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LA RONDE DE NUIT

Publié le 14/09/2014

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Rembrandt, de tous les portraitistes d'alors, s'impose comme le plus grand. Auteur de por­traits individuels, d'autoportraits et de portraits de groupe, il apporte à la représentation des personnes une vie nouvelle, anime les visages, fait agir les modèles, invente des mises en scène

qui rapprochent le portrait de la peinture d'his­toire. Commandé en 1638 par les miliciens de la compagnie du capitaine Banningh Cocq, sou­cieux de rappeler la revue par laquelle ils ont honoré la visite de la reine Marie de Médicis à Amsterdam, le tableau connu sous le nom de la

« La Ronde de nuit, dont le titre véri­ table est Le capitaine Frans Banning Cocq donnant à son lieutenant l'ordre de départ de sa compagnie, est une huile sur toile de 363 cm de haut sur 437 cm de large .

Le titre habituel donné à l'œuvre date du x1x• siècle .

À ce moment , les couches successives de vernis posées sur la peinture sous prétexte de la sauvegarder, ainsi que le vieillissement naturel des couleurs, avaient assombri les t eintes jusqu 'à donner l'imp ression d 'une scène nocturne.

Mais le clai r-obscur fait à ce point partie des moyens d'expression de Rembrandt que l'on ne saurait dire de manière certaine si cette scène est censée, ou non , se dérouler de nuit.

Peinte en 1642, l'œuvre est conservée au Rijksmuseum d'Ams ­ terdam.

Ronde de nuit constitue probablement la plus grande réussite qui se puisse imaginer en matière de portrait de groupe.

Une troupe en mar che L'id ée fondamentale de la Ronde de nuit est de peindre un groupe en marche .

Déjà, vingt-six ans auparavant, Frans Hals avait insufflé la vie à un portrait de groupe en disposant les mili ­ ciens haarlemites de son Banquet du corps des archers de Saint-Georges autour d'une table et en les faisant discuter et s'agiter.

Mais le mouve­ ment de la compagnie ici représentée est beau­ coup plus considérable que celui du tableau de Ha ls.

Le moment que le peintre a représenté est celui où le défilé se forme.

Sur le comman­ dement du capitaine Cocq (fig uré au centre, en noir avec l'écharpe rouge) le tambour (à droite) donne le signal du rassemblement.

Chaque garde de la compagnie soulève a lors son arme, le porte-drapeau élève fièrement son étendard.

le cho ix du moment s'explique par une pré­ occupation précise : le peintre a voulu donner l'impression d'une extrême animation, mais il ne pouvait pas représenter le défilé en cours, la restitution du mouvement s'opposant à la reproduction exacte des traits des miliciens, c'est-à-dire à l'objet même de la commande, un portrait.

Un désordre savamment calculé De fait, l'impression d'animation du tableau ne résulte qu'en partie des mouvements des per­ sonnages .

Les officiers importants de la compa ­ gnie, tout au moins, se déplacent à peine.

Au centre, à l'avant du tableau, le capitaine et le lieutenant (un dénommé Willem Van Ruytenburch ) font semblant d'avancer, posaf!t fièremen t dressés en appui sur une jambe.

A gauche, l'homme au mousquet, et à droite, le groupe de miliciens entourant le tambour s'agi­ tent, mais de telle sorte que leurs mouvements, restitués par une peinture aux contours plus vagues, n'affectent pas la représentation de leurs visages.

Il en va ainsi dans tout le tableau.

Si les silhoue ttes des bourgeois peints par Rembrandt perdent parfois de leur netteté , les visages, eux, sont toujours reconnaissables.

Seul, l'homme portant un chapeau haut-de-forme, en arrière des officiers Banning et Ruytenburch, constitue une exception relative à cette règle .

La source de la tension et de la vie qui habitent la scène réside dans le déso r d re de cette troupe bigarrée dont les membres, jeunes et vieux mélangés , portent en guise d'uniforme des bérets, des chapeaux et quelquefois des casques, et se trouvent munis d'armes fort dis­ parates : lances, hallebardes, mousquets et arquebuses.

Le mouvement est donné égale ­ ment par les acteurs secondaires de la scène : un chien qui court dans l'espace vide séparant le lieutenant et le tambour, et, surtout, une enfant à la robe éblouissan te de lumière, qui traverse de part en part la place où s'effectue le rassem­ blement de la milice .

