HISTOIRE DE LA MUSIQUE: Le folklore et le Jazz
Publié le 19/10/2011
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Les exemples cités plus haut, empruntés au mobilier ou aux tissus, le sont volontairement : ils traduisent cette prégnance de la main humaine sur l'objet folklorique, et témoignent de son côté artisan. On comprend tout ce que peuvent avoir de c littéraire « les théories accordant au folklore musical -puisqu'il s'agit de cela, ici - une origine spontanée ou collective et en font l'oeuvre d'illettrés. La « chanson populaire, écrivait Tiersot, est l'art des illettrés « et Canteloube, de son côté affirme que le « peuple fait ses chansons « que le « peu pie est le seul initiateur «. A l'opposé, une école qui se veut «.réaliste « ou « positiviste « pense que seuls des intellectuels citadins -dont les petites gens deviennent les imitateurs, peuvent être à l'origine des chants populaires.
«
donc un peu plus d'un siècle : au milieu du XIXe, le « Littr~ » l'ignore, de même que le Grand Larousse où il ne figure qu'au deuxième suppl~ent.
En revanche,
on le trouve -également en 1846 d'ailleurs- dans
un article de i'Atheniium.
Il faudra attendre 1885 pour
relever sa pr~nce dans le langage courant français,
à travers les ~crits de Puymaigre.
Une
mise en garde s'impose toutefois.
Traduire l'an glais « folksongs » ou l'allemand · « volkslieder » par « chansons populaires » risque, même si la traduction
demeure exacte, de conduire au contresens .
Le mot «populaire », en eftèt, signifie d'abord « qui est du
peuple, qui concerne le peuple » mais également, dans
son sens dérivé «qui a acquis la faveur publique , la popularité ».
A cet ~gard, un refrain de Maurice Che valier ou d'Edith Piaf, même si, au plus haut de sa
gloire, chante sur toutes les lèvres des « gens », ne sau rait être rangé au nombre des « chansons populaires » (encore qu'il en ait, on le verra, de nombreux caractè res).
Les volkslieder, folksongs, chants folkloriques,
pour être nés du peuple, ne sont pas du tout en effet ,
ceux dont la vogue a gagné le monde entier, car gêné- · ralement ils ne sont connus que d'une région parfois
limitée au simple canton.
Et si l'on retrouve à travers
la France, le Canada francophone et les Antilles fran çaises des chansons qui, en d~it de variantes souvent
très importantes, ont bel et bien une même origine (ici, les navigateurs transportant avec eux leurs trésors poé tiques du terroir d'origine) ces variantes montrent bien
comment chaque peuple les a « remodelées » selon son
tempérament, ses goOts et ses coutumes.
C'est ce qui
a pu faire dire à Joseph Canteloube, l'éminent spécia liste français, que les chansons populaires constituent
la plus pure, la plus humaine, et à-coup sOr la plus
ancienne des traditions.
Elles expriment l'âme du peu ple, et permettent ainsi de connattre, à travers elles,
la vie intime de la nation, en nous apprenant sur cette
dernière plus que toutes les études , tous les traités et
tous les livres .
Même si l'on fait la part de ce généreux
lyrisme, il n 'en demeure pas moins que l'étude du folk lore demande aujourd'hui aux spécialistes qui s'y int~ ressent , de larges et profondes connaissances en des domaines aussi variés que la philosophie , la philologie,
la phonétique, la géographie, l'histoire, la sociologie,
sans oublier évidemment une indispensable mattrise des dialectes, du solfège et de l'harmonie ...
C'est qu'au
delà du simple t air », de la seule « mélodie », la chan son folklorique révèle tout un pan de vie démographi que, géographique, révèle également les caractères
d'une race, voire les habitudes de certaines couches so ciales : on conçoit que son étude soit à la fois passion
nante, ardue et délicate .
Faut -
il d'ailleurs limiter le folklore à la seule musi que ? Pour notre part, nous ne le croyons pas.
