LA RONDE DE NUIT
Publié le 14/09/2014
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«
La Ronde de nuit, dont le titre véri table est Le capitaine Frans Banning
Cocq donnant à son lieutenant l'ordre de départ de sa compagnie, est une huile sur toile de 363 cm de haut sur 437 cm de large .
Le titre habituel donné à l'œuvre date du x1x• siècle .
À ce moment , les couches successives de vernis posées sur la peinture sous prétexte de la sauvegarder, ainsi que le vieillissement naturel des couleurs,
avaient assombri les t eintes jusqu 'à donner l'imp ression d 'une scène nocturne.
Mais le clai r-obscur fait à ce point partie des moyens d'expression de Rembrandt que l'on ne saurait dire de manière certaine
si cette scène est censée, ou non ,
se dérouler de nuit.
Peinte en 1642, l'œuvre est conservée au Rijksmuseum d'Ams
terdam.
Ronde de nuit constitue probablement la plus
grande réussite qui se puisse imaginer en
matière de portrait de groupe.
Une troupe en mar che
L'id ée fondamentale de la Ronde de nuit est de
peindre un groupe en marche .
Déjà, vingt-six
ans auparavant, Frans Hals avait insufflé la vie
à un portrait de groupe en disposant les mili
ciens haarlemites de son Banquet du corps des
archers de Saint-Georges autour d'une table et en
les faisant discuter et s'agiter.
Mais le mouve
ment de la compagnie ici représentée est beau
coup plus considérable que celui du tableau de
Ha ls.
Le moment que le peintre a représenté
est celui où le défilé se forme.
Sur le comman
dement du capitaine Cocq (fig uré au centre, en
noir avec l'écharpe rouge) le tambour (à droite)
donne le signal du rassemblement.
Chaque
garde de la compagnie soulève a lors son arme,
le porte-drapeau élève fièrement son étendard.
le cho ix du moment s'explique par une pré
occupation précise : le peintre a voulu donner
l'impression d'une
extrême animation, mais il
ne pouvait pas représenter le défilé en cours,
la restitution du mouvement s'opposant à la
reproduction exacte des traits des miliciens,
c'est-à-dire à l'objet même de la commande,
un portrait.
Un désordre savamment calculé
De fait, l'impression d'animation du tableau ne
résulte qu'en partie des mouvements des per
sonnages .
Les officiers importants de la compa
gnie, tout au moins, se déplacent à peine.
Au
centre, à l'avant du tableau, le capitaine et le
lieutenant (un dénommé Willem Van
Ruytenburch ) font semblant d'avancer, posaf!t
fièremen t dressés en appui sur une jambe.
A
gauche, l'homme au mousquet, et à droite, le
groupe de miliciens entourant le tambour s'agi
tent, mais de telle sorte que leurs mouvements,
restitués par une peinture aux contours plus
vagues, n'affectent pas la représentation de leurs
visages.
Il en va ainsi dans tout le tableau.
Si les
silhoue ttes des bourgeois peints par Rembrandt
perdent parfois de leur netteté , les visages, eux,
sont toujours reconnaissables.
Seul, l'homme
portant un
chapeau haut-de-forme, en arrière
des officiers Banning et Ruytenburch, constitue
une exception relative à cette règle .
La source de la tension et de la vie qui habitent
la scène réside dans le déso r d re de cette troupe
bigarrée dont les membres, jeunes et vieux
mélangés , portent en guise d'uniforme
des
bérets, des chapeaux et quelquefois des
casques, et se trouvent munis d'armes fort dis
parates : lances, hallebardes, mousquets et
arquebuses.
Le mouvement est donné égale
ment par les acteurs secondaires de la scène : un
chien qui court dans l'espace vide séparant le
lieutenant et le tambour, et, surtout, une enfant
à la robe éblouissan te de lumière, qui traverse
de part en part la place où s'effectue le rassem
blement de la milice .
Enfin, le croisement des
lances, à droite, et la diagonale formée par
l'étendard
levé, à gauche, prolongent dans le
haut du tableau les directions dynamiques
amo rcées dans le bas.
