Ia Orana Maria (Je vous salue Marie) de Gauguin
Publié le 09/09/2012
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Cette version « primitive « d'un thème majeur de la peinture occidentale ne manque cependant pas de raffinement, en dépit de sa force chromatique. L'ange , dont la présence désincarnée est traduite par une légère silhouette posée sur la pointe des pieds, es t pris dans le réseau graphique des branches de l'arbre au premier plan...
«
Analyse
~« Un ange aux ailes jaunes indique à deux femmes tahitiennes Marie et Jésus tahitiens aussi - du n.u vêtu du paréo, espèce de cotonnade à
fleurs qui s'attache comme on veut à la ceinture.
Fond de montagne très sombre et arbres
à fleurs.
Chemin violet foncé et premier plan vert
émeraude ; à gauche des bananes.
J'en s
uis assez content.
» Ce passage d'une lettre envoyée par
Gauguin
le 11 mars 1892 décrit très clairement la
Orana Maria .
La lettre était destinée à Daniel de
Monfreid, un ami proche de l' art iste et qui l'ava it à plusieurs reprises aidé financièrement.
À
l'évidence , Gauguin est satisfait de son premier
travail tahitien :
il lui permet d'apaiser sa soif de couleurs et d'exotisme.
Cette version
« primitive » d'un thème majeur
de la peinture occidentale ne manque cependa nt pas de raffinement , en dépit de sa force chromatique.
L'ange , dont la présence désincar
née est traduite par une légère silhouette posée
sur
la pointe des pieds, est pris dans le réseau
graphique
des branches de l'arbre au premier
plan.
Le traitement par aplats de couleurs et
l ' accent
mis sur le caractère linéaire des plumes
et des branches, contribuent à
lui donner un
caractère abstrait, quasi ornemental, qui con
traste avec la présence affirmée des autres figures
au rendu délibérément volumétrique.
Marie
et l'Enfant sont
en effet traités tout
différemment : leur corps sont réduits
à quelques
volumes simples, les couleurs sont vi ves et fortes .
Le rouge du paréo, l'ocre des pe a ux mates aux ombres vertes s'imposent au regard du spectateur
qui ne perçoit que dans un second temps le ton
lilas de la robe de l' a n ge aux plumes mauv es, ou le
vert amande des feuilles du tiaré moorea aux fleurs blanches qui laisse transparaître l 'éclat d'or
de
ses ailes.
Au premier plan, la nature morte aux
bananes appartient elle aussi pleinement à cet
univers terrestre
aux couleurs chaudes et aux volu
mes affirmés.
Les deux femmes en prière au centre
de la compositio n sont très directement inspirées
d '
un bas-relief du temple de Borobudur dont
Gauguin
avait emmené la photographie à Tahiti .
L' œuvre
C L 'œ u vre est sign ée et dat ée 1 891, mais il se mbl e que la toil e ait été enti ère m ent re prise l 'année sui
vante par l' artiste .
En 1893 , lors de son retour à Paris, Gauguin organise une exposition de se s œuvres chez Durand-Rue/ , du 4 novembre au
1"' décembr e; il expose les toiles réa lisées au cours
du premi e r s éjo ur tahiti e n et la Or an a Maria est en
tê te de la liste des œu vre s exposée s.
Gauguin a
r é alis é plusieurs v ersions d e ce th èm e, notamm en t
pour
illustr e r l e manus c rit Noa Noa .
Une lettre de Gauguin à sa femme
• « [ ...
] Je suis un grand artiste et je le sais.
C'est parce que je le suis que j' ai tellement
enduré de
souffran ces.
Pour poursuivre ma voie
sinon je me considérerais comme un brigand.
Ce que je suis du reste pour beaucoup de personnes.
Enfin ,
qu 'import~.
Ce qu i me chagrine le plus c'est moins la misère qu e les empêchements
perpétuels à
mon art que je ne puis faire comme je
le sens
et que je puis le fair e sans la misère qui
me lie les bras.
Tu me dis que j'ai tort de rester
éloigné
du centre artiste.
Non, j'ai raison , je sais
depuis longtemps ce que je fais et pourquo i je le fais.
Mon centre artist iqu e est dans mon cerveau
et pas ailleurs et je suis fort parce que je
ne suis
jamais dérouté par l es autres et que je fais ce qui est en moi .» (Tahiti, mars 1 892, à sa femme .)
D u même peintre • PI CTO 84 7 à 864 Photo Nardini Editore.
© Nardini Editore, 1993.
VPC Larousse ·Laffont pour l'édition frança1se 1993 20-32 ----~----------~~~~~~~~~~~~~.
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