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La tapisserie de « l'Apocalypse » d'Angers

Publié le 05/09/2013

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Louis d'Anjou, comme son frère le duc Jean de Berry, est un ami des arts et un pro­tecteur des artistes. Il a déjà en tête une idée bien précise de la forme que devra pren­dre sa commande : il veut une tenture d'un genre nouveau. Jusque-là, les tapisseries a­vaient pour rôle de protéger des courants d'air, de rendre un peu plus agréables et plus confortables les demeures princières ou les édifices reli­gieux. Elles faisaient partie du mobilier et suivaient leurs propriétaires dans leurs dé­placements de château en château. Mais, cette fois, le frère du roi destine cette oeuvre tout spécialement à son château d'Angers, qui abrite déjà un fabuleux trésor composé essentiellement de nombreuses tapisseries, mi­niatures et pièces d'orfèvrerie.

« cavaliers, de la chute de Baby­ lone ou de la Jérusalem céleste pour frapper l'esprit du specta­ teur, montrer les malheurs qui atteignent les hommes tout en apportant un message d'espoir .

Pour réalis er les dessins qui serviront d'ébauche à la tapis­ serie, Jean de Bruges ne se contente pas de lire /'Apocalypse de Jean.

li puise éga lement son ins piration dans de nom­ breuses toiles illustrant ce thème, comme le très beau manuscrit enluminé prêté par Charles Y.

De son côté, Nicolas Bataille répartit entre plusieurs ateliers, probablement pari­ siens, l'énorme tâche que re­ présente la confection de quel­ que sept cents mètres carrés de tissage.

Une fois terminée, la tenture sera composée de six pièces de chacune vingt­ trois mètres cinquante de long et de six mètres de haut.

Cette dernière dimension est rendue obligatoire par la taille des mé­ tiers à tisser de l'époque, dont la largeur n'excède pas six mè­ tres et qui permettent à six ou­ vriers de travailler côte à côte.

Une« bande dessinée» du Moyen âge Pour rendre la narration plus lisible, Jean de Bruges divise l'œuvre en une succes sion de ta bleaux.

Chacune des six piè­ ces comporte quatorze ta­ bleaux horizontaux répartis sur deux rangs, l'ensemble de la tenture en totalisant quatre­ vingt-quatre.

Pour la première fois, et contrairement aux ma­ nuscrits enluminés où chaque scè ne apparaît page après page, le spectateur peut embrasser d'un seul regard l'ensemble du récit .

La composition doit son unité et sa cohérence à deux bordures continues qui situent l'action au ciel ou sur terre .

Le ciel est peuplé d'anges musi­ ciens, tandis que la terre est représentée par une prame parsemée de fleurs stylisées .

Pour rendre la compréhension plus aisée, chaque scène, d'u­ ne grande simplicité, est stric· tement délimitée .

Pour faciliter encore la lecture, l'artiste a pensé à ajouter, sous chaque tableau, une légende tissée - malheureusement, ces légen­ des ont toutes été supprimées au cours du x1x • siècle.

Il faudra au total quelque dix années pour que soit réalisée cette somptueuse tapisserie.

A sa mort, en 1384, après avoir bien peu joui du spectacle de sa commande, le duc Louis d'Anjou laissera en héritage la plus grande tenture aujour­ d'hui conservée dans le mon­ de.

En 1400, cette œuvre mo­ numentale et d'une beauté sans pareille sera exposée à Arles, à l'occasion du mariage du fils du duc défunt, Louis Il d'Anjou, et de Yolande d'Ara­ gon.

Elle soulèvera l'admiration et l'enthousiasme d'un bour­ geois du cru, Bertrand Boisset, qui s'exclamera : « Il n'est hom­ me qui puisse écrire, raconter la valeur, la beauté, la nobles­ se de ces tissus .

» EDITIONS ATLAS DE RETOUR AU CHÂTEAU DUCAL D'ANGERS A sa mort, Louis !"' d'Anjou a légué la tapisserie de /'Apocalypse d'Angers à son fils Louis Il.

En 14 7 4, son petit-fils, le roi René d'Anjou, en a fait don à la cathédrale d'Angers.

Jusqu'au XVIII" siècle, considérée comme le trésor de cathédrale, la tenture est régulièrement entretenue et exposée lors des grandes fêtes.

Mais, à partir de la fin du XVlll"siècle, les tapisseries du Moyen Âge, jugées démodées, ne sont plus montrées au public.

Mal conservée, l'œuvre va s e dégrader .

En 1848, le chanoine Joubert, responsable des objets d e la cathédrale, cherche à la remettre en état.

t.:Apocalypse , de nouveau exposée, devient bien public lors de la séparation de l'Église et de l'État.

En 1954, près de six siècles après l'avoir quitté, la tapisserie réintègre le château ducal d'Angers, où une galerie a été tout spécialement aménagée pour la présenter.. »

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