Enfin, le croisement des lances, à droite, et la diagonale formée par l'étendard levé, à gauche, prolongent dans le haut du tableau les directions dynamiques amo rcées dans le bas.

Les ressources de la lumière Mais l'impression de mouvement est donnée également par l'alternance de l'ombre et de la lumière.

Tandis que l'arriè re du cortège demeure plongé dans l'obscurité, Banning et Ruytenburch, en tête, avancent dans un rayon de soleil qui éclaire leurs visages, illumine la soie de l'habit du lieutenant et jette des reflets b lancs sur l'élémen t de cuirasse qui entoure son col.

La lumière de ce rayon se concentre pour être comme recueillie par la paume du capitaine, tournée vers le ciel.

La même main projette une ombre intense sur le pourpoint de l'officier en second, assignant clairem ent au capitaine une posi tion en tête du cortège, et met tant en valeur le geste par lequel il désigne la voie que celui -ci va suivre.

Cette succession serrée de clarté et de ténèbres exprime, poétiquement, la lumiè re réelle des Pays -Bas.

Mais les contrastes d'éclairage tradui­ sent surtout la mobili té de la foule, en arrière des deux hommes de tête.

De même que la lumiè re ne se fixe jamais et éclaire chaque objet d'une façon différente, de même, dans un groupe, les individus ne se déplacent jamais simultanément et ne demeurent jamais tous ensemble immobiles .

C'est cette mobilité d'un groupe, cet «arr angement en train de se désa­ gréger» - comme l'écrivait Paul Claudel- que le peintre a représenté, transcendant le portrait des bourgeois de sa ville.

Rembrandt Van Rijn R embrandt Harmenszoon , c'est-à-dire «fils d'Harmen », dit aussi van Rijn, parce que son père possédait un mou lin au bord du Rhin (Rijn), est né en 1606 à Leyde , avant-dernier d'une famille de neuf enfants.

Formé à l'éc ole latine et même , quelques mois durant , à l'un iver­ sité , il choisit d'e mbrasser la carrière de peintre et ent re comme apprenti chez le peintr e Jacob Van Swanenburgh puis, à Am ste rdam, chez Pieter Lastman .

De retour à Leyde , il ouvre son atelier en 1625 et remporte rapidemen t un suc­ cès qui l'in ci te à te n te r sa chanc e à Am ste rd am, centre culturellement beau ­ coup plus important.

Dès 1631, il s'é tablit dans cette ville chez le négociant d 'art Hendrik Van Uylenburgh , dont il épouse la nièce, Saski a, troi s ans plus tard.

De nouveau , c'est la réussi te , et les habi ­ tant s d' Amsterdam se disputent l'hon­ neur d'être portrai turés p ar lui.

Rembrandt réunit alors autour de lui un atelier compos é de nombreux assis­ tant s, qui contribuent largement à l'exé ­ cution de l'ensemble des peintures , et même des prétendu s autoportraits.

E n 1641 , un fils na ît , Titus , le seul des enfants de Rembrandt qui vivra ju squ 'à l'âge adulte.

L'ann ée suivante , cell e où est pein te la Ronde de nui t, Sas k ia m e urt .

Geertje Dircks, en trée dans la maison comme nou rrice de l'orphelin , devien t la maîtresse de Rembrandt.

Elle qu i tte le peintre en 1649 (en lui intenta nt un procès pour rup ture d e promesse de mariage - qu'elle perd finalement), et elle est remplacée par une autre servante, Hendrickje St offels.

Le peintre, à cette épo que , reço it un peu moins de comma ndes et dép ens e des sommes considérables pou r c ons titu er une collec tion d'objets d'art et de curiosité; en 1657, couv ert d e de ttes , il est décl aré en fai llite.

Pou r permettre à l'arti ste de con tinuer à peindre , Hendrickje et Titus fondent, d eva nt notaire , un commer ce d'art dont Rembrandt est l'emp loyé.

La fa mi lle se ret i re dans un quartier popu laire d'Amster dam , le Rozengra cht, où Hendrick je meurt en 1663 , précédan t Ti tus , qu i dispa raît en 1668 , et Rembrandt l ui-même, en 166 9.. »

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