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La peinture française de David à Manet (Exposé – Art – Collège/Lycée)

Publié le 15/11/2018

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MAÎTRES DE LA LIGNE, MAITRES DE LA COULEUR

La peinture française de la fin du xviiie siècle et du xixe siècle est marquée par une succession de mouvements artistiques demeurés majeurs dans l'histoire de cet art. Détachée des autres arts plastiques - en recul -, cette production picturale en pleine mutation, commence par le Serment des Horaces (1784), premier tableau néoclassique de Jacques-Louis David, et s'achève avec l'œuvre d'Édouard Manet dont la « vision moderne » ouvre la voie à la nouvelle génération des peintres impressionnistes.

LE RETOUR À L'ANTIQUE

Le néoclassicisme, caractérisé par le retour aux formes gréco-romaines, domine la peinture française de la Révolution et de l'Empire, jusque vers 1830.

Mouvement aux composantes multiples, il illustre plus qu'un simple regain d’intérêt pour l'Antiquité classique : lié aux événements politiques de l'époque, il substitue au style xviii', jugé frivole et artificiel, un style simple fondé sur des valeurs de clarté, de lisibilité et d'ordre rationnel.

C'est ainsi que l'esthétique néoclassique devient l'art officiel des régimes républicains issus de la Révolution française, choisie parce qu'elle est associée à la démocratie de la Grèce antique et à l'héroïsme de la République romaine.

• Jacques-Louis David (1748-1825) donne toute son ampleur à ce nouveau style parti de Rome en l'orientant vers une plus grande austérité. Il fait de son atelier, de la Révolution jusqu'à la chute de Napoléon Ier, je foyer rayonnant de l'école néoclassique.

Jacques-Louis David

C'est à Rome où il séjourne entre 1775 et 1780 que David se passionne, sous l'influence de Winckelmann et des disciples de celui-ci, pour la ligne pure et les vestiges antiques ainsi que pour l'œuvre du peintre du xviie siècle Nicolas Poussin.

Dès lors, il privilégie le dessin et le volume qui priment sur la couleur, réduite à quelques tons froids sans modulation chromatique.

David devient célèbre avec sa première commande, le Serment des Horaces (1784), véritable manifeste du nouvel idéal. Cette toile, porteuse d'un thème moral et patriotique, présente une composition structurée où l'agencement des personnages sculpturaux rappelle celui des frises antiques.

• Cette forme de peinture historique, noble et héroïque, à l'antipode des œuvres frivoles du temps de Louis XV, continue de s'illustrer dans la Mort de Socrate (1787) et Brutus (1789). Elle est plébiscitée par la Révolution. Mettant son art au service de la nation, David adopte un style plus réaliste comme l'attestent le Serment du Jeu de paume, resté inachevé, et Marat assassiné (1793).

Après la chute de Robespierre, David peint les Sabines (1799), toile qui lui vaut la faveur de Bonaparte, grand admirateur de l'ordre romain.

Il peint alors le portrait équestre de Bonaparte au col du Grand Saint-Bernard (1800), plus flatteur que véridique, avant de s'atteler, durant près de trois ans, à la commande du Sacre de Napoléon I\" (1807), une immense galerie de portraits à la composition savante. C'est l'une des quatre toiles destinées à glorifier l'Empire avec l'intronisation, /'Arrivée à l'Hôtel de Ville et la Distribution des aigles. Seule la dernière, un tableau imposant au souffle épique, est finalement exécutée (1810), en plus du Sacre.

Après la chute de l’Empire, David s'exile à Bruxelles où il travaille jusqu'à sa mort en 1825.

Plutôt libéral, axé sur la valeur primordiale du dessin d’après nature, l'enseignement qu'il dispense toute sa vie influence de nombreux peintres. Parmi eux, de jeunes talents se distinguent, opposant à la tension héroïque prônée par leur maître une douceur personnelle : Gérard (1770-1837) peint ainsi Psyché reçoit le premier baiser de l'Amour et Girodet-Trioson (1767-1824) le Sommeil d'Endymion etAtala au tombeau. Figurent aussi parmi ses élèves des artistes à la personnalité indépendante, qui seront à la source des courants majeurs de la peinture au xixe siècle, tels Pierre-Paul Prud'hon (1758-1823), Jean-Auguste Dominique Ingres (1780-1867) ou Antoine Gros (1771-1835).

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« • Précurseur du romantisme, Gros substitue au néoclassicisme dépouillé de David de vastes compositions aux thèmes d'actualité, qu'il traite grâce à une palette vive et expressive.

• Ces premières œuvres audacieuses, admirées par Delacroix et Géricault, sont suivies de tableaux mythologiques plus conventionnels.

Ce retour en arrière est sanctionné par la désaffection du public qui pousse Gros au suicide en 1835.

THÉODORE (ÎÉRICAULT • A l'instar de Gros, Géricault incarne l'artiste maudit à la vie courte et tourmentée.

Chantre du désespoir et de la souffrance humaine, il prend bientôt la tête du jeune mouvement romantique.

