La peinture française du xviie siècle (Exposé – Art – Collège/Lycée)
Publié le 15/11/2018
Extrait du document
CARAVAGISME ET STYLE BAROQUE
• La génération des jeunes peintres français est marquée par le style du Caravage (la Diseuse de bonne aventure) : son naturalisme provoquant et révolutionnaire, son sens de sa mise en scène dramatique, la mise en valeur de la gestuelle et de la mimique de ses personnages.
• L'inspiration du maître italien traduit un changement d'esprit. Non seulement le Caravage choisit ses modèles dans le peuple, mais encore il souligne avec réalisme leur aspect humble et prosaïque.
Il rompt ainsi avec les conventions expressives, idéalistes du sentiment religieux.
• Enfin, le Caravage séduit et influence nombre d'artistes par sa « manière brune ». Cette conception toute personnelle de la lumière se caractérise par une violente opposition entre un fond sombre et un premier plan fortement éclairé latéralement.
• C'est à Rome, à la fin du xvie siècle et au début du xviie siècle, avec le Bernin (1598-1680), Borromini (1599-1667) ou Pierre de Cortone (1596-1669 ; palais Pamphili) que s'affirment les principes du baroque : recherche du mouvement, place primordiale accordée à l'émotion et au pathétique...
• La peinture privilégie les grandes compositions, les tourbillons de personnages, le trompe-l'œil, les effets de perspective.
■ Tous les artistes français qui séjournent à Rome fréquentent les ateliers et les académies de peinture, se taillant une place de choix dans la vie artistique italienne, et sont influencés, voire imprégnés, du style baroque.
GÉNÉRATION CLASSIQUE
• On ne peut parler, lorsqu'on évoque la peinture du xviie siècle, d'une « école française » et encore moins d'une « école parisienne ». En réalité, le royaume abrite dans ses provinces plusieurs foyers artistiques dynamiques qui, par leur éclat et leur originalité, n'ont rien à envier à la capitale. Il est donc plus juste, tout au moins jusqu'en 1650, d'évoquer « les peintres de France ».
LES PEINTRES DE FRANCE
Ni école française, NI ÉCOLE PARISIENNE
• C'est avant tout cette France des régions - rurale, couverte de châteaux et de couvents, souvent rebelle au pouvoir central - qui offre aux peintres du xviie siècle l'opportunité de carrières fécondes, en honneurs comme en profits.
• D'une part, Paris ne compte que 200 000 habitants alors que la France en dénombre 20 millions. C'est donc en province que réside la majorité des clients amateurs de peinture.
• D'autre part, la puissante corporation des maîtres peintres et sculpteurs de Paris, dont les statuts remontent au Moyen Âge, est très protectionniste. Elle interdit à quiconque n'a pas été admis dans ses rangs de peindre ou de sculpter et plus encore de vendre des œuvres. Pour ce faire, il faut avoir accompli à Paris ses années d'apprentissage et de compagnonnage. Aussi, un peintre formé en province a les plus grandes difficultés à s'imposer dans la capitale.
• Toutefois, deux vieilles coutumes limitent le pouvoir dont la corporation parisienne des peintres et sculpteurs se prévaut : le roi, la reine et certains grands peuvent décerner à l'artiste un brevet qui protège contre toute atteinte corporatiste ; certains lieux privilégiés - universités, collèges, abbayes et couvents - constituent des refuges inviolables.
La reconstruction : UN IMMENSE MARCHÉ
• Vers 1595, lorsque enfin Henri IV (1553-1610) conquiert sa couronne, la France ravagée par les terribles guerres de religion est en ruine. Presque toutes les provinces ont été le théâtre de pillages et de destructions massives : les églises sont vides de tableaux et de fresques, les châteaux sont en piteux état.
• Le premier souci du roi est de reconstruire le royaume.
Dès 1610, l’aisance réapparaît ; à partir de 1620, la prospérité renaît et le luxe réapparaît. Les artistes sont alors confrontés à une affluence de commandes sans précédent
• Dans les églises réparées et les couvents en construction, les murs sont décorés de neuf. À cette vague de restauration s'ajoute une nouvelle mode issue de l'influence baroque : celle des maîtres-autels à double étage et vaste retable. Plus timide, la demande profane se traduit par de grands décors peints dans les châteaux et par la commande de portraits.
