JEAN DE DINTEVILLE ET GEORGES DE SELVE de Holbein le jeune

« JEAN DE DINTEVILLE ET GEORGES DE SELVE 1533 Peintre allemand Analyse ~ Plus connue sous le titre des Ambassadeurs , cette œuvre de Holbein figure deux personna­ ges: à gauche, Jean de Dinteville (1504-1555), à droite, Georges de Selve (1508 ou 1509-1541 ).

Ambassadeur français en Angleterre de février à novembre 1533, Jean de Dinteville porte l'insigne de l'ordre français de Saint-Michel; son âge, 29 ans, est inscrit sur le bord du stylet qu'il tient dans la main droite.

Georges de Selve, évêque de Lavaur, venu à Londres en avril1533 pour rendre visite à son ami, a 25 ans : cet âge est mentionné sur la couverture du livre sur lequel repose son bras droit.

Le cadran cylindrique posé sur l'éta­ gère indique le jour, à savoir le 11 avril, tandis que le cadran polyédrique précise l'heure : 10 h 30 du matin.

Les deux personnages se tien­ nent accoudés à un meuble : la tablette supé­ rieure abrite un magnifique ensemble d'instru­ ments astronomiques, qui se détachent sur le fond d'un superbe tapis; sur l'étagère inférieure sont exposés d'autres objets astronomiques et des instruments de musique.

Holbein, qui vivait alors à la cour d'Angleterre, s'était spécialisé dans bien d'autres genres que le portrait : il excellait également dans la peinture de miniatures, la décoration d'intérieur, la créa­ tion de bijoux, de costumes et d'argenterie, xvr siècle Huile sur bois 207 x 209 cm comme le montre ce brillant tableau.

Placé entre les deux ambassadeurs, sur le carrelage, un mysté­ rieux élément représente un crâne projeté par anamorphose, c'est-à-dire déformé par un miroir courbe, ou alors inséré dans le tableau par le biais d'une perspective très différente de celle du sujet principal.

Il s'agit d'une Vanité, plutôt inattendue dans cette célébration très raffinée du savoir, qui met en scène deux personnages au sommet de leur carrière et du succès ; le crâne fait ici figure d'avertissement, de signe, rappellant que la mort est toujours souveraine.

Le thème de la Vanité était par ailleurs assez répandu dans la peinture du XVIe et du XVII e siècle, surtout dans la peinture flamande et allemande.

L'œuvre C Hans Holbein, dit le Jeune, exécuta ce tableau en 1533, peu après avoir été nommé peintre du roi.

Les Ambassadeurs appartenaient à la collection du comte de Radnor, qui vendit la toile en 1890 à la National Gallery de Londres avec deux autres œuvres : Le Gentilhomme de Moroni et Don Adrian Pulido Pareja, qui porte la signature apocry­ phe de Vélasquez.

Les trois tableaux furent cédés 10 000 livres sterling pièce, l'État s'engageant à ver­ ser les 25 000 livres sterling complémentaires.

La lecture anamorphotique ~~Ambassadeurs + En organisant }a structure de ce tableau, ç~q~è du tableau, à droite.

On peut en effet Holbein · avait sans doute prévu une première imaginer que le tableau possédait à.

l'origine un Vision frontale de l'œuvre : le spectateur, sortant cadre assez saillant, percé d 'un trou à travers peut-être d'une porte à droite, sur le côté du lequel, en plaquant l'œil et en se plaçant dans dessin, aurait eu une vision claire du crâne, grâce la bonne position, on parvenait à obtenir une vi- à la compensation de la perspective «ralentie>>.

sion unique du crâne.

Pe'l!t-être un autre expédient permettait-il de Les bibliothèques possédaient déjà, à laRenais- reconnaître l'objet déformé, par exemple un petit sance, des ouvrages qui enseignaient à la fois la trou, pratiqué à une hauteur déterminée dans le manière de créer et de lire les anamorphoses.

Du même peintre : PICTO 244 à 247 Photo National Gallery, Londres.

© Nardini Editore, 1993.

VPC Larousse-Laffont pour l'édition française 1993 24-10. »