La danse, phénomène culturel humain
Publié le 04/11/2011
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époque et chaque région de l'Europe, perpétuant l'art de la danse, a développé un art qui lui était propre, inventant même pour lui des rythmes ou tempos si précis que leur influence sur la musique classique de l'Europe n'est pas négligeable : gigue, allemande, courante, menuet et plus tard polonaise puis valse serviront à définir certains des mouve-ments musicaux dont la forme aura été trouvée dans ces folklores régionaux. Chaque époque et chaque civilisation ont eu leurs expressions théâtrales et lyriques ; au même titre, elles ont eu leurs expressions chorégraphiques et, à l'exemple, la danse enlacée telle que nous la pratiquons et qui nous semble si naturelle est en fait un produit de la civilisation moderne occiden-tale et se trouve être un sujet d'horreur pour les autres civilisations. De la danse mauresque à l'opéra-ballet Dès le xv• siècle, l'Europe renaissante, re-nouant avec la tradition des ballets d'ensemble, s'est intéressée à la danse dite « danse mauresque » qui, venue' d'Espagne, s'est rapidement répandue dans les cours et dans la haute société comme un galant jeu de société. Danse d'ensemble, cette danse mauresque était pratiquée comme un jeu de pantomimes ironiques à travers lesquelles les dan-seurs qui s'y livraient se moquaient d'eux-mêmes. N'ayant pas encore fait une séparation entre spec-tateurs et danseurs -tous y participaient -mais s'organisant pourtant selon certaines règles de mise en place et de mise en scène, cette danse mauresque se situe à mi-chemin entre la danse conçue comme un spectacle et la danse comme plaisir de danser telle qu'on la pratique lors de toutes festivités. Plus tard, particulièrement sous le règne de Henri III, ce divertissement délaissera l'idée des pantomimes grotesques au profit d'une recherche esthétique et s'organisera alors peu à peu en un défilé d'en-semble avec entrées, récits et finales. Ce ne sera pourtant que sous l'impulsion de Mazarin et grâce aux travaux de Lully que ces ballets de cour aux-quels tous participaient deviendront enfin:·un genre du spectacle -l'opéra-ballet - dans lequel specta-teurs et danseurs seront définitivement séparés. Deux sortes de ballets resteront distincts jusqu'au début du xx• siècle : le ballet divertissement, dont le spectacle se limite à l'évolution des sujets, des ensembles, et à la prestation des « étoiles », et le ballet d'action comportant un thème ou une intri-gue -généralement simples -que l'évolution des danseurs et la scénographie expliciteront. Jusqu'au XIX• siècle, l'art chorégraphique, qu'il fût divertissement ou ballet-action, est demeuré soit un spectacle de cour présent lors des différentes fêtes au faste desquelles il participait, soit attaché aux représentations de l'art lyrique. De fait il fau-dra attendre l'époque romantique pour trouver en Giselle ( 1841) une forme chorégraphique renouve-lée : la Révolution française a secoué le vieux mon-de, a bouleversé les esprits et, pour cela a fait égale-ment naître un nouveau public. Tout comme les autres arts du spectacle, l'art chorégraphique en a été profondément transformé et, grâce à l'irruption du culte de la vedette et de l'interprète-roi, va peu à peu affirmer son autonomie vis-à-vis des autres arts, autonomie que lui accordera pleinement le xx• siècle. La danse aujourd'hui « La danse, a dit Maurice Béjart, est l'art du XX• siècle >>. De fait, la danse connaît actuellement un prodigieux développement, tant au niveau du spec-tacle qu'à celui de la pratique quotidienne. En ce qui concerne le spectacle il est évident que l'on atteint aujourd'hui à des sommets fort enviés par les autres formes du spectacle vivant : qu'il s'agisse des ballets de l'Opéra, des festivals ou des manifes-tations qui ont lieu dans des salles comme le Théâtre de la Ville ou le Palais des sports, le succès est considérable. L'art chorégraphique, devenu aujourd'hui un art à part entière, draine un public nouveau, qui, bousculant les balletomanes avertis, ne juge plus en termes d'initiés mais selon son plai-sir à retrouver les immenses possibilités du corps humain. Dans le mode de vie actuel -métro, voi-tures, ascenseurs, escaliers roulants, les prestations de Noureev, M. Denard, C. Carlson ou Martine Chaumet fascinent, suscitent tout à la fois l'incré-dulité, la joie et l'envie et provoquent une émula-tion nécessaire. Le démiurge de cette nouvelle conception de l'art chorégraphique fut sans conteste Serge Lifar. Né à