LA TÊTE DE SAN LORENZO
Publié le 14/09/2014
Extrait du document
«
lè v res, la base du nez, les yeu x et le décor du
casque.
Ces axes sont contrebalancés par un
faisceau de diagonales et par les côtés.
Les traits du visage, au modelé délicat , se déta
chent avec force grâce à une répartition habile
des parties en creux et en saillie.
Le menton,
petit et
court, est volontaire.
Il est surmonté
d'u ne
bouche légèrement ent rouverte, aux
l
èvres fort épaisses.
L e nez est large et épa té, les
pom m ettes saillantes.
Les yeux, en forme
d'aman de, enfoncés dans leurs o r bites, accuse nt
un léger strabisme.
Un triangle, encadré de
petites protubérances de chair, les sépare.
Seule
l'oreille droi te est figurée.
Le front est couvert
par le casque, décoré de quatre bandes horizon
tales avec des incisio ns diagonales et de hui t
bandes verticales .
Tout cont ribue à donner au
vis a ge une e xpres s ion réfléchie, un peu inquié
tante, refle t d' une inte nse v ie intér ie u re.
Portraits de chefs
Il ne fait guère de doute que les têtes colos
sales représentent les souverains olmèques.
Seu ls des personnages tr ès puissants ont pu
ordonner le trans po rt d'énormes monolithes
d e basalte et m obilise r les centa in
es
d' ouv r iers nécessai res à cette opération .
Toutes
les têtes ont d es traits marq ués, nez
épa té, lèvres é paisses e t saillantes , qui rappel
lent ceux de certains peuples du Sud-Est asia
tique.
Ma is chaque souverain est figuré avec
bea ucoup de réalisme et bien individualisé.
Les
coiffures cons istent tout es en des casques dont
le décor élabo ré n'est jamais le même, chaque
casq u e po rtant d es em blèmes différents.
La tête colo ssale, dés ign é e s ous le nom de Monument 4 de S an Lorenzo , appartient au group e de s huit tê tes coloss al es retrouv ées sur le site de San Loren zo .
Elle a été taillée dans un bloc de ba s alte origi naire du volcan Cerro Cintepec dans les montagnes de Tuxtl a, situées à
80 km d e San Lorenzo.
Les énorme s blo cs de pierre ont été s ans doute transpo rté s par voie d'e au s ur des ra d eau x, puis hissés du poi nt de
débarquement jusqu'à San Loren zo à l'aide de rouleaux et de cord es.
La tête mesur e 178 cm de ha u teur .
Lor s de sa d écouv erte , elle gisa it s ous une végétation tr ès dense .
C 'est l 'une de s tête s colo s sales les mieux conservée s.
Ces
dernières ont géné ralement bien
résis té à la fureur destru ctric e qui s'e st dé chaînée contre le s ite de
San Lorenzo ver s 900 avant notre ère .
La tête a été tran sport ée au mu sée d' Anthropologie de Ja lapa.
À la même époque , au Pérou
À la même époque , à pe u prè s, que la culture olm èque , mai s des tinée à durer plus longtemps que celle-ci, une pre m ière civi lis at ion s 'épanouit dan s les Andes : la civilisation que l'on dit, à tort , de «C hav in".
Une c ivilis ation mal nomm ée.
Nul ne croit plus aujourd ' hui que l'art de Chavin
se s oit épanoui d'abord s ur le site sep
t e ntrional de Chavin de Hu a ntar , qui lui a
donn é son nom .
Mai s il a connu en ce
lieu son apogée .
On ne s ait exactement où il s'es t man ifesté tout d 'abord .
A vant l'éc losion de Chavin de Huantar entre 850 et 200 avant notre ère, il e st attesté
s ur de s s ites de la montagne et de la côt e du centre et du nord du Pérou et
c ouvre une aire qui s'étend s ur plusieurs centaines de kilomètre s.
Ces s ites parta gent alor s la même culture s ans être uni s pol itiquement.
La c ulture Cha v in amor ce son déclin au 111• siècle avant
notre è re, puis disparaît.
L e c ult e de l'homm e-félin.
Omnipré sent , le thème de l'homme - fé li n , g é né ra-
Des sculpteurs de génie
La sculpture est le grand moyen d'expression
des Olmèques.
Les scu lpteurs de cette civilisa
tion ont réalisé avec autant de talent statues et
reliefs de grande taille et petites figu rines.
Leur
travail est d'a u tant plus remarquable qu' il n'a
é té
effectué q u'avec des outi ls de p ierre.
Les œuvres colossales comprennent, à San
L orenzo comme à La Venta, outre les têtes de
souverains,
de grands bl ocs rectang u laires
avec une niche abritant un personnage scu lpté
en fort relief et des stèles ma rquées aussi de
figures humaines.
D'autres sculptures, de
taille moyenne, figurent des hommes , de
manière réaliste, ou d es divinités.
Les scu lpteurs olmèques, au moins à La Venta,
travaillent aussi le jade et la serpentine.
Da n s
ces pierres,
ils taillent avec u ne vir tuosi té
incomparab le des figurines et de petites haches
destinées a u x offrandes funéraires.
Trouvé dans
l'un des nombreux dépôts du site, un groupe de
seize figurines e t de six haches , sculptées essen
tiellement dans ces maté riaux, compte parmi
les plus belles réa lisations olmèques.
La scu lpt u re olmèq ue, hormis les portraits de
souve r ains, est surt out de na tur e relig ie u se.
Elle mêle d e m aniè re très complexe les repré
sentations du mon de animal et celles du
monde humain.
Les dieux ayant l' aspect d'un
homme -jagua r y jouent un rôle prépondéran t.
D'autres divinités s'incarnent dans des ani
maux redou tés : ai gle, caïman, serpent, requin.
Ce t a rt magni fiq ue a fait l'obje t de destru c-
lement accompagné d'autres figures, tell es celles du jag uar , du serpent ou de l' aigle , caractéri se l'art de C hav in .
L 'image s ymbolique de cet anima l est
d ire ctement liée au culte qui lui e st
rendu.
De gra
nds te mp le s orn és.
À Chav i n, à 3 000 m d'altitude , s' élèvent des temples à l' architecture c omplexe et aux
nombreuses
s culptures.
Le sanctuaire le plu s a nc ien abrite une idole , le Lanz6n (lance), blo c de pierre de 4,50 m de ha ut sur lequel e st sculptée l'imag e du dieu homme -jaguar .
La façade du templ e le plu s récent , pyramide à degrés appelée le «C astille », est ornée de grande s dalle s de pierre sculptée s.
Sur ce l les-ci le dieu du Lanz6n cède la place à une autre idol e, qui tient un bâton dans
chaque main .
Sur la façade du même temple , de très belles têtes en ronde
bo sse figurent des an imaux , ja guar s, fau con s, serpents , ave c parfoi s de s
a sp ec ts humain s.
L'Homme-Félin, bas-relief provenant de Chavin de Huantar (Lim a, musée national d 'Archéolog ie).
tions vio lentes : à des dat es dive rses, les sites
de San L orenzo et de La Venta ont été rava
gés, peu t-être pour des raisons rit u elles.
Ce t
acharnement n'a pas empêché la civilisation
et l'art olmèques d'exercer une i nfl uence
considérable su r l'ensemble
des civilisations
de l'Amé rique p r éco lo m bi enne..
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