• Formé successivement dans les ateliers de Carle Vernet et de Pierre Guérin (élève de David) et à l'École des beaux-arts de Paris, il complète son enseignement par un séjour à Florence et à Rome où il s'enthousiasme pour l'œuvre de Michel-Ange et de Rubens.

• Dès le début de sa carrière, Géricault, sous l'influence de Gros, privilégie les thèmes de la vie quotidienne et de l'actualité politique qu'il traite comme de hauts faits héroïques dans des toiles de grandes dimensions.

Son Officier • Ce style exalté trouve son accomplissement dans le Rode11u de /11 Méduse, remarqué au Salon de 1819.

S'inspirant d'un fait divers tragique, l'œuvre représente les rescapés du naufrage de la frégate La Méduse au large de la Mauritanie.

La composition pyramidale, le clair­ obscur et la présence de figures directement inspirées des exercices académiques contrastent avec le traitement réaliste de l'agonie et la nature même du sujet, allégorie politique d'une modernité indiscutable.

Le tableau déclenche une vague de violentes polémiques que Géricault esquive en accompagnant le tableau dans une exposition itinérante de deux années en Angleterre et en Irlande.

Il rapporte de ce séjour outre-Manche le remarquable Derby d'Epsom (1821).

EUCENE DELACROIX • Delacroix entre en 1815 dans l'atelier de Pierre Guérin, où il se lie d'amitié avec Géricault, puis l'année suivante à l'École des beaux-arts.

• Envoyé au Salon, son premier tableau, Dante et Virgile aux Enfers (1822), étonne par la nouveauté du thème et la violence de la palette et des attitudes, fort éloignées des règles de l'enseignement académique.

Le peintre est à cette époque sous la forte influence de son ami Géricault.

· À la mort de ce dernier, en 1824, il lui succède comme chef de fil du ·�····· romantisme pictural.

Les MIISSIICres de Scio (1824) se distinguent ainsi du style néoclassique par l'actualité du thème, par la hardiesse de la composition et des tonalités.

Les représentants du néoclassicisme, en particulier Ingres, sont indignés.

Ils le sont plus encore à la découverte, au Salon de 1828, de 111 Mort de Sllrdllnllptlle (1827), une toile sensuelle et violente inspirée d'un poème de Byron, qui mêle profusion des personnages, luxe oriental et audace des couleurs.

• En 1832, le voyage qu'il effectue en Afrique du Nord le bouleverse.

Fasciné par les couleurs et les lumières de l'Orient il devient l'un des représentants majeurs de l'orientalisme français.

Ses croquis et aquarelles exécutés sur le vif, sont à l'origine de tableaux majeurs : Femmes d'Alger dans leur apparte ment (1834), la Noce juive au Maroc (1839), le Sultan du Maroc (1845).

• De retour en France, Delacroix entame une carrière de décorateur.

Il exerce ses talents au Palais-Bourbon (salon du Roi et bibliothèque, 1833- 1847), au Sénat (bibliothèque, 1840- 1847) et au Louvre (galerie Apollon, 1850-1851), perfectionnant la technique du « flochetage » qui annonce, par la juxtaposition des couleurs hachurées et entrelacées, le style impressionniste.

WPAYSAGimS · À partir de 1830, le genre du paysage prend progressivement une place prépondérante, focalisant toutes les nouvelles tendances picturales, du naturalisme au réalisme pré­ impressionniste.

lEAN-BAPTISTE COROT • Le plus grand paysagiste français du x1x' siècle, Jean-Baptiste Corot (1796-1875), est l'un des premiers peintres à réaliser des études et des croquis d'après nature et en plein air.

• Remarquables par la qualité de la lumière et la vérité des couleurs, ces esquisses sont ensuite transformées en tableaux à l'atelier.

Le sens de la composition hérité de l'enseignement académique y est contrebalancé par un réseau de touches juxtaposées, légères et de tons argentés -I'Ét11ng de Ville d'Avr11y et Souvenir de Mortefontaine (1864).

• Au fil de quelque 4 000 toiles, Corot se positionne à la fois comme l'un des continuateurs de la tradition paysagiste incarnée par Poussin et Le Lorrain et comme l'un des précurseurs de l'impressionnisme.

l'ÉCOLE DE BARBIZON • Autres paysagistes avant-gardistes, les peintres de l'école de Barbizon sont unis dans leur opposition aux conventions picturales classiques véhiculées par la très conservatrice Académie des beaux-arts.

1-------------� ·À l'exemple de Corot, ils HONORÉ DAUMIER • Le romantisme ne meurt pas avec Delacroix en 1863.

Honoré Daumier (1808-1879) reprend le flambeau avec des peintures, très longtemps sous-évaluées, où 1 'on retrouve le même engagement et la même volonté réaliste que ses dessins.

• De 1848 à 1868, il est l'un des rares peintres à regarder le monde qui évolue autour de lui.

Il représente, dans des clairs-obscurs appuyés, l'humanité au travail et la vie quotidienne des plus humbles -1• BIIIIKhls­ seuse (v.

1863), l'Homme à la corde à nœuds (1862), le Wagon de troisiéme classe (1862) -, mais aussi le romantique Don Quichotte {1850-1860).