Les ressources de la lumière
Mais l'impression de mouvement est donnée
également par l'alternance de l'ombre et de la
lumière.
Tandis que l'arriè re du cortège
demeure plongé dans l'obscurité, Banning et
Ruytenburch, en tête, avancent dans un rayon
de soleil qui éclaire leurs visages, illumine la
soie de l'habit du lieutenant et jette des reflets
b lancs sur l'élémen t de cuirasse qui entoure
son col.
La lumière de ce rayon se concentre
pour être comme recueillie par la paume du
capitaine, tournée vers le ciel.
La même main
projette
une ombre intense sur le pourpoint
de l'officier en second, assignant clairem ent
au capitaine une posi tion en tête du cortège,
et met tant en valeur le geste par lequel il
désigne la voie que celui -ci va suivre.
Cette succession serrée de clarté et de ténèbres
exprime, poétiquement, la lumiè re réelle des
Pays -Bas.
Mais les contrastes d'éclairage tradui
sent surtout la mobili té de la foule, en arrière
des deux hommes de tête.
De même que la
lumiè re ne se fixe jamais et éclaire chaque objet
d'une façon différente, de même, dans un
groupe,
les individus ne se déplacent jamais
simultanément et ne demeurent jamais tous
ensemble immobiles .
C'est cette mobilité d'un
groupe, cet «arr angement en train de se désa
gréger» - comme l'écrivait Paul Claudel- que
le peintre a représenté, transcendant le portrait
des bourgeois de sa ville.
Rembrandt Van Rijn
R embrandt Harmenszoon , c'est-à-dire «fils d'Harmen », dit aussi van Rijn, parce que son père possédait un mou lin au
bord du Rhin (Rijn), est né en 1606 à
Leyde , avant-dernier d'une famille de neuf enfants.
Formé à l'éc ole latine et même , quelques mois durant , à l'un iver sité , il choisit d'e mbrasser la carrière de
peintre et ent re comme apprenti chez le peintr e Jacob Van Swanenburgh puis, à Am ste rdam, chez Pieter Lastman .
De retour à
Leyde , il ouvre son atelier en 1625 et remporte rapidemen t un suc
cès qui l'in ci te à te n te r sa chanc e à
Am ste rd am, centre culturellement beau coup plus important.
Dès 1631, il s'é tablit dans cette ville chez le négociant d 'art
Hendrik Van Uylenburgh , dont il épouse la nièce, Saski a, troi s ans plus tard.
De
nouveau , c'est la réussi te , et les habi tant s d' Amsterdam se disputent l'hon
neur d'être portrai turés p ar lui.
Rembrandt réunit alors autour de lui un atelier compos é de nombreux assis tant s, qui contribuent largement à l'exé cution de l'ensemble des peintures , et
même des prétendu s autoportraits.
E
n
1641 , un fils na ît , Titus , le seul des enfants de Rembrandt qui vivra ju squ 'à l'âge adulte.
L'ann ée suivante , cell e où est pein te la Ronde de nui t, Sas k ia m e urt .
Geertje Dircks, en trée dans la maison comme nou rrice de l'orphelin , devien t la maîtresse de Rembrandt.
Elle qu i tte le peintre en 1649 (en lui intenta nt un procès pour rup ture
d e promesse de mariage - qu'elle perd finalement), et elle est remplacée par une autre servante, Hendrickje St offels.
Le peintre, à cette épo que , reço it un peu
moins de comma ndes et dép ens e des sommes considérables pou r c ons titu er une collec tion d'objets d'art et de curiosité; en 1657, couv ert d e de ttes , il est décl aré en fai llite.
Pou r permettre à l'arti ste de con tinuer
à peindre , Hendrickje et Titus fondent,
d eva nt notaire , un commer ce d'art dont
Rembrandt est l'emp loyé.
La
fa mi lle se ret i re dans un quartier popu laire d'Amster dam , le Rozengra cht, où
Hendrick je meurt en 1663 , précédan t
Ti tus , qu i dispa raît en 1668 , et Rembrandt l ui-même, en 166 9..
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