Jean-Michel BASQUIAT, Slaves Auction (Marché aux esclaves)

  Le tableau forme un mur, qui pourrait être celui d’une ville ou celui d’une prison. Différents mondes s’opposent et s’affrontent à la surface de l’œuvre, dans des juxtapositions inattendues, faisant état de sentiments contradictoires de la part de l’auteur : l’intérieur et l’extérieur, l’enfermement et la liberté, les dominants et les dominés, la naïveté et la violence… Le monde contemporain ne peut être compris qu’à travers les relations qu’il entretient avec des cultures plus primitives.   La lutte et le combat entre ces différents pôles s’expriment à travers la violence anarchique du geste pictural, qui dénote aussi un intérêt pour la mort.   L’auteur mélange des thèmes aussi divers que la mythologie, l’histoire coloniale, la bande dessinée, la Bible, la publicité, les médias, les héros affro-américains. Son travail est à rapprocher des expérimentations de l’art brut, chez Jean Dubuffet, et de la grande tradition expressionniste américaine. La figure humaine La figure humaine, omniprésente et expressive, est le motif principal du tableau.

Les nombreuses représentations de crânes peuvent être un hommage aux vanités hollandaises qui illustraient la fatalité de la destinée humaine. De nombreux symboles sont présents sur la toile. On retrouve les divers attributs des exploiteurs (visages aux dents menaçantes) qui s’opposent aux visages hagards des « no teeth «, les exclus. La couleur dorée du bateau des esclaves est le symbole du pouvoir de l’argent. Le corps est présent aussi, à travers la figure de l’épouvantail dont le costume renvoie au music-hall de la Nouvelle-Orléans, et à travers la figure du joueur de football, héros de la société contemporaine. Le crâne surmonté d’une couronne d’épines, est un signe religieux qui évoque la mort du Christ : il rappelle ici le sacrifice du peuple noir. Ces personnages sont à la fois des héros et des hommes du peuple. Critique de la société américaine Par le détournement spécifique de ces symboles, Basquiat dénonce la société de consommation américaine, le racisme et la ségrégation sociale. Il montre que les idéaux d’égalité et de liberté sont malmenés aux Etats-Unis. Son œuvre illustre un mécontentement qui vise à déjouer, de manière ironique, les rouages d’une société en plein essor de consommation. Cette critique de la société