Joseph Mallord William Turner (Histoire de la peinture) : UN PRÉCURSEUR DE L'IMPRESSIONNISME
Publié le 16/11/2018
Extrait du document
• Les paysagistes hollandais, en particulier Jacob Van Ruisdael (1628-1682) et Albert Cuyp (16201691), comme les peintres italiens Salvator Rosa (1615-1673) et Canaletto (1697-1768) lui servent également de modèles.
• Les grands peintres de marines comme Willem Van de Velde, le Vieux (1611-1693) et le Jeune (1633-1717) influent également, quoique dans une moindre mesure, sur son œuvre.
• Dans le même temps, Turner s'intéresse à la figuration de l'idée du sublime, notion conceptualisée par le philosophe britannique Edmund Burke dans Enquête philosophique sur l'origine de nos idées du sublime et du beau (1757). Cette quête du sublime, qui alimente le courant romantique européen, s'illustre dans l'œuvre de Turner à travers le choix des sujets de ses compositions comme la montagne, la tempête, l'incendie ou les volcans.
• En 1797, le peintre expose deux aquarelles de la cathédrale de Salisbury commandée par Sir Richard Colt Hoare, premières d'une série d'une trentaine dont il poursuivra la réalisation jusqu'en 1805.
UN PRÉCURSEUR DE L'IMPRESSIONNISME
Joseph Mallord William Turner (1775-1851) est l'une des grandes figures de la peinture anglaise du XIXe siècle, au côté de son contemporain John Constable. Son talent précoce, encouragé par son père, le mène très vite au faîte de la gloire. Graveur et aquarelliste, puis peintre à partir de 1796, il travaille d'abord dans le sillage de la tradition topographique, puis de celle des paysagistes comme John Robert Cozens, avant d'exprimer un style plus libre et personnel qui inspirera l'impressionnisme français. Admirateur sans borne de Nicolas Poussin (1594-1665) et encore davantage de Claude Gellée, dit le Lorrain (1600-1682), il montre avant de suivre les leçons du peintre topographe Thomas Malton Jr (1748-1804).
À la Royal Academy
• Soutenu par le peintre John Francis Rigaud (1742-1810), Turner est admis comme élève de la Royal Academy, le 11 décembre 1789, après avoir réussi un examen de dessin d'après des moulages d'antiques. Jusqu'en 1793, il suit les cours sur les modèles antiques puis sur le modèle humain.
• Lors de la traditionnelle exposition annuelle d’été de l'académie, Turner présente des aquarelles de vues topographiques de paysages ou d'édifices, comme le Palais de l'Archevêque à Lambeth, exposé en 1790.
• La même année, il rencontre le docteur Thomas Monro, riche collectionneur et figure incontournable du monde artistique londonien. C'est chez lui qu'il découvre pour la première fois les aquarelles (Vue de Cetara) de John Robert Cozens (1752-1797) aux thèmes alpins et italiens, qui l'inspirent considérablement.
• Dans la décennie 1810, Turner poursuit sa course aux honneurs : il est ainsi nommé membre du conseil d'administration de la Royal Academy, puis membre du comité d'accrochage.
• En 1807, il devient professeur de perspective dans cette école.
• Toutefois, afin d'échapper aux querelles intestines qui agitent ce haut lieu de l'art londonien, Turner décide dès 1806 de participer aux expositions de la British Institution, créée l'année précédente, où il exposera jusqu'en 1846.
• Cette même année, à moins de 30 ans, il crée sa propre galerie, afin de répondre à l'engouement du public. Ouverte en 1806 sur Harley Street, au centre de Londres, celle-ci sera remplacée en 1820 par une nouvelle, plus vaste, installée dans sa demeure de Queen Ann Street. L'année de sa création, cette galerie expose une vingtaine de dessins préparatoires du Liber Studiorum.
«
EN
QUlTE D'INDÉPENDANCE
• Dans la décennie 1810, Turner
poursuit sa course aux honneurs :
il est ainsi nommé membre du conseil
d'administration de la Royal Academy,
puis membre du comité d'accrochage.
• En 1807, il devient professeur
de perspective dans cette école.
• Toutefois, afin d'échapper aux
querelles intestines qui agitent
ce haut lieu de l'art londonien,
Turner décide dès 1806 de participer
aux expositions de la British Institution,
créée l'année précédente, où
il exposera jusqu'en 1846.
• Cette même année, à moins de
30 ans, il crée sa propre galerie, afin
de répondre à l'engouement du public.
Ouverte en 1806 sur Harley Street,
au centre de Londres, celle-ci sera
remplacée en 1820 par une nouvelle,
plus vaste, installée dans sa demeure
de Queen Ann Street.
L'année de
sa création, cette galerie expose
une vingtaine de dessins préparatoires
du Liber Studiorum.
• Cette œuvre magistrale, qui s'inspire
du Liber Veritotis de Claude Lorrain,
rassemble une centaine de dessins
dont la plupart feront par la suite
l'objet de gravures.