• Vers 1650, toutefois, alors que sévit la Fronde, le marché s'essouffle. Les commandes se font plus rares et souvent de moindre importance.
Esquisse d'une carte artistique de la France
• Au cours du xviie siècle, Paris devient un pôle d'attraction artistique avec en son centre le Louvre, où le roi loge quelques-uns des meilleurs peintres de l'époque, et les quartiers de l'église Saint-Eustache et de l'abbaye de Saint-Germain-des-Prés qui abritent une colonie d'artistes provinciaux et étrangers.
• En Provence, le triangle formé des villes d'Aix, de Marseille et de Toulon est certainement, après Paris, le plus riche foyer d'art français de l'époque. Il s'y élabore un art indépendant de très haute qualité.
«
·
Cette doctrine s'appuie sur deux axes
prioritaires :
la peinture
de Nicolns
Poussin (1594-1665;
Autoportrnif)
et le style
antique.
Ou premier,
on commente
inlassablement les œuvres, admirant
la manière noble avec laquelle il traite
les sujets historiques.
Ou second,
on dit qu'il contient « tous les secrets
de l'art» ; désigné comme la voie
de la perfection, il doit être imité
et indéfiniment copié.
• Enfin l'Académie organise des
expositions publiques des œuvres
de ses membres.
Le premier Salon
se tient en 1667.
De fréquences
irrégulières, ces manifestations
deviendront des événements artistiques
majeurs, surtout à partir du XVIII' siècle.
LES DÉRIVES DE L'ACADÉMIE
• Si l'Académie accueille les plus grands
peintres et sculpteurs de son temps,
elle impose aussi des contraintes qui
ne manque pas de briser certains élans.
• Au travers de son enseignement,
l'institution détient un véritable
monopole.
C'est elle qui organise
les « grands prix », dés pour les artistes
d'un séjour à l'Académie de France
à Rome, fondée en 1666.
• C'est encore l'Académie qui régit
les carrières, par l'accès aux différents
grades : professeur, recteur, premier
peintre du roi, directeur.
• En fixant pour plus de deux siècles
les bases d'un art officiel, l'Académie
privilégie la conformité à des règles
aux dépens de l'expression individuelle.
LE NOUVEL ÂGE O'OR
L'ÉMERGENCE DES ATELIERS
• La notion d'atelier est une donnée
essentielle de la vie artistique
du XVII' siècle.
La pratique se généralise
dans toute l'Europe.
• L'atelier permet aux artistes
de partager le travail, d'utiliser
au mieux les compétences des élèves
- les uns spécialisés dans le paysage
ou l'ornement, les autres dans la nature
morte ou le personnage -tout en
assurant à l'ensemble de la production
une indiscutable unité.
• Grace à un atelier parfaitement
organisé, le maitre peut répondre
à d'innombrables commandes.
C'est en partie pour n'avoir pas su
-ou pas voulu -s'entourer d'un atelier
que Poussin n'a pu s'adapter au rythme
des grandes commandes et que
son séjour parisien de 1640-1642
est demeuré un échec.
L'APPARITION DU COLLECTIONNISME
• le commerce de l'art engendre
le développement d'un phénomène
nouveau : le « collectionnisme ».
Autrefois privilège princier -car elle
impliquait un grand train de vie,
une vocation de mécène et une grande
cultur e-, la collection s'étend
aux simples amateurs.
• Ou coup, le peintre trouve en
l'amateur un interlocuteur nouveau,
lequel devient souvent un ami.
De son côté, le collectionneur établit
la renommée de l'artiste.
li n'est pas rare,
lorsque le succès arrive, de voir
des peintres ne plus travailler que
pour leur réseau de collectionneurs.
·Vers 1640, l'activité des marchands
et des collectionneurs fait naître un
commerce de l'art qui se développe
rapidement.
Ce marché florissant
est aux mains de quelques artistes
et amateurs, lesquels aiment montrer
leurs trésors, mais savent aussi
les céder contre un solide bénéfice.
• Avec l'expansion du marché de l'art,
les marchands imposent aux artistes
certains types de tableaux en vogue :
sujets profanes, pittoresques ou
plaisants ou bien tableaux de dévotion.
Ces commandes sont exécutées
dans des dimensions réduites
qui conviennent mieux aux amateurs.
LA HIÉRARCHIE DES GENRES
• Le rôle premier de l'artiste est
de « mettre en scène » des actions
réelles ou imaginaires.
