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HIPPOLYTE ET ARICIE de Jean-Philippe RAMEAU

Publié le 14/10/2010

Extrait du document

rameau

opéra français du XVill ème siècle  

  • «tragédie mise en musique« en un prologue et un acte

  • livret français de Pellegrin (d'après Euripide et Racine)

  • créé en 1733 à Paris

 

rameau

« ordinairement par là un homme à qui rien n'échappe dans les différentes combinaisons de notes...

et qui y sacrifietout, le bon sens, l'esprit et le sentiment.

Or ce n'est là qu'un musicien de l'école où il n'est question que de noteset rien de plus...

Il serait à souhaiter qu'il se trouvât pour le théâtre un musicien qui étudiât la nature avant de lapeindre, et qui, par la science, sût faire choix des couleurs et des nuances dont son esprit et son goût lui auraientfait sentir le rapport avec les expressions nécessaires." Rameau sait qu'il peut être ce musicien.

Il le prouve, lorsqueaprès un essai avorté de collaboration avec Voltaire, il travaille à l'Hippolyte et Aricie, imité de la Phèdre de Racinepar l'abbé Pellegrin.

Celui-ci, qu'on appelait le "curé de l'Opéra", avait, par prudence, fait signer à Rameau un billetde cinq cents livres en cas d'insuccès de l'ouvrage.

Lors de la première audition de l'Oeuvre chez La Pouplinière, leriche mécène, Pellegrin, saisi de la beauté de la musique, déchira incontinent le billet. Le succès d'Hippolyte et Aricie ne fut pas immédiat.

Toutefois le Mercure note que "le musicien a forcé les plussévères critiques à convenir que, dans son premier ouvrage lyrique, il a donné une musique mâle et harmonieuse,d'un caractère neuf".

Campra déclare que cet opéra contient assez de musique pour en faire dix, et ajoute : "Cethomme nous éclipsera tous".

Ces remarques, et beaucoup d'autres encore, nous permettent d'affirmer que Rameauproduisit, en son temps, sur le public des impressions dramatiques nouvelles aussi fortes que Wagner en provoqueraplus tard. Au sujet des Indes galantes (Ballet héroïque, 1735), Voltaire prophétise avec clairvoyance : "À la longue il faudrabien que le goût de Rameau devienne le goût dominant de la nation, à mesure qu'elle sera plus savante".

En 1737,Rameau donne une nouvelle tragédie lyrique : Castor et Pollux.

L'ouvrage a peu de détracteurs, mais les Lullistesexercent contre lui leur goût des jeux d'esprit ; c'est ainsi qu'ils baptisent les partisans de Rameau du sobriquet deramoneurs.

Plus tard, cependant, ces mêmes Lullistes se rallieront autour de ce même Castor dans leur lutte contre"l'étrangéromanie des gluckistes". Malgré ses travaux dramatiques, et toujours sur la brèche dans la bataille provoquée par eux, Rameau complète lasérie de ses ouvrages théoriques (Génération harmonique ou Traité de la musique harmonique et pratique, 1737) etfonde une école de composition. Sa personnalité dominatrice éveille les curiosités et subjugue.

En 1739, Les Festes d'Hébé ou les Talens lyriquesremportent un franc succès et, lorsque à la fin de cette même année on annonce une nouvelle tragédie lyrique deRameau : Dardanus, les loges sont retenues huit jours à l'avance.

Les discussions âpres et passionnées qu'ellesoulève prouvent l'importance qu'on accorde à cette Oeuvre.

Au lendemain de la première, un nouvelliste pantoisécrit : "L'ouvrage est si chargé de musique que les musiciens de l'orchestre, pendant trois heures entières, n'ont pasle temps d'éternuer." Durant les six années suivantes, Rameau n'écrit plus pour la scène ; mais, en 1741, paraissent ses magistralesPièces de Clavecin en concerts.

Sa célébrité grandissante attire sur lui les faveurs royales et, lorsqu'il écrira denouveau pour le théâtre, ce sera en musicien de cour.

Désormais on pourra "retrouver dans son Oeuvre l'idéeconventionnelle et souvent incomplète qu'on se fait d'ordinaire du style Louis XV" (Paul-Marie Masson).

Celle des sixOeuvres dramatiques de cette année 1745 qui domine les autres est cette étonnante comédie lyrique de Platée,véritable opera-buffa féerique d'une verve étincelante qui ne laisse pas d'annoncer Chabrier et où Rameau amanifesté tous les aspects de son talent, du noble au gracieux, du pathétique au bouffon.

Il en a émaillé la partitiond'annotations minutieuses et spirituelles : ariette badine, en coupant un peu les premières noires, en pédalisant, engracieusant avec feu, en faisant l'agréable... Les ballets se succèdent.

Mais, en 1749, Rameau revient à la tragédie lyrique avec Zoroastre, qui déchaîne encorecabale et lazzi.

La réputation de cet ouvrage dépasse cependant les frontières.

Son ouverture résume l'évolutionpsychologique du drame.

Innovation qu'on attribuera plus tard à Gluck dont on oublie trop que Rameau fut, sur leplan dramatique, le précurseur. Ce serait trahir Rameau que de résumer ici la Guerre des Bouffons, querelle qui le met aux prises avec lesEncyclopédistes.

Retenons seulement qu'elle lui procure l'occasion de préciser par de nouveaux écrits ses idéesesthétiques et de compléter ses données théoriques.

Cela n'est pas rien pour un homme qui, si on lui avait donné àchoisir, aurait rejeté son Oeuvre artistique au profit de ses ouvrages scientifiques. Malgré les soucis de ces luttes continuelles, malgré les discussions avec la direction de l'Opéra pour retirer quelquerapport de ses ouvrages, Rameau compose pour la scène, entre 1753 et 1760, huit pièces diverses dont la dernière,Les Paladins, n'est pas la moins vigoureuse.

Mais lui-même s'analysant avec une lucidité et un sang-froid étonnants,déclarait : "De jour en jour j'acquiers du goût, mais je n'ai plus de génie." Quelle poignante leçon d'humilité etd'honnêteté ! Toutefois il mène à bien une nouvelle tragédie en cinq actes : Atsaris ou les Boréades. Depuis 1750 la gloire est venue.

Castor est "applaudi avec fureur", Les Indes galantes "vont aux nues" et la reprisede Dardanus est triomphale.

Mais, en septembre 1764, le vieillard "long, sec, noir et dur" est terrassé.

Il a encore laforce de rabrouer le curé de Saint-Eustache venu l'assister en ces derniers moments, parce que ce brave curé a lavoix fausse. On fait de splendides funérailles au "Newton des sons", à ce "phénomène de la nature" et, ainsi que Rousseau l'asouhaité, "la nation lui rend bien des honneurs pour lui accorder ce qu'elle lui doit".. »

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