Toute
manifestation artistjque pop~laire relève en effet de cette science: l'étude des motifs employés dans les boi series des meubles , dans les tissus ou les vêtements
peut être aussi révélatrice du caractère et des tendan ces profondes d'une ethnie que l'analyse thématique,
rythmique ou modale de ses chants.
Il n'y a pas,
croyons-nous, de barrière entre les arts :
si les mélodies
de Debussy s'apparentent à la poésie de Verlaine et
à la peinture des impressionnistes ses contemporains,
telle chanson bretonne évoque bien le gris du ciel ou
la nostalgie de la lande, tout comme une jota arago naise traduit la couleur, le soleil, la vivacité pleine de
sang et de soleil dont s'abreuvent quotidiennement les gens de ce pays ...
I..ës exemples cités plus haut, empruntés au mobilier ou aux tissus , le sont volontairement : ils traduisent
cette prégnance de la main humaine sur l'objet folklo rique , et témoignent de son côté artisan .
On comprend
tout ce que peuvent avoir de c littéraire » les théories
accordant au folklore musical -puisqu'il s'agit de
cela, ici - une origine spontanée ou collective et en font l'œuvre d'illettrés.
La « chanson populaire, écrivait
Tiersot, est l'art des illettrés » et Canteloube , de son côté affirme que le « peuple fait ses chansons » que le « peu pie est le seul initiateur ».
A l'opposé, une école qui se veut «.réaliste » ou « positiviste » pense que seuls
des intellectuels citadins -dont les petites gens de viennent les imitateurs, peuvent être à l'origine des
chants populaires .
Plus près de nous, un Saintyves re prenait en 1933 certaines opinions de Gérold et souli gnait : « est populaire tout ce qui, ayant été créé pour le peuple par des individus lettrés ou quasi-lettrés a été adopté par des groupes de paysans ou d'artisans
sans culture et transmis, dès lors, de bouche à oreille ,
pendant un temps assez
long».
Trop de sous-entendus ,
- de castes , voire politiques, -apparaissent dans ces prises de position qui traduisent plus un souci de
construire une belle théorie que de vraiment
c
comprendre » ce qu'est le folklore.
En fait, d'où sortent ces chansons populaires? De puis Pasteur, l'on sait bien qu' il n'existe pas de géné ration spontanée .
L'étude des mélodies reste à cet ~gard fort enrichissante et révèle la triple origine de ces chants : un mimétisme d'abord, lié aux in fluences, emprunté et propagé par la soldatesque ou les voyageurs (nos ancêtres en étaient de grands de vant l'Eternel) : d'où les nombreux doublons, les
mêmes versions plus ou moins semblables de région à
région, de pays à pays ; ensuite une version profane
des chants entendus à l'église : qu'on se rappelle le fa meux Dies Irae traduit en « Bibit ille, bibit ilia ; bibit
servus, cum ancilla » , bien révélateurs de l'esprit volon tiers narquois des petites gens .; enfin une version po pulaire empruntée à la musique savante.
Les exemples
pullulent : une romance de Loïsa Paget devient chan son et perd en route le nom de son auteur, comme
son origine ; un refrain devenu populaire en Russie
provient de l'air
« Non più andrai » que chante Figaro
au finale du premier acte des« Nozze ».
Et trois quarts de siècles après lui, combien de rengaines ne sont-elles
pas à l'origine, signées d'Yvette Guilbert ou Olivier
Métra ? Comment une origine qui, en notre siècle
d'étiquetage, a pu se perdre dans la conscience popu laire, n'aurait-elle pas subi le même sort voici plusieurs
centaines d'années? Voici pourquoi délaissant toute
théoriè préétablie mais en se réservant l'appui du bon
sens , nous pensons, avec les principaux ethnologues
d'aujourd'hui, qu'en fait, les chansons populaires sont nées du peuple, chez lui, par lui et pour lui ; le plus
souvent un gars plus malin invente, copie, améliore un
texte qu'il adapte sur un
« timbre » (un refrain) déjà connu et que « les autres » peuvent à leur tour.
enton ner.
L'ethnomusicologue de La Villemarqué en avait
fait jadis l'expérience en Bretagne: dans un groupe de.
»
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