LA LOGE d'Auguste RENOIR

« lA LOGE 1874 Pe intre français Analyse ~ Considéré par l'ensemble des historiens comme un chef-d 'œuvre de l 'art de Renoir , mais aussi de l' histoire de l'impressionnisme , La Log e est une œuvre complexe, au-delà de son pouvoir de séduction immédiat.

Renoir met ici en scène une jeune bourgeoise, ou plus vraisemblablement une demi-mondaine, qui laisse admirer sa beauté et l'élégance de sa parure , tandis que son compa­ gnon s'intéresse au public des loges voisines .

Le modèle qui a posé pour la jeune femme au pre­ mier plan est connue sous le triste - et apparem­ ment injuste - surnom de « Nini Gueule-de­ raie ».

L 'homme , quant à lui, a été posé par Edmond Renoir, le frère de l'artiste.

Si certains veulent voir dans cette œuvre l' image d 'une déc a­ dence fin de siècle , peu ,d 'éléments objectifs per­ mettent de l'affirmer.

A l' évidence , Renoir ne porte pas de jugement moral sur les protagonis­ tes.

Mais il décrit avec un plaisir manifeste la beauté de Nini et la couleur nacrée de son teint qui se confond avec celle des perles et du tissu de la robe ; celle-ci est magnifiquement mise en valeur par les rayures noires du tissu, l'or d 'un bijou et de la chevelure , l' éclat des roses et des lèvres.

L 'homme , au second plan , ne lui sert apparemment que de faire-valoir ; l'artiste l' a traité dans les mêmes tons mais dans une gamme assourdie .

Quand cette œuvre a figuré à la première expo­ sition impressionniste en 1874, les critiques , pro- - ' XIXe.xxe siècles Im pressionnisme Huile sur toile 80 x 63 cm bablement sensibles à la séduction du sujet , ne l'ont généralement pas directement attaqué e.

Il est vrai que Renoir use ici d'une touche rapide et fragmentée , « impressionniste », pour traduire les détails tels que la chevelure ou le tissu chatoyant de la robe , mais il réserve un traitement plus soi­ gné, plus « fini » et traditionnel , au visag e ainsi qu 'aux mains du modèle , c'est-à-dire aux « parties nobles » du tableau.

Les critiques , venus pour se moquer de la nouvelle peinture, se sont donc complus à tourner en dérision des œuvr es plus audacieuses , celles de Monet notamment.

L'œ uvre C Le tableau est sign é e t daté en bas à gauche «A.

Renoir 74 ».

Il figura à la premièr e exposition impressionniste, che z le photographe Nadar, en 187 4 .

Le marchand Durand-Rue! l'expos e à Lon­ dre s l' année m ê me et le rend à l'artiste le 12 mars 1875.

Renoir vend la toile au père Martin , un des premiers marchand s de tableaux impr essionnist e s et elle e ntre peu après dans la coll ection d e Louis Flornoy , un amateur nantais.

Durand-Ru e/ la lui rach ète en 1899 pour 7 500 F et la conserv e dans sa collection personn elle.

Il la cède en 1925 à Per cy Moore qui la revend aussitôt à Samuel Courtauld.

Un e petit e ve rsion de La Loge, probablem ent une r é pliqu e du tableau de la collection Courtauld , se trouv e dans une coll ection particulière .

Le s peintre s et l e th éâtre + Au cours du Second Empire , le théâtre prend l'occasion de confronter les acteurs de la comédie une place prédominante dans la vie parisienne.

Les sociale parisienne .

Un tableau comme Les Specta- peintres se plaisent dès lors à représenter ce pôle teurs au théâtre de la National Gallery de Washing- de la vie contemporaine.

Les scènes de théâtre et ton précède de onze ans celui de Renoir.

Le dessin d'opéra sont fréquentes chez Degas ; on en trouve outré, quasi expressionniste de Daumier , son ire- aussi chez Mary Cassat , mais c'est surtout Daumier nie féroce sont cependant bien éloignés de la vision qui a trouvé dans la représentation des loges sensuelle de Renoir.

Du même peintre: PIC TO 819 à 836 Photo Courtau ld lnstitute Galleries.

© Nardini Editore, 1994.

VPC Larousse ·Laffont pour l' édition françatse , 1994.

29-32 '. »