Cette fonction
est considérée comme la plus noble.
Au sommet de cette hiérarchie
des genres règne le peintre d'histoire.
• C'est à lui que revient le soin
d'illustrer les épisodes de l'histoire
antique, de l'histoire sainte
et de la mythologie.
Pour cela,
il a souvent recours à l'allégorie.
• Le grand décor est le domaine
de prédilection du peintre d'histoire.
Il travaille de concert avec
les architectes, les sculpteurs
et les stucateurs -qui préparent
ou appliquent le stuc.
Les galeries
dont se parent les demeures nobles
s'imposent comme des lieux privilégiés
de la création artistique.
· Tout l'enseignement de l'Académie
royale est tourné vers l'exécution
de ces grandes compositions et vers ce
qui en constitue leur fondement même :
la représentation du corps humain.
LES GENRES SECONDAIRES
• Au genre secondaire appartiennent
le portrait, qui a certes l'homme pour
sujet mais ne se soucie ni d'actions
ni de mise en scène ; puis le paysage,
« héroïque » ou « pastoral » ; enfin
la nature morte, qui est le dernier
échelon de la hiérarchie car considérée
comme trop dépendante de la réalité.
• Toutefois, les genres secondaires
connaissent aussi, tout au long
du XVII' siècle, une profonde évolution
qui est fonction du changement
des goûts et de la conception
qu'en a chaque génération.
• Le portrait a toujours bénéficié
de faveurs particulières, en raison
de sa fonction sociale.
Au XVII' siècle,
il traduit l'expression d'une méditation
sur la nature humaine de l'artiste,
à l'image de Philippe de Champaigne
(1602-1674) qui définit les traits majeurs
du genre : clarté, finesse psychologique,
élégance de la mise en forme.
• le XVII' siècle est aussi un grand siècle
pour le
paysage,
illustré
en particulier
par l'œuvre
de Clnude
Gellée, dit
le Lo"nin
(1600-1682),
le plus célèbre
des paysagistes français, qui donne
à ses tableaux un cadre pastoral
et poétique raffiné.
•
Quant à la nature morte, elle cannait
un grand développement dans les
années 1620-1630, illustrant l'élégance
et la simplicité que les artistes ressentent
devant la poésie du quotidien.
Durant la seconde moitié du siècle,
les peintres de nature morte
abandonnent toute précision botanique
en quête de spectaculaire.
Ces artistes
collaborent au grand décor en réalisant
trumeaux et dessus-de-porte ...
ÉTAT DES LIEUX
• Dès 1650, les peintres français,
qui ont assimilé toutes ces influences,
fondent un style original qui, conjugué
avec le caractère ostentatoire du règne
naissant de Louis XIV, devient
emblématique d'une France parvenue
à la suprématie artistique.
• Désormais, ce n'est plus Rome
mais Paris qui donne le ton en matière
d'art et en impose à toute l'Europe.
L'Italie est assimilée à un immense
musée des merveilles.
les artistes
de ce grand siècle qui avait recueilli
l'héritage de Fontainebleau, lèguent
Versailles au siècle des Lumières.
LES GRANDS MAÎTRES
SIMON Voun (1590-1649)
• Parti en Italie à 22 ans, Vouet
y demeure quinze années.
Il y connaît un vrai succès, cristallisé
par la réalisation en 1625 de la Cène,
une fresque pour Saint-Pierre de Rome.
Rappelé en France en 1627 par
louis Xlii, il est nommé premier peintre
du roi et reçoit une multitude de
commandes.
Durant deux décennies,
il règne sur l'art français.
Son œuvre,
fort riche, subit des évolutions
marquantes, allant d'un caravagisme
initial à « une palette gaie et savante »,
à l'image de Loth et ses filles (1633)
ou de l'Adoration du nom divin (1646).
Sa gloire souffre de l'apparition
de Poussin.
GEORGES DE LA TOUR
(1593-1652)
• De la Tour est peintre de la ville
de Lunéville et peintre ordinaire du roi
louis Xlii.
Son art se caractérise par une
composition très méditée.
des volumes
finement modelés, une extrême acuité
psychologique, une rare maîtrise de
l'éclairage nocturne.
S'inscrivant dans
le courant du caravagisme européen,
il fait toutefois preuve d'une forte
personnalité, accordant à la lumière
une valeur mystique.
