LA SAINTE FACE de Rouault

« LA SAINTE FACE 1933 Peintre françai s Analyse ....., Le v i sage du Chri st figure p armi les thèm es préfé rés d e Rou a ult.

L e pe int re comm ença d e l 'a bor der à partir d es années vingt, à tr ave rs la série Mise rere et Gue rre : cinqu ante- huit eaux -for­ tes -une sorte de c hem in d e croix - m ontr a nt la conditi o n hum aine dan s to ute sa d ouleur.

R oua ult ne deva it ab a ndonner ce thèm e qu 'a p rès 1953 : une pho to de cette a nnée-là mo ntre le p eintre dan s son ate lier, travai lla n t à la version conservée à Ga nd.

Ce tte vers i on-c i, a brit ée a u Mu sée natio nal d ' Art m ode rne de P aris, est d at ée d e 1933.

L e p ess imism e t rag iq ue d es premières toiles - v i sio n s de p ros tituées e t d e la i ssés -pour- compt e, p o rtr aits de juges impl acab les o u corrompu s, ima­ ges d e g ue rre - est d éjà lo in : R oua ult s'a ttache d éso rm a is à p eind re la v ie de ma nière plu s sereine e t ou ver te.

A l'o r igine de cette évo lutio n, l a fo i : le p eintr e a re n o ué e n effe t avec la d ém arc h e comm encée e n 1901 d an s l' abbaye d e Ligugé, loin du tumult e pa risie n .

On compr end mieux dès lo rs po urqu o i R ou a ult déclara it qu'il se se ntait appartenir « a u p assé, à l' âge des cathé ­ drales ».

xxe sièc le Huil e s u r toile 91 x 65 cm C ' est d 'a illeurs a u M oye n Âge , un M oye n Âge idéa lisé et re lig ieux, que re n voie cette Sai nte Face a u d ess in ferm e comm e ce lui d 'une i cône .

Si la p rése nta tion fro ntale e t sta ti que ràppelle le hié ra­ tism e byza ntin , les contours inc is i fs e t n oi rs évo ­ quent les vitraux gothiques ; le coloris som p tueux , p ât eux et i rid esce nt rappelle ra it, p o ur sa part , d es ém aux précieux et des orfèv reries d 'un goût pres­ que barbare.

L'œu vre C Cette S aint e Face fit son ent rée dans les collec­ tions du mu sée du Luxem bourg l'année m ê me de son exéc ution, en 1933.

Le legs de mada m e Chester Dale v en ait rempli r un vide que le musée a vait déjà tent é de com bler tro is ans a uparavant : mais le sous -secré taire d ' Éta t aux Beaux-Arts s'était alors oppos é au pro j et.

Présenté en 1971 à Paris , lors de la gran d e exposi­ tion Rouau lt, le tableau est actue lleme nt co n serv é au Musée nat io n al d'Art moderne de P a ris.

Rouault e t A mbroise Vollard + Les premiers contacts entre Rouault et Vol­ lard remontent à 1910 : en 1913, le marchand d'art parisien décidait d 'acheter toute la produc­ tion de l'artiste abritée dans son atelier.

Les rapports entre les deux hommes furent pl u­ tôt bons les premières années , malgré les condi­ tions semi -carcérales que Vollard avait imposées au peintre : il avait notamment interdit à Rouault de travai ller pour d'autres que lui.

Mais , avec le temps , la situation se dégrada .

Pris de remords lorsqu 'il eut appris comment R ouault avait failli perdre la vie dans un banal accident , Vollard Du m êm e peintr e : PICTO 925 et 926 © Na rdini Editore, 1994.

Uriade pour l'édition française, 1994.

reconn ut qu'il s'était mal conduit avec son pro­ tégé.

Cet aveu fut lourd de conséquences.

A la mort de Vollard , en 1939 , ses héritiers voulurent récupérer toutes les œuvres de Rouault, achevées ou inachevées , contenues dans l'atelier alloué au peintre par le collectionneur et marchand.

Mais les juges , s' appuyant sur l'aveu de Volla rd , don­ nèrent raison à R ouault.

L'épilogue fut tout à fait exemplaire : attristé par tout ce procès , l' artiste mit le feu à trois cent quinze toiles , soit une grande partie des œuvres qui lui avaient été restit u ées.

Pho to Centre Pompido u, P aris.

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