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J. MASSENET. 1842-1912 AVANT-PROPOS Qui sait si, dans la petite galerie de grands

Publié le 17/10/2012

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J. MASSENET. 1842-1912 AVANT-PROPOS Qui sait si, dans la petite galerie de grands musiciens que constituent les biographies de "Connaissance de la Musique", qui sait si certains lecteurs ne s'étonneront pas de voir figurer le nom de Jules Massenet? A ceux-là, il y aurait au moins trois réponses à faire. La première est de Schumann, de Chabrier, et sans doute de quelques autres: "Qu'importe que la musique soit petite ou grande, il suffit qu'elle soit bonne ! ". Moins "petite " d'ailleurs qu'on ne le prétend parfois, la musique de Massenet peut être bonne, voire excellente. Et même dans ses instants les plus discutables, elle reste charmante. Or, le charme est le premier des dons, comme la première qualité française est la clarté. La seconde réponse, c'est que Massenet représente la musique française pendant plus d'un quart de siècle. Certes, cette musique, il fut loin de la composer à lui seul, puisque pendant les quelque trente ans de sa production la plus intense (de 1875 à 1905), on vit s'imposer successivement César FRANCK et les "Franckistes", puis Claude DEBUSSY et ces "Debussystes qui le tuaient ", comme il le disait lui-même. La troisième réponse, c'est que s'il est difficile de découvrir les traces de l'influence de Massenet dans l'oeuvre de César FRANCK (sauf peut-être dans "Éros et Psyché"), il est bien plus difficile encore de déceler cette influence dans les compositions de "Claude de France" (Debussy), qu'il s'agisse de ses premières oeuvres ou de "Pelléas et Mélisande" I En revanche, c'est toute une génération de musiciens mineurs, qui, à la fin du XIXe siècle comme au début du XXe, s'ingénièrent à imiter Massenet, tandis que lui n'imita personne. Mais ceci, qui devait le dire ? Debussy d'abord, puis, après lui, Camille SAINT-SAENS, lequel ne passait pourtant pas pour un de ses admirateurs! "On n'empêchera pas que Massenet ne soit l'un des plus éclatants diamants de notre écrin musical. Y remplace-t-on Berlioz ou Gounod ?" dit-il encore. Ce à quoi on peut ajouter cette opinion de Pierre LALO, bon juge: "Ses trois oeuvres majeures — "MANON " "WERTHER " "LE JONGLEUR DE NOTRE-DAME 'f-gardent son nom de vieillir. Leur jeunesse, après un demi-siècle, n'est pas loin d'être intacte. Une telle réussite ne tient pas au hasard. Elle implique l'accord parfait, profond, durable d'une oeuvre d'art avec le pays où elle est née et avec la nature qui se retrouve en elle. Il y a sans doute dans la musique de France plus de choses que la musique de Massenet n'en confient. Mais cette oeuvre est française par tous ses traits et dans sa plus intime essence (1); elle est un moment de la vie de la France, "une goutte de son sang, une parcelle de son coeur ". ombrage à Massenet s'il n'était pas mort prématurément en 1875. Dès lors, en marge de la Société Nationale qu'on appellera plus tard la "Bande à Franck ", Massenet devient le chef de file de la jeune musique française. A cent jours de distance, deux.oeuvres devaient lui assurer ce titre, l'une et l'autre jouées à l'Odéon : 1. - Le 3 janvier 1873, on y entend "Les Erinnyes", sur un texte de LECONTE DE LISLE, avec une musique de scène dont une page, "La Jeune Troyenne regrettant sa patrie", devient aussitôt célèbre. 2. - Le 11 avril de la même année, on y entend, sous la jeune direction d'Édouard COLONNE, un drame sacré en trois parties intitulé : "Marie-Magdeleine". Il s'agit cette fois d'un oratorio dont l'habituelle rigueur solennelle cédait ici à un tendre mysticisme. Une page au moins y annonçait le plus authentique Massenet. C'est l'air de Marie- Magdeleine : "Avez-vous entendu sa parole ? " A ces deux oeuvres vient s'ajouter, écrite pour la reprise, à l'Odéon toujours et en 1873, de la Comédie de François COPPÉE : "Le Passant", "Une toute petite "Sérénade". Mignonne, voici l'avril Le soleil revient d'exil Tous les nids sont en querelle... Mais cette Sérénade se chante, si l'on ose dire, sur toutes les échelles jusque sur celles des peintres. Massenet, devenu un jeune maître, ne pouvait que voir s'ouvrir devant lui la porte de l'Opéra. Il prit cependant son temps pour en franchir le seuil : ce n'est que le 27 avril 1877 que l'Opéra affichait de lui une oeuvre du plus grand modèle : "Le Roi de Lahore". Peut-être l'auteur y était-il un peu moins lui-même que dans ses premières oeuvres. Mais ces cinq actes n'en faisaient pas moins très grand effet avec, dans un sens traditionnel, leurs ensembles, leurs cortèges, leurs danses, et cette...
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« ombrage à Massenet s'il n'était pas mort prématurément en 1875.

Dès lors, en marge de la Société Nationale qu'on appellera plus tard la "Bande à Franck", Massenet devient le chef de file de la jeune musique française.