• Elle présente les thèmes privilégiés
du peintre, classés en scènes
historiques, marines, montagnes
et pastorales épiques.
• A cette époque, Turner prend
l'habitude d'associer des citations
littéraires à ses tableaux, s'inspirant
là d'une vieille tradition anglaise de
mêler peinture et poésie, considérées
comme des cc Sister Arts ».
• Laissant libre cours à sa passion
pour la poésie, il écrit courammen�
en marge de ses carnets de croquis,
des vers tirés des auteurs antiques
comme modernes.
• Il accompagne aussi parfois les titres
de ses tableaux de citations de ses
propres poèmes qui transcrivent,
selon le thème de la toile, ses réflexions
sur l'histoire, ses opinions sur l'illusion
des ambitions humaines ou ses visions
apocalyptiques.
VoYAGES DE JEUNESSE
• L'œuvre de Turner est
indissociablement liée aux nombreux
voyages que le peintre ne cesse
d'effectuer au cours de sa vie.
• Tous les étés, après une préparation
minutieuse, il voyage à travers toute
l'Europe et tire de ses visites les sujets
de ses œuvres.
• Il ne se sépare jamais de son matériel
de peintre, dessinant ou exécutant
des lavis bruns ou gris sur chaque site,
qu'il se réserve de mettre en couleurs
plus tard, de mémoire.
• Durant les guerres napoléoniennes,
ses voyage se cantonnent à la Grande
Bretagne.
Les paysages d'Écosse
l'aident à illustrer Provincial Antiquities
of Scot/and (1818-1826) ainsi que
les Œuvres poétiques et en prose
(1831) de Walter Scott.
• Très profondément attaché à l'É cosse,
Turner aime aussi visiter l'Angleterre
et le pays de Galles auxquels il consacre
une série d'aquarelles intitulées
Piduresque Views in England and
Woles.
Commandée par l'éditeur
de gravures Charles Heath en 1824,
cette série se poursuit jusque dans les
années 1830 :Turner produit ainsi
au total une centaine d'aquarelles
destinées à être gravées.
• Turner y démontre son génie
en s'affranchissant de la vision
habituelle des paysages anglais grâce
à une palette variée de représentations
des activités humaines, des plus
traditionnelles aux plus modernes.
LA DÉCOUVERTI DE L'EUROPE
• En 1802, après la paix d'Amiens,
Turner s'embarque enfin pour le
continent, consacrant son premier
voyage aux Alpes.
• Les paysages de cette région
deviennent un motif récurrent dans
sa peinture jusqu'en 1844.11 représente
tout d'abord les montagnes avec
une approche classique à la manière
de Poussin, puis les peint à travers
le prisme du sublime et enfin imprègne
sa figuration de son goût pour l'histoire
comme en témoigne son Hannibal
franchissant les Alpes (1812).
• Turner se prend également
de passion pour l'Italie, ses paysages,
ses arts et, bien sûr, son histoire.
• Sa connaissance de la péninsule
a longtemps été fondée uniquement
sur la littérature et la peinture.
Il y effectue son premier séjour en 1819,
visitant Turin, Côme, Venise, Rome,
Naples et Florence.
• Il parcourt Rome en tous sens
au cours de plusieurs voyages,
mais la Ville éternelle qu'il avait
imaginée durant de nombreuses
années ne répond pas à ses attentes
et le déçoit profondément.
• Les toiles tirées de sa visite de
la ville rencontrent d'ailleurs peu
de succès : Rome vue du Vatican
(1820) -peint à la manière de Claude
Lorrain-, la Baie de Boïes (1823).
• Turner ne paraît pas non plus conquis
par la ville de Naples dont il a pourtant
dessiné le Vésuve en 1817 avant même
de l'avoir vu.
• En revanche, il tombe sous le charme
de Venise où il séjourne à trois reprises,
en 1819, 1833 et 1840.
• Les paysages urbains et la lagune
de cette ville l'envoûtent.
Il en donne
une vision toute empreinte d'un
sentiment tragique mêlant déchéance
et splendeur sans pour autant faire
référence au passé de la cité -il ne fait
qu'une légère allusion au Marchand
de Venise de Shakespeare dans
le Grand Canal, Venise (1839).
•
La maîtrise dont il fait preuve dans
l'exécution de ces aquarelles témoigne
de la symbiose existant entre le peintre
et la ville, sujet d'une vingtaine de
tableaux de grand format qu'il réalise
et expose entre 1833 et 1846.
• La France est une des autres
destinations favorites de l'artiste.
Au cours de son premier voyage,
il visite Paris où il étudie les collections
du musée du Louvre, en particulier
les toiles de Poussin, celles des artistes
vénitiens, du Lorrain, de Rembrandt,
de Watteau et de Vernet.
