La chanson engagée
Publié le 17/01/2022
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Dès 1395, une ordonnance de police défend, sous peine d'amende et de prison, à « tous ménestriers de bouche ( ... ) que ils ne fassent, dyent ne chantent ( ... ) aucuns ditz, rymes ne chansons qui facent mention du Pape, du Roy et des seigneurs de France. « Il faudra donc attendre le XVIe siècle pour qu'apparaissent des couplets historiques sur la guerre de Cent Ans, couplets à la phrase musicale simplifiée et monodique, loin de la riche polyphonie des troubadours.
«
Au nord , on ne reste pas muet non plus face au
pou voir du clergé : les clercs se rebiffent.
Ceux
dont les mœurs dissolues étaient mises à l'index , les « Goliards », utilisent le latin d'église pour stigmati
ser l'église, sans que celle-ci, d'ailleurs, se considè
re affectée : la contestation telle que la pratiquent
ces parasites n'égratigne qu'à peine .
Tant
il est vrai
- et les chanteurs « engagés » devront s'en souvenir
à notre siècle du « show business » -que le véri
table combat est aussi celui qui remet en cause le rôle de l'interprète dans un système et un ordre
social.
Dès 1395, une ordonnance de police défend,
sous peine d'amende et de prison, à
« tous ménes
triers de bouche ( ...
) que ils ne fassent , dyent ne chantent ( ...
) aucuns ditz, rymes ne chansons qui
facent mention du Pape, du Roy et des seigneurs de France .
» Il faudra donc attendre le XVI• siècle
pour qu'apparaissent des couplets historiques sur
la guerre de Cent Ans, couplets à la phrase musica
le simplifiée et monodique , loin de la riche poly
phonie des troubadours.
1528 : publication à Paris du premier recueil
imprimé des
« Chansons nouvelles ou musique à
quatre parties "· Pourtant, la chanson semble s'être
réfugiée pour bien des années dans les cours ou
dans les alcôves.
Ce n'est qu'au temps des guerres
de religion qu'apparaîtra, en écho,
le drame que
traverse la France ; ainsi, dans le Chansonnier huguenot - recueil établi seulement au XIX• siècle
J.
LE SÉNÉCHAL, Livre des cent ballades fin XIV" siècle.
Mais les troubadours
ne se contentent pas
de chanter ramour ••• (Chan tilly / Giraudon)
- où l'on trouve des chants religieux , polémiques et
politiques.
Car la monarchie absolue laisse peu de
place aux libertés publiques et privées.
Seules les
périodes
de troubles -la Fronde notamment -ver
ront refleurir le couplet anonyme qui brocarde le Mazarin, comme il s'en prendra, un siècle plus tard
à l'Autrichienne.
La mort
de Louis XIV, l'établissement de
monarchies « éclairées » , l'éveil des consciences
préparent la voie à une chanson de contestation.
« Hélas ! Grand Dieu, dans quelle décadence
semble tomber l'empire des Français ...
"• chante un
anonyme de 1759 .
Il est vrai que ce siècle ne vit
que pour l'esprit et qu'un couplet joliment troussé
est sûr d'avoir son heure de gloire dans les salons
parisiens .
D'ailleurs , depuis 1735, les auteurs à la
mode
se réunissent aux Dîners du Caveau , ancêtre des goguettes du XIX • siècle où se réfugia souvent,
au moyen de la chanson, la contestation politique.
Mais revenons à la Révolution.
La chanson sati
rique avait fait, elle aussi, œuvre révolutionnaire en
exhibant vices cachés et vertus populaires, elle se
voit
dès lors assigner un nouveau rôle.
D'engagée
elle dev i ent militante , de contestataire elle se veut
mobilisatrice.
Au temps où
la Marseillaise est encore un
hymne révolutionnaire , au temps où l'on danse la Carmagnole sur l'air du Ça ira, la chanson se fait « bougrement patriotique " pour chanter le Réveil du Père Duchêne et exalter les vertus républicaines.
»
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