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LA BANDE DESSINÉE de 1930 à 1939 : Histoire

Publié le 17/12/2018

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histoire

La période des années trente est marquée, d’une part, par une modification progressive, mais considérable, de l’éventaire des publications destinées à la jeunesse, grâce au lancement dans le milieu des années vingt d’une création originale française (Zig et Puce), bientôt suivie d’une autre création, belge cette fois (Tintin); d’autre part, quelques années plus tard, par l’essor des bandes dessinées américaines, tant en France qu’en Belgique, et dont le signal avait été donné par la création du Journal de Mickey. Ce sont ces tendances réunies qui traceront le paysage de la bande dessinée d’après-guerre et détermineront d’une certaine manière la production d’aujourd’hui.

Une naissance discrète

 

En France, la bande dessinée, sous la forme que nous lui connaissons (images dans des cases et textes-dialogues dans des bulles, dites phylactères), naît innocemment, sans bruit ni révolution, sous le crayon d’Alain Saint-Ogan. Ce dessinateur, chargé de remplacer au pied levé une page de publicité du Dimanche Illustré, crée le 3 mai 1925 la première planche de Zig et Puce, dont le succès populaire foudroyant atteindra bientôt des sommets.

 

Quelques mois plus tard, en juillet 1926, en Belgique, Georges Rémi, dit Hergé, publie dans la revue scoute le Boy-Scout

 

belge les premières aventures de Totor, C.P des Hannetons. On le sait aujourd'hui, ce n’est pas cette création qui rendra Hergé célèbre, mais on y remarque déjà, là aussi, l’utilisation systématique des «ballons» qui permettent aux personnages de prendre la parole. Il faut cependant attendre 1929 pour que Tintin, dont l’aspect graphique est très cousin de celui de Totor, voie le jour. La première page de Tintin au pays des Soviets paraît en effet le 10 janvier 1929 dans le Petit Vingtième, le supplément hebdomadaire pour la jeunesse du quotidien belge le XXe Siècle.

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u premier numéro du Journal de Mickey parait ft 21 octobrt 1934; il permet la renaissance en France des publications illustrées.

©Disney LA BANDE DESSINÉE.

Spi rou, dessiné par Rob-Vel, naît en 1938.

© Éditions Dupuis · Rob-Vel, Spi rot< de journaux qui privilégient la publication de bandes américaines.

Paul Winkler lui-même lance successivement deux autres journaux, Robinson en 1936 et Hop-là en 1937, qui marqueront leur époque grâce à la qualité de leur contenu.

De leur côté, les autres éditeurs français fourbissent eux aussi de nouvelles armes.

C'est ainsi qu'en 1935 naissent Jumbo et Hurrah, l'année suivante l'Aventureux et Junior, et en 1937 Boum, Hardi et l'As.

Ces revues ne se contentent pas pourtant de publier des bandes américaines, elles renouvellent en partie la bande dessinée française, sans toutefois que le gain de modernité suffise à engendrer un nouveau style.

Notons au passage qu'il a fallu attendre 1934 pour qu'appa­ raisse dans le Journal la première bande quotidienne française (vingt­ sept ans après les Américains): les Aventures du professeur Nimbus d'André Daix.

Certains dessinateurs français profitent de l'occasion pour renouveler leur inspiration.

Le Rallie, jusqu'alors illustrateur, publie des récits d'aventures en bande dessinée (westerns, aventures colo­ niales, etc.); Marijac (Jacques Dumas, dont le rôle sera très important pendant les années quarante) pointe déjà le bout de son crayon.

Et s'il ne faut citer qu'un seul nom d'auteur français capable de tenir la dragée haute aux productions américaines, René Pellos est celui-là.

Dessinateur sportif réputé, Pellos commence en 1937 dans Junior une histoire de science-fiction en rupture totale avec la tradition française: Fuwropolis.

Hélas ! sans doute trop en avance sur son époque, il devra revenir à des séries humoristiques (on le connaît aujourd'hui pour sa reprise des Pieds-Nickelés).

L E CHANGEMENT NOUS VIENT DE BELGIQUE Malgré ce bouillonnement intense et ces sursauts de créati­ vité, il ne subsiste aujourd'hui quasiment aucune trace des efforts de cetle époque.

Dès la fin de la décennie, la guerre balaie tous les journaux, disperse définitivement tous ces auteurs.

Le changement véritable va venir de Belgique.

Depuis 1929, comme on l'a vu, Hergé anime les aventures de Tintin, qui sont publiées en France dans Cœurs Vaillants dès 1930.

En 1940, la Bel­ gique est envahie: la publication de Timin au pays de l'or noir s'inter­ rompt en même temps que cesse la parution du xx' Siècle qui emploie Hergé, huit aventures de Tinrin ayant déjà été dessinées.

Entre-temps sont nés en janvier 1930 Quick et Flupke, gamins de Bruxelles.

Le public français a pour sa part fait connaissance de Jo, lette et Jocko, dont il suit les aventures depuis 1935 dans l'hebdomadaire Cœurs Va ill a ms.

1938 sera l'année d'une naissance insigne, celle de Spirou, LA BANDE DESSINÉE.

En 1937, dans Junior, René Pellos rompt avec la tradilion française en dlvoilant son Futuropolis.

© GlttUJ.t -René Pt/los, Futuropelis nouveau personnage créé par le Français Rob-Vel (Robert Velter) pour le journal Spirou de l'éditeur belge Dupuis.

Ce nouvel heb­ domadaire contient en germes tous les atouts de la nouvelle bande dessinée franco-belge: les inévitables bandes américaines (Superman, Red Ryder, Brick Bradford, etc.), mais aussi et surtout de véritables créations originales qui vont devenir le fleuron de cette bande dessi­ née.

Diffusé exclusivement en Belgique, Spirou publie dès son pre­ mier numéro les aventures -aujourd'hui encore très connues et très populaires -de Tif et Tondu de Fernand Dineur (reprises en 1948 par Will) et bien sûr celles de Spirou (reprises en 1944 par Jijé, puis par Franquin).

En 1945 avec la diffusion en France, l'hebdomadaire connaîtra un énorme succès.

C'est toujours en Belgique que Ray­ mond Leblanc décidera en 1946 de la naissance du Journal de Tintin.

Cc sera le début de l'âge d'or de la bande dessinée franco-belge, une période faste qui durera jusqu'à la fin des années soixante.. »

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