LA MAJESTÉ DE SAINTE FOY
Publié le 14/09/2014
Extrait du document
«
dème fermé de deux étri ers à la man i ère
carolingienne.
À ses oreilles pendent des
boucles, œuvre d'artiste s byzantins ou
musulmans du X' siècle.
Sa robe et son trône
sont ornés d'une décoration sophistiquée
composée d'un réseau de filigranes qui cerne
de grosses gemmes alternant avec de plus
petites pierreries.
En un savant jeu de cou
leurs précieuses scintillent améthystes et
émeraudes, cornalines et
onyx, intailles et
camées hérités de coll iers antiques.
Sur la
face postérieure , un cristal de roche, que l'on
peut dater
avec certitude des années 860-
870, est gravé selon la technique carolin
g i
enne des ateliers de Metz ou de Reims ,
pour montrer en transparence l'image de la
crucifixion.
Plusieurs siècles d'offrandes
Réalisée dans les ateliers de Conques à la fin
du X' siècle, cette statue reliquaire est compo
sée en partie des dons hétérocli tes et précieux
consentis par les fidèles à l'ab baye au cours
des siècles précédents.
L'art des trésors
Art des trésors et culte des reliques.
Pour comprendre le sens et l'importance de l 'art des trésors dans l'Occident médiéval, il faut se remettre en mémoire l'i mportance qu'y revêt le culte des reliques.
Posséder un frag
ment du corps de ceux qu'on considère
comme
les héritiers du Christ , c'est déjà
communiquer avec l'au-delà , se protéger
contre les forces du mal et bénéficier de
la puissance que seule confère la sain teté.
Chaque église tente ainsi de s'approprier un peu de ce prestige en possédant ne fOt-ce qu'une parcelle d 'un
corps saint,
qu'elle conserve précieuse
ment dans des reliquai res dignes d'une telle magnificence .
Des pièce s aux formes var iées.
Construits avec de petites ouvertures
permettant de voir la relique (les mons
trances) , ces reliquaires sont infiniment
variés.
Ils prennent souvent la forme
Mais son caractère composite se trouve
accentué au fil des siècles, chaque époque
laissant
sa marque sur l'objet prestigieux.
Dans les années 1300, au moment où la piété
se fait encore plus sensuelle, la poitrine est
ornée d'une fenêtre (monstrance) d'argent en
forme de trèfle à quatre feuilles (quadrilobe )
permettant de voir la relique.
Au XV' siècle, on
place au sommet des montants du trône des
sphères de cristal.
Au XVI', on refait de gra
cieuses mains d'argent doré.
Au XIX' siècle,
enfin, de nouvelles surcha rges (cha ussures et
escabeau) s'ajoutent à la profusion de
l'ensemble.
Le retour de la statue
en ronde bosse
La très étrange statue est-e lle, comme l'ima
gine d'abord Bernard d'Angers, une lointaine
descendante des idoles païennes ou le proto
type d'un nouveau type de reliquaire?
Il est bien difficile de répondre à cette ques
tion.
Quoi qu'il en soit, cette Majesté a une
très haute valeur symbolique.
Par elle,
l'Ég lise médiéva le se réapproprie des sym
boles hérités
de la Rome impériale - le
trône et la couronne.
Elle expérimente une
nouvelle plastique que les siècles antérieurs
avaient cessé de pratiquer : celle de la statue
isolée de tout support.
Enfin, elle invente
une esthétique, surchargée à nos yeux, où
l' héritage de la joaillerie antique, de l'orfè
vrerie barbare
ou de la sculptu re carolin
gienne se conjuguent, pour l'enchantement
des fidèles de ce temps.
d'é glises miniaturisées qui évoquent la
Jérusalem céleste, imitent un tombeau ,
ou représeritent la forme de la relique qu'ils renferment : croix, buste , tête ,
bras , pied ...
Le
lux e et la foi.
Autour de ces récep tacles sacrés, abrités en des cryptes qu'éclaire la lumière de mille cierges, les
pèlerinages se multiplient, les prières montent dans l'odeur de l'encens , les
dons affluent, souvent sous forme de pierres précieuses que l'on incrus te derechef sur l'or des châsses.
L'or ,
comme dans toutes les civilisations, est le symbole de la gloire, de la lumière divine .
Les pierres précieuses évoquent le sang des martyrs.
Le cristal et l'ivoire, présents aussi sur les reliquaires , sont
des matériaux attribués à la Vierge.
La
richesse des châsses et leur mobilité en
font des objets convoités que les églises gardent jalousement..
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