A cent jours de distance, deux .œuvres devaient lui assurer ce titre, l'une et l'autre jouées à l'Odéon : 1.

- Le 3 janvier 1873, on y entend "Les Erinnyes ", sur un texte de LECONTE DE LISLE, avec une musique de scène dont une page, "La Jeune Troyenne regrettant sa patrie", devient aussitôt célèbre.

2.

- Le 11 avril de la même année, on y entend, sous la jeune direction d'Édouard COLONNE, un drame sacré en trois parties intitulé: "Marie-Magdeleine".

Il s'agit cette fois d'un oratorio dont l'habituelle rigueur solennelle cédait ici à un tendre mysticisme.

Une page au moins y annonçait le plus authentique Massenet.

C'est l'air de Marie- Magdeleine: "Avez-vous entendu sa parole ? " A ces deux œuvres vient s'ajouter, écrite pour la reprise, à l'Odéon toujours et en 1873, de la Comédie de François COPPÉE: "Le Passant", "Une toute petite "Sérénade", Mignonne, voici l'avril Le soleil revient d'exil Tous les nids sont en querelle ...

Mais cette Sérénade se chante, si l'on ose dire, sur toutes les échelles jusque sur celles des peintres.

Massenet, devenu un jeune maître, ne pouvait que voir s'ouvrir devant lui la porte de l'Opéra.

Il prit cependant son temps pour en franchir le seuil: ce n'est que le 27 avril 1877 que l'Opéra affichait de lui une œuvre du plus grand modèle: "Le Roi de Lahore".

Peut-être l'auteur y était-il un peu moins lui-même que dans ses premières œuvres.

Mais ces cinq actes n'en faisaient pas moins très grand effet avec, dans un sens traditionnel, leurs ensembles, leurs cortèges, leurs danses, et cette tonitruante "Incantation" qui, pour les gens du temps, eût été capable à elle seule de faire accéder son compositeur aux plus hautes dignités.

Un an plus tard, donc, en 1878 et coup sur coup (18 octobre et 30 novembre), Massenet prenait possession, au Conservatoire, de la chaire de Composition, et d'un fauteuil à l'Institut: DE 1878 A 1902 (DE 36 A 60 ANS) Encore que les trois grandes dates, que les trois grandes œuvres de Massenet soient "Manon" (1884), "Werther" (1892) et "Le Jongleur de Notre-Dame" (1902), il n'est presque aucune date, entre celles-ci, qui ne marque une œuvre-succès ...

ou une œuvre-triomphe.

Au lendemain de "Manon", on peut dire qu'une œuvre de Massenet est assurée du succès avant même d'être écrite.

Une œuvre de Massenet est d'ailleurs, en même temps qu'une œuvre d'art.

un "article français" qui, d'emblée, fait fortune à l'étranger.

Deux seulement de ses opéras ne furent pas créés à Paris: "Hérodiade" (1881) qui, à cause du sujet mettant en scène un Saint-Jean amoureux de Salomé (ce qui valut à son auteur l'excommunication mineure de l'Église), dut d'abord s'exiler à Bruxelles pour ne rejoindre l'Opéra que quarante ans plus tard, en 1921, alors que l'un de ses airs: "Vision Fugitive" avait fait le tour du monde et la gloire de tous les barytons! "Hériodiade" et "Werther", que les circonstances qu'on va lire exilèrent, provisoirement.

à Vienne en 1892.

"Hérodiade", musique chaude, caressante, voluptueuse, qui suit "Le Roi de Lahore", précède "Manon" qui est tout sourire, tout esprit, toute tendresse et qui, en respectant le cadre et les traditions de l'Opéra-Comique d'alors, enveloppe la frivole héroïne d'une "poudre de riz sonore "• atmosphère musicale délicate et raffinée d'un siècle qu'on a pu dire celui de la femme: le XVIII•.

"Manon" est jouée à l'Opéra-Comique en 1884, tandis que l'Opéra accueillera, respectivement en 1885 et 1891: "Le Cid" et "Le Mage", deux œuvres dont les destinées allaient être assez différentes.

R1en ne survit du "Mage", et c'est là une petite injustice, tandis que "Le Cid" resta longtemps dans toutes les mém01res grâce à un air émouvant: "Pleurez mes yeux" et grâce aussi à un ballet séduisant où brille une Aragonaise au succès persistant.

Mais la première de ces deux œuvres, "Le Mage", se marquait d'une influence assez imprévue, à laquelle pourtant il était alors difficile d'échapper: celle de WAGNER.

Cette influence devait, dans l'œuvre suivante, "Esclarmonde", se préc1ser encore jusque dans l'usage du leit-motiv (6).

Massenet eut toujours une vive prédilection pour "Esclarmonde" peut-être bien parce qu'il l'avait composée avec la collaboration de son interprète préférée: Sibyl SANDERSON.

Cette œuvre sensuelle constitua, en 1889, année-exposition, le "clou" de l'Opéra-Comique, et obligea "Werther ", composé pourtant dès 1886, à trouver asile à Vienne.

Créé là-bas en 1892, "Werther" nous revenait l'année suivante pour s'avérer comme la plus simple, la plus directe, la plus humaine des partitions de Massenet: son chef-d'œuvre.. »

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