M.N. Nardini Editore.
1992.VPCLarousse-Laffont pour l'édition française.
1992.
m
ni.
»
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