JUDITH ET HOLOPHERNE: Le Guerchin
Publié le 15/09/2012
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Selon l'avis autorisé de Denis Mahon lui-même, le plus grand collectionneur et connaisseur de l'oeuvre du Guerchin, il s'agit ici dela meilleure des trois versions existant du même sujet (les deux autres sont conservées à Kassel et à Sarasota)...
«
I
LE GUERCHIN
JUDITH ET HOLOPHERNE
1651
Peintre italien
Analyse
-♦C'est une élégance précieuse, recherchée
aussi bien dans lerendu pictural que dans lamise
en page générale, qui domine cette image :une
jeune femme plaçant latête coupée d'un homme
dans un sac que tient ouvert une vieille servante.
La scène n'est cependant pas tragique etl'artiste,
ayant presque oublié l'horreur de la circonstance,
place au premier plan l'élégant personnage fémi
nin qui bouge avec une grâce de danseuse plutôt
qu'avec labrutalité crue d'un bourreau. La robe
de teinte ocre, la tunique rouge et la veste d'un
bleu intense suivent de leurs plis souples le mou
vement du corps de Judith qui, dans l'élan de son
geste, laisse derrière elle une envolée d'étoffe de
couleur bronze. L'épée dans lamain droite, l'œil
attentif à
vérifier que la tête d'Holopherne tombe
bien là où il faut, et, en fait, une quasi-absence
d'expression sur le visage, parcouru cependant
par une sorte de fierté et d'indifférence, ne sont
pas sans rappeler lasculpture de l'époque classi
que. La ferme décision de la jeune héroïne
s'oppose au mouvement de la vieille femme qui
se retourne, en perdant presque levoile blanc qui
lui couvre la tête, pour s'assurer que personne ne
les épie. Une peur que leGuerchin ne cache pas,
qu'il souligne au contraire par l'enfoncement des
yeux dans les orbites etl'air courroucé du visage.
picto MUSÉE DES BEAUX-ARTS
348b ROUEN
XVIIe siècle
Huile sur toile 118 x152 cm
Courbées toutes deux, Judith et sa servante for
ment une composition en triangle qui converge
vers la têted'Holopherne, lequel devient le cen
tre
émotif et l'élément le plus important de la
toile.
Tout en décrivant la mort - le visage est
pâle, lefront convulsé de douleur et la bouche à
demi ouverte - le peintre évite aussi bien un réa
lisme trop chargé qu'une douceur excessive.
L'œuvre
D Selon l'avis autorisé de Denis Mahon lui-
même, leplus grand collectionneur etconnaisseur
de l'œuvre du Guerchin, ils'agit ici de la meilleure
des trois versions existant du même sujet (les deux
autres sont conservées à Kassel et à Sarasota).On
peut donc laconsidérer comme l'original du tableau
cité dans le « Livre de comptes » du Guerchin. On
yparle en effet d'une œuvre représentant Judith et
Holopherne, payée àl'artiste le 1er avril 1651. Le
Guerchin reçut 315 lires en liquide et 325 en nature
et marchandises diverses. Lecommanditaire, ou du
moins l'acquéreur, en était Giacomo Zanoni,
médecin spécialiste de profession.
Paolo Antonio Barbieri, «conseiller commercial » du Guerchin
*? Soucieux de développer au mieux son métier
de peintre, leGuerchin confia lesoin de ses affai
res à son frère Paolo Antonio.
Ce dernier, à par
tir de 1629 et jusqu'à sa mort, en 1649, tint donc
un livre de comptes où il enregistrait, au fur et à
mesure, tous les paiements reçus pour les travaux
exécutés par lui-même et son frère.
Ainsi àl'analyse de ce document, nous décou
vrons qu'à l'acceptation d'une commande, le
Du même peintre : PICTO 346 à 348a © Nardini Editore, 1995.Liriade pour l'édition française, 1995.
Guerchindemandait des arrhes et parfois même
un acompte intermédiaire avant lesolde final à la
remise de l'œuvre.
À la fin de chaque année, Paolo Antonio dres
sait une liste de touteslesrentrées etdébours
relatifs à la gestion familiale. Publié pour la pre
mière fois par Calvi en 1808, lemanuscrit original
de ce livre de comptes est aujourd'hui conservé à
labibliothèque de l'Archiginnasio de Bologne.
Photo musée des Beaux-arts, Rouen
—.
»
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