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Igor Stravinski

Publié le 22/02/2012

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Né à Saint-Pétersbourg où son père était chanteur au Théâtre Impérial, Stravinski commença l'apprentissage de la composition et de l'orchestration à vingt ans, sous la direction de Rimski-Korsakov. Ses premières oeuvres encore timides l'amenèrent à rencontrer Diaghilev, grand découvreur de talents, qui lui commanda son premier ballet, L'oiseau de feu. Ce fut un brillant coup d'éclat que Stravinski conforta par la composition de trois oeuvres magnifiques d'une grande nouveauté sur le plan harmonique, rythmique et orchestral, dont Le sacre du printemps, véritable révolution conceptuelle à la veille de la guerre de 1914. Après s'être réfugié en Suisse, Stravinski retourna vivre en France (1919), où il passa vingt années entrecoupées de fréquentes tournées en Europe et aux États-Unis comme chef d'orchestre et pianiste.

« sort qu'elle lui fait (aussi bien son objet ne subit-il pas de sort, il est seulement là, dans toute sa plénitude et toutesa portée).

Autrement dit, Stravinski ne s'engage à l'égard de son objet qu'esthétiquement, non pas éthiquement.L'exemple du Choral de l'Histoire du Soldat éclairera ce fait.

Rien n'est plus un "choral" que ce morceau et pourtant iln'est pas possible de penser qu'un être mû par l'impulsion de s'exprimer dans un choral le concevrait de cette sorte.C'est que le choral n'est pas au cOeur de Stravinski, mais au cOeur du soldat et de la princesse en ce momentdécisif de leur vie et ce que Stravinski nous donne, c'est la vision qu'il a du choral qui est au cOeur de sespersonnages et qu'il fait de telle sorte qu'on sente bien qu'il n'est pas le sien.

Donner en ce moment un vrai choraleut été dérisoire, parce que de pauvre imagination créatrice.

Aussi bien un autre musicien n'eût-il pas fait un choral,parce qu'il n'aurait pas vu dans ce moment un moment esthétique mais un moment émotif dont il aurait assumél'émotion pour en donner l'expression musicale. Notre musique était un art, mais un art qui avait à être une langue expressive.

Avec Stravinski elle est "art" de parten part.

Le message personnel absent du jeu de ses motifs, de ses accords et de ses rythmes est tout entier dansleur qualité esthétique qui dévoile avec une pertinence et une force extraordinaires la vision de l'auteur.

Aussi cesjeux prennent-ils une saisissante plénitude de sens sitôt qu'ils sont placés dans la lumière de cette vision, c'est-à-dire devant la fin que l'auteur leur a assignée.

Et il suffit pour cela d'une image que l'on voit sur la scène, ousimplement que l'on pense, d'un geste, d'une allusion, en général d'un élément de référence quelconque qui estsouvent dans la musique même, par exemple un rythme de polka, ou le rappel d'un motif du Barbier de Séville dans leJeu de cartes.

C'est ce qui explique que toutes ses Oeuvres à "sujet" aient été si immédiatement accessibles aupublic.

Dans ses Oeuvres de concerts, symphonies, concertos, sonates, un ethos impersonnel et pour ainsi direconsacré, attaché aux styles qu'il traite, soutient le labeur du musicien et l'éclaire comme d'une lumière réfléchie.

Cen'est sans doute pas ce que dirait l'auteur de ces Oeuvres qui sont celles de son âge mûr.

Devenu conscient de lanature particulière de son art, il en a fait un credo et se refuse à voir d'autre raison à la musique que l'ordreconstructif.

L'ordre constructif est la condition nécessaire de la musique, mais non sa raison et quand le travailformel est cultivé pour lui-même, il ne rend à l'auditeur que la mesure d'invention de l'auteur.

Si la conscience de lamusique à laquelle se rattache Stravinski ne l'a pas amené, comme Glazounov, à un pur et simple académisme, c'estdû à ses exceptionnelles ressources imaginatives et sensibles.

Le besoin de manifester par les jeux du rythme et del'harmonie des faits expressifs toujours nouveaux l'a amené à explorer toutes les possibilités, toutes les dispositionsimaginables du système musical tel qu'il nous est donné par la nature et par la tradition.

C'est pourquoi il a eu tantde "manières" qui excluent en réalité la question de "style", à moins que l'on réduise cette notion à l'ordre du "faire"et que l'on désigne par là, dans un sens bien différent de celui que le mot avait pris dans la tradition occidentale, uncertain caractère constant de la musique de Stravinski qui est la marque incontestable de sa personnalité.

Mais ces"manières", parce qu'elles s'exerçaient toujours dans les voies naturelles de notre art, avec une intelligence et uneprobité du "métier" égales à celles des plus grands Maîtres, lui ont fait faire d'authentiques conquêtes.

Il aproprement élargi le champ des possibles dans l'ordre traditionnel de la musique occidentale, tant dans le domainerythmique que dans le domaine harmonique.

Aussi ses Oeuvres, en dehors de leur attrait propre, laisseront-elles unesomme de ce qu'on pourrait appeler de la "matière musicale" qui est pour notre art un acquis impérissable et fécond.. »

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