• Au cours de ce long séjour,
il rencontre les peintres David,
Pierre Narcisse Guérin et Delacroix.
pérégrinations dans l'Hexagone,
il se découvre une passion pour
les cours d'eau, peignant plusieurs
représentations de la Seine et de
la Loire.
En 1826, il remonte ce dernier
fleuve en bateau à vapeur et réalise
plusieurs aquarelles dans lesquelles
les formes se diluent et s'étirent, les
sites baignant dans une lumière bleue,
d'où émergent des tons gris.
Celles-ci
sont publiées en 1833 sous le titre
de Wanderings by the Loire.
• En 1834, il publie un ensemble d'une
vingtaine de gravures sur la France et,
l'année suivante, une seconde série.
Ces compositions sont particulièrement
colorées et énergiquement structurées.
• C'est à la france que Turner
réservera son dernier voyage
sur le continent, en 1845.
• Le peintre visite également l'Allemagne,
le Danemark et l'Autriche, suivant
quand ille peut le cours des fleuves
-l e Rhin demeurera l'un de ses favoris.
• Des paysages allemands, il tire
de grands tableaux qu'il expose
à la Royal Academy, comme Cologne,
vue de la rivière (1824) ou Je Château
Rosenau (1841).
• Il peint aussi l'Inauguration du
Walhalla, montrant à cette occasion
sa connaissance parfaite
de la culture germanique.
• De 1817 à 1842, il parcourt à plusieurs
reprises les Pays-Bas, la Belgique
et le Luxembourg où il s'intéresse
à la peinture flamande.
TURNER, MAiTRE DE PEINTURE
• Après sa période de voyages sur
le continent, Turner se retire du monde
et rentre dans une phase d'intense
création artistique durant laquelle
il peint ses tableaux aujourd'hui
les plus célèbres.
•
Durant les années 1830-1840,
il atteint le summum de son art.
Dans ses œuvres, la confrontation
entre l'incandescence et les éléments
liquides devient plus violente,
le contraste des rougeoiements
et des ténèbres plus fort, et le choix
des sujets l'amène peu à peu
vers la dissolution des formes.
Cette nouvelle tendance lui attire les
critiques de ses habituels laudateurs.
• Le 16 octobre 1834, Turner assiste
depuis le pont d'un bateau à l'incendie
du Portement de Londres.
Il passe
la nuit qui suit à peindre plusieurs
aquarelles de la scène dont il tirera
l'année suivante deux saisissants
tableaux.
• A la même époque, il compose
des toiles sur des thèmes industriels,
comme les Mariniers déchargeant du
charbon Jo nuit (1835), ou maritimes,
comme Fusées et signaux bleus (1840),
qui se caractérisent par la magie
des contrastes et le chaos des formes.
• Le " Fighting Temeraire "
remorqué il son demier mouillage
(1840), qui illustre le déclin de la marine
à voile et l'essor de la vapeur, témoigne
de la conscience qu'a le peintre des
enjeux de la révolution industrielle.
• Turner peint aussi, durant cette période,
des toiles politiquement engagées
comme Négriers jetant par-dessus
bord les morts et les mourants (1840),
qui évoque la traite des Noirs.
• En 1842, il dessine encore Paix,
funérailles en mer, autre chef-d'œuvre
qui rend hommage au peintre de genre
sir David Wilkie (1785-1841).
• En 1844, Turner achève Pluie,
vapeur, vitesse, tableau au titre
futuriste qui illustre la modernité de
son époque à travers le thème du train
qu'il utilise pour dévoiler ses sensations
à l'égard de cette force nouvelle.
•
Parmi ces œuvres de la maturité
figurent des toiles marquées par
leurs Eompcsitions ·drwlaires -
comme le Matin après le Déluge
(1843) ou l'Ange debout dons Je soleil
(1846), dans lesquelles il essaye
de bâtir une théorie de la perception
qui résumerait l'intégrité du monde.
LES DERNIÈRES ANNÉES
• Devenu misanthrope à la fin de sa vie,
Tll mer achète
un cottage
à Chelsea
où il se cache
sous le nom
de Booth,
se faisant
passer pour
un marin
à la retraite.
• En 185 1, il n'expose aucune œuvre
à la Royal Academy.
Il meurt le
19 décembre 1851 d'une maladie
de cœur dans sa chambre-cachette
sur Cheyne Walk.
• Il est enterré selon son vœu
dans la cathédrale Saint-Paul,
près du peintre Sir Joshua Reynolds.
• Dans son testamen� il lègue la
plus grande partie de sa fortune
à une galerie consacrée à son œuvre
et à une institution charitable pour
les artistes -ses dernières volontés
seront contestées par ses héritiers.
Il offre le reste de ses biens à son
pays, à la condition que deux
de ses peintures, Lever du soleil
dons la brume (1807) et Didon
construisant Carthage (1815)
soient accrochées au musée entre
deux toiles de Claude Lorrain..
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