Jugement dernier, le [Michel-Ange] - étude du tableau.
Publié le 16/05/2013
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Michel-Ange, le Jugement dernier (détail)
Peint par Michel-Ange entre 1536 et 1541, le Jugement dernier est l'un des chefs-d'œuvre de la chapelle Sixtine.
Ce détail de la fresque montre le Christ Juge, figure centrale, debout et agitantun bras vengeur, entouré de plus de quatre cents personnages tournoyant dans les tourmentes de l'Apocalypse.
Le mouvement qui anime la fresque confère une force narrative et dramatiqueoriginale à cette représentation de la scène biblique, et en ravive totalement l'iconographie.Michel-Ange, le Jugement dernier (détail), 1536-1541.
Fresque, 1370 × 1220 cm.
Chapelle Sixtine,musées du Vatican, Cité du Vatican (Rome, Italie).Robert Frerck/Woodfin Camp and Associates, Inc.
Contrairement à la décoration de la voûte de la chapelle — fortement compartimentée et structurée par des éléments architecturaux peints (corniches, faux pilastres, etc.) —, l’espace dans lequel s’inscrit le Jugement dernier de Michel-Ange est
dépourvu des repères traditionnels de la perspective.
Les personnages, agglutinés telles des grappes humaines, semblent emportés par une double spirale implacable vers le haut et vers le bas tout alentour d’un Christ en majesté, démiurge aux bras
justiciers, près duquel est blottie la Vierge Marie, au visage craintif et implorant.
Deux figures imposantes encadrent ce groupe central : à gauche, saint Jean-Baptiste et, à droite, saint Pierre présentant les clefs à la figure christique.
Dans les deux
lunettes du haut de la fresque figurent les symboles de la Passion du Christ : la colonne, la couronne d’épines et la croix.
Le traitement tragique et convulsif du thème rompt totalement avec les exemples antérieurs.
L’humanité est représentée tout entière impuissante et soumise à l’impitoyable puissance de la volonté divine.
La scène se déroule sous le regard des anges
de l’Apocalypse (au centre de la composition, sous le Christ) qui entourent un saint Michel tenant le livre des élus — traditionnellement représenté avec la balance.
Les saints martyrs sont également présents, exhibant les instruments de leur supplice.
Ainsi, sous le Christ, saint Laurent porte le gril de son martyre sous le bras et saint Barthélemy, écorché vif, tend sa peau — sur laquelle apparaît un dramatique autoportrait de Michel-Ange.
Sur la droite figurent notamment saint Blaise (et ses
peignes), sainte Catherine (tenant une roue cassée) et saint Sébastien (ses flèches à la main).
Dans le registre inférieur droit, les damnés chutent puis s’entassent pêle-mêle, conduits vers les béances de l’enfer au seuil duquel trône Minos, prince de
l’Hadès, le corps ceint d’un reptile.
Charon, à la tête de chat, est là aussi menaçant dans son esquif instable : il a le regard fou et fait tourbillonner sa rame par-dessus la tête des damnés.
Dans la partie gauche de la fresque, les élus ressuscités
sortent de terre et s’élèvent vers Dieu où ils rejoignent les saintes, vierges, martyrs, sibylles et héroïnes de l’Ancien Testament (on a coutume de voir le visage d’Ève dans l’imposante figure féminine qui protège une fillette).
3. 2 Une vision dramatique du Jour de la colère
La configuration d’ensemble du Jugement dernier de Michel-Ange est régie par une distorsion des formes et une exacerbation des sentiments ; il en ressort une vision violente et désespérée témoignant du pessimisme de l’artiste vieillissant.
Alors que
ses prédécesseurs ont toujours proposé de ce thème une image de l’audience du tribunal céleste (avec un Christ ayant pris « place sur son trône de gloire », selon les propos de saint Matthieu), Michel-Ange offre un monde de rébellions et de
protestations qui tend à provoquer le Dies irae (« Jour de colère »), et les personnages, titanesques, paraissent s’engager dans un combat avec Dieu.
4 RÉCEPTION DE L’ŒUVRE
4. 1 Le scandale des ignudi
Dès l’inauguration de l’œuvre, les critiques s’enflamment.
Ainsi, le cérémoniaire du pape, Biagio da Cesena, s’exclame que « c’est une chose fort malhonnête dans un lieu aussi respectable d’avoir peint autant de nus qui montrent sans pudeur leurs
parties honteuses.
» Une cabale, avec à sa tête l’Arétin, réclame simplement la destruction de la fresque.
De fait, le Jugement dernier est le symbole de la crise qui secoue alors l’Église romaine et conduit cette dernière à réunir le concile de Trente.
Et
c’est sous les effets de la Contre-Réforme triomphante, vers 1566, que les ignudi (« nus ») de Michel-Ange sont partiellement altérés par des repeints de pudeur réalisés par Daniele da Volterra (surnommé alors par ses détracteurs le Braghettone, le
« Braguettier »).
4. 2 Une référence en art
Mais parallèlement à la critique des dévots, l’œuvre reçoit un accueil inégalé dans le milieu artistique.
Des peintres de toute l’Europe se rendent dans la chapelle Sixtine afin de découvrir, de s’imprégner, voire de copier, la fresque du Maître.
Le
critique et historien de l’art Giorgio Vasari traduit cet engouement en écrivant que « cette sublime peinture doit servir de modèle dans notre art ».
Les siècles passant, l’œuvre de Michel-Ange demeure un canon de l’esthétique.
En témoigne peut-être
la coûteuse restauration entreprise entre 1988 et 1994 — qui a notamment permis de retrouver l’éclat des couleurs d’origine et de supprimer quelques repeints effectués après le XVI e siècle.
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