LA CATHÉDRALE DE CHARTRES de Camille Corot
Publié le 14/09/2014
Extrait du document
«
sans emphase : on ne retrouve pas ici la
«flèche inimitable» qu'exaltera Péguy, mais on
goûte le climat familier et paisib le d'une ville
de la province française.
La Cathédrale de
Chartres fait penser à certaines scènes de
genre
ou à des portraits intimistes tels que
Corot en peint par ailleurs, qui se situent
davantage
dans la lignée d 'un Chardin que
dans celle du XVII' siècle français.
Ce caractère
d'étude de mœurs est affirmé, à l'avant du
tableau, par la présence d'un homme et d'une
femme, séparés l'un de l'autre par quelques
pas et un petit caniveau.
La présence de ces
deux personnages permettrait de broder un
roman : Oui sont-ils? Se regardent-ils?
Cherchen t-ils à se séduire, ou à se raccornrno
der après une dispute? Le peintre ne répond
pas, laissant au spectateur le soin d'imaginer
ce qu'il désire.
Un peintre mélomane
Un équilibre est ainsi créé, ou plutôt, pour ce
peintre qui fut en même temps amateur de
musique, une harmonie, qu'un critique défi
nira par ces mots quelques années plus tard :
«C'est le grand symphoniste du paysage; ses
tableaux sont des concerts; pas un son discor
dant, pas une fausse note ...
»
L'association du grandiose et du fami lier n'est
cependant
pas seule créatrice de cette unité.
Les couleurs que choisit Corot contribuent
aussi à cet effet.
Refusant les teintes criardes
qui donnent, dit-il , «que lque chose de heurté
[qu'il] n'aime pas», Corot décline chaque ton
en d'infinies nuances.
Sa peinture tient du
camaïeu : un ensemble d'ocres et de gris
réchauffés d'une lumière blonde qui donne à
ce paysage chartrain sa bienheureuse sérénité.
La Cathédrale de
Chartres, Camille Corot , 1830 (Paris , musée du Louvre).
Le tas de pierres , au premier plan,
a cquien la même imponance que la façade de la cathéd rale , au fond.
Ce tableau , mesurant aujourd'hui 64 cm de hauteur et 51 cm de lar
geur, a été modifié par l'art iste en 1871 : il a été légèrement agrandi
en bas et sur les côtés .
Le personnage (une femme? mais qui semble fumer la pipe) à côté du tas de pierres a été repris à la même date, et le jeune homme a
été ajouté à gauche .
Corot a vendu cette peinture en
1872 à son ami et biographe
Alfred Robaut.
Aujourd'hui conservée au musée du L ouvre, elle y est entr ée par la donation Moreau Nélaton de 1906.
Citée dans Du côté de chez Swann , elle éta it l'une des œuvres préférées de !'éc rivain Marce l Prous t..
»
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