• Ces toiles à la facture riche et dynamique font de Daumier l'un des précurseurs de l'expressionnisme.

se distinguent par leur habitude de peindre sur le vif, en extérieur, avant d'achever leurs toiles en atelier.

Ils pratiquent leur art aux alentours du village de Barbizon, en forêt de Fontainebleau, entre 1840 et 1870.

• Théodore Rousse11u, chef de file en titre, Charles François Daubigny, Narcisse Virgile Diaz de La Peiia, Jules Dupré, Constant Troyon prônent, chacun à leur manière, un retour à la nature qui doit autant aux thèses de Jean-Jacques Rousseau qu'à la pratique des paysagistes anglais de leur époque comme John Constable ou Richard Parkes Bonington.

• Attachés au naturel et à l'emploi d'une palette réaliste appliquée, dès 1855, par fines touches juxtaposées pour augmenter la lumière, ils participent à l'essor du réalisme et à la genèse de l'impressionnisme.

l'ESSOR DU RÉALISME • Introduit par le genre du paysage cher aux peintres de l'école de Barbizon, le réalisme se diffuse en France vers 1850 autour de la peinture de Jean-François Millet {1814-1875) et encore plus de celle de Gustave Courbet (1819-18n).

Ceux­ ci hissent au niveau du « grand genre », c'est-à-dire de la peinture d'histoire, les scènes de la vie quotidienne.

lEAN-fRAN 015 MILLET • En peignant ses scènes paysannes, Millet donne à son œuvre qualifiée de « réaliste » une dimension plus poétique que sociale, empreinte de nostalgie et de recueillement.

• Après une formation académique, Millet est d'abord portraitiste, peignant aussi des idylles pastorales dans la tradition du Corrège et de Prud'hon.

C'est la révolution de 1848 qui l'oriente davantage vers l'homme du peuple.

Ami de Narcisse Virgile Diaz de La Peiia et de Théodore Rousseau, il s'installe vers 1849 à Barbizon, se consacrant dès lors à la peinture réaliste et poétique du terroir : les G/11neuses (1857), l'Angélus {1859), le Semeur (1850), les Planteurs de pommes de terre (1862).

• À partir de 1860, il exécute des paysages magnifiant la nature et relatant la dure vie campagnarde -l e cycle des saisons (1868-1874).

• Son œuvre influencera profondément Van Gogh, Pissarro et Seurat.

GUSTAVE COURBET • Profondément anticonformiste, Courbet se forme lui-même en copiant les chefs-d'œuvre de Géricault et Delacroix exposés au Louvre et en peignant dans la forêt de Fontainebleau.

• Après des premières œuvres à la sensibilité romantique, le peintre est bouleversé par la découverte, en 1846, de l'œuvre de Rembrandt, qui le pousse à peindre la réalité sans artifice.

• Après la révolution de 1848, ce jeune républicain militant s'oriente vers un réalisme social engagé -les Casseurs de pierres (1849) -qui le conduit au scandale d'Un enterrement il Orn11ns {1850), exposé au Salon de 1851.

La toile monumentale choque autant par la «vulgarité » de son sujet et de ses personnages, des paysans pauvrement vêtus, que par l'âpreté de sa palette contrastée.

t:événement fait de Courbet le chef de file du mouvement réaliste.

• En 1855, Courbet fait construire le « pavillon du réalisme » pour exposer quarante de ses tableaux refusés par le jury de l'Exposition universelle, parmi lesquels les Cribleuses de blé {1855) et l'Atelier {1855, détail), une synthèse de l'époque où se mêlent rêve et réalité, qu'il sous-titre « Allégorie réelle, histoire morale et physique de mon atelier ».

• Il publie bientôt le Manifeste du réalisme, affirmant« vouloir faire de l'art vivant».

Ainsi Courbet peint-il, sans fard ni complaisance, ses modèles féminins -Demoiselles des bords de la Seine {1857), le Sommeil {1866) ou encore l'étonnant Origine du monde, gros plan sur un sexe féminin.

• La nouveauté de telles œuvres lui valent une certaine notoriété.

Parmi ses admirateurs figure Jules Bastien-Lepage (1848-1884) qui, comme lui, emprunte ses thèmes à la réalité quotidienne.

• En 1875, Courbet découvre Édouard Manet {1832-1883) dont il tente de suivre la voie.

"Je me suis mis à faire ce que je voyais , tâchant d'oublier ce qu'on m'avait appris», écrit-il.

ÉDOUARD MANET • Formé par la fréquentation des musées et non par l'observation directe de la nature, mais conscient des impératifs de la modernité, Manet construit une œuvre charnière entre le romantisme de Delacroix, le naturalisme de Courbet et l'impressionnisme à venir.

li impose une nouvelle manière de voir, née de la sensation immédiate.

Ainsi le Bain (1863), rebaptisé par la suite le Déjeuner sur l'herbe, révèle un traitement sans compromis qui scandalise par ses modelés aux violents effets de contraste et ses formes simplifiées.

• Olympi• (1863) choque à nouveau par son sujet et surtout par le contraste entre les zones claires et foncées.. »

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