Kiev en 1905, il fut à Moscou l'élève de B. Nijins-ka puis de Cecchetti. Appelé en France par J. Rou-ché en 1929, il commença une carrière exception-nellement brillante au cours de laquelle, demeurant fidèle à la tradition académique, il affirma continuellement l'autonomie de l'art chorégra-phique à l'égard des autres arts, notamment de l'art lyrique. Cette conception a fortement influencé J. Charrat, R. Petit, Descombey, parfois M. Béjart et, à leur suite, des chorégraphes tels que Schmucki qui, dans sa création de« l'Orestie »pour l'opéra de Marseille, a confirmé son sens théâtral, ou bien encore Garnier dont le parti est d'exploiter au maximum les possibilités individuelles de chacun de ses danseurs. Si de nos jours, la Russie a tendan-ce à se figer quelque peu dans un conformisme tra-ditionnel, c'est à New York que, longtemps marqué par l'art linéaire de C. Balanchine, le ballet clas-sique prend depuis quelques années une nouvelle vigueur. Citons ici le« New York City ballet», le << Ballet Théâtre Américain >> ou bien encore le
<< La danse, a dit Maurice Béjart, est l'art du XXe siècle >>. De fait, la danse connaît actuellement un prodigieux développement, tant au niveau du spectacle qu'à celui de la pratique quotidienne. En ce qui concerne le spectacle il est évident que l'on atteint aujourd'hui à des sommets fort enviés par les autres formes du spectacle vivant : qu'il s'agisse des ballets de l'Opéra, des festivals ou des manifestations qui ont lieu dans des salles comme le Théâtre de la Ville ou le Palais des sports, le succès est considérable.
«
Entre la silhouette de Gabillou et les bas-reliefs des temples égyptiens, plus de huit mille ans d'his
toire humaine pour lesquels on ne retrouve encore
que deux ou trois dessins sur les parois d'une grot
te.
Mais les hommes, durant ces millénaires n'ont
pas cessé de danser, ne serait-ce que dans les rituels
sacrés.
Effectivement, la civilisation égyptienne qui
est la première à nous renseigner sur la place que
les divers arts
du spectacle y ont prise, nous montre
elle-même une évolution : tout d'abord une danse
sacrée où
le fait de danser était, selon eux, un
moyen de rejoindre les esprits, puis une danse litur
gique donnant déjà une représentation de la danse,
et enfin une danse divertissement.
Les bas-reliefs
des temples retracent ainsi des processions (sou
vent funéraires) aux parties chorégraphiques obli
gatoires tandis qu'à Louxor,
le dieu Amon était,
lors de sa fête, accueilli par des prêtresses
danseuses à peu près nues attachées aux temples.
Plus tard, et selon l'évolution du théâtre, la danse
abandonnera son caractère essentiellement litur
gique pour des représentations acrobatiques ou las
cives destinées
au· divertissement.
Ce sera pourtant
en Grèce que la danse et l'art chorégraphique pren
dront cette place qui leur est aujourd'hui encore
dévolue, à savoir celle d'un moyen d'expression
Hoa-Qui
Danseurs de Tansilla (Haute-Volta)
« ...
Ne vous sentez-vous pas
enivrés par saccades, et comme par des coups répétés
de plus en plus fort ,
peu à peu
rendus semblables
à tous ces convives qui trépignent et ne peuvent plus
tenir silencieux
et cachés leurs démons ? ...
.».
P.
Valéry,
Eupalinos, l'Ame et la danse .
privilégié.
De sa naissance à sa mort, la civilisation
grecque est toute pénétrée de la danse .
Poètes et
épris de légendes, les Grecs mettent l'origine de la
danse en Crète car, affirmaient-ils, c'était dans
cette île que les dieux avaient enseigné la danse aux
hommes af.in que ceux-ci «les honorent et se réjouissent ».
Les honorent en leur donnant le spectacle de la
danse, se réjouissent en s'y livrant : nous trouvons
là, pour la première fois exprimée, la dualité de la
danse dans la représentation scénique qu'elle pro
pose et
le plaisir qu'elle procure au danseur.
D'ail
leurs, ajoutaient les Grecs, la danse « chasse les
mauvaises humeurs de la tête ''· Parallèlement à
une intégration complète de l'art chorégraphique
aux représentations théâtrales, s'est fortement
développée en Grèce la danse agreste,
mi
religieuse, mi- profane et que l'on trouve encore
aujourd'hui indissolublement liée à toute manifes
tation populaire et rurale.
Passé au théâtre, l'art
chorégraphique en suivra l'histoire, se latinisant
sous la domination romaine, puis subissant égale
ment cette longue éclipse durant les invasions bar
bares et
le Moyen Age, tandis que les danses agres
tes, elles, ne connaîtront pas de solution de continuité.
Folklores, rythmes, mesures: chaque.
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