On lui doit
notamment ln Diseuse de bonne
nventure (1632), les quatre Madeleine
(1638), Saint Joseph charpentier
(v.
1640), le Nouveau-Né {1645).
NICOLAS POUSSIN (1594-1665)
• Arrivé à Rome en 1624, à l'âge
de 30 ans, Poussin attire rapidement
l'attention des plus grands mécènes
italiens et participe activement
à l'éclosion du mouvement baroque.
Se référant à l'Antiquité et à l'art
de Raphaël.
qu'il fait sien, il procure
à la peinture française, tout en effectuant
une carrière principalement
italienne, cette valeur universelle
qui lui faisait défaut jusque-là.
Poussin se distingue dans de grandes
compositions historiques et au
caractère épique comme l'Enlèvement
des Snbines (1634-1635).
Quant à la première série des
Sacrements (1636-1640), elle atteint
une sobriété expressive et une rigueur
formelle exceptionnelles.
CLAUDE GELLÉE, DIT LE LORRAIN
(1600-1682)
• Le Lorrain fait carrière en Italie et
se consacre uniquement à la peinture
de paysages.
Reconnu vers 1637,
il est très apprécié du pape Urbain VIII
et vend ses œuvres à de nombreux
amateurs d'art.
Après une première
phase, constituée surtout de marines
- Port de mer nu soleil couchnnt
(1639) -,il peint des paysages où figurent
des scènes bibliques et mythologiques,
baignées par une lumière diffuse.
PHILIPPE DE CHAMPAIGNE 1602·1674
• D'origine flamande, Champaigne
ne séjourne pas en Italie.
La faveur
de Marie de Médicis lui vaut en 1628
la charge de peintre ordinaire de
la reine mère.
Ce titre lui procure de
nombreuses commandes : décorations
religieuses et portraits de cour,
notamment ceux du cardinal de
Richelieu et
de Louis Xlii.
Le caractère
de ses
compositions et la richesse
du chromatisme
indiquent
une tendance
baroque mêlée
au caravagisme et à l'influence de
Nicolas Poussin.
PIERRE
MIGNARD
(1612-1695)
• Élève de Jean Boucher à Bourges,
--,....-�------ Pie�
Mignnrd
séjourne
vingt-deux ans
en Italie,
ce qui lui vaut
le surnom
de Mignard
le Romain.
r-�. liïi�:::"'-"1 Peintre
Il n'entre
à l'Académie
qu'en 1690,
après s'ê tre opposé à Le Brun.
Brillant
coloriste, il manifeste aussi ces dons
dans des compositions décoratives.
EUSTACHE LE SUEUR (1616-1655)
• Élève préféré de Vouet, Le Sueur
imite d'abord le style de son maitre,
puis s'affirme avec le cycle de
la Vie de saint Bruno (1644-1648).
Membre fondateur de l'Académie
royale de peinture, il se distingue
par des compositions apaisées,
agencées avec sobriété et baignées
d'une lumière claire et diffuse.
Il se consacre surtout à des œuvres
religieuses comme Agar et l'ange
(v.
1650), l'Adoration des bergers (1653).
ANTOINE, LOUIS (MORTS EN 1648)
ET MATTH IEU (MORT EN
1677) LE NAIN
• L'atelier de ces trois frères,
établis à Paris vers 1629, acquiert
vite une certaine renommée.
Ils doivent leur réputation à leurs
œuvres mythologiques et religieuses
et surtout à leurs scènes de genre
et à leurs scènes de la vie paysanne.
Les Joueurs de trictrac sont attribués
à Matthieu, la Réunion de famille
(1642) à Antoine et Retour de
la fenaison (1641) à Louis.
(HARLES LE BRUN
(1619·1690)
• Après un passage dans l'atelier
de Vouet, Le Brun séjourne quatre
années à Rome et joue un rôle
prépondé rant dans la création
de l'Académie royale, dont il sera
le directeur à partir de 1683.
Nommé premier peintre de Louis XIV,
il exerce un pouvoir croissant
sur la direction et l'organisation
des beaux-arts.
Répondant aux souhaits
de Louis XIV, il fait de Versailles
et de sa go/erie des Glnces
un hymne à la gloire du souverain,
contribuant ainsi à donner un
rayonnement européen à l'art français.
Sa Descente de la croix (1679)
est un modèle inégalé de perfection
depuis la Renaissance..
»
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