Grand oral du bac : LES MUSÉES
Publié le 30/01/2019
Extrait du document
À l’époque contemporaine, l’architecture des musées suscite de nombreuses controverses. Ainsi, le centre Georges-Pompidou à Paris est accusé de défigurer la ville: pourtant sa structure apparente a été choisie pour sa capacité à s’intégrer à l’environnement urbain. Mais on avait déjà connu un même tollé contre Frank Lloyd Wright et le Guggenheim Muséum (1959) de New York. La structure hélicoïdale de ce musée est décriée, alors qu’elle reprend sciemment une vieille tradition urbaine, celle des hautes ziggourats assyriennes.
Malgré les apparences, le respect des architectures passées reste une constante, comme le prouvent la réhabilitation d’un vieil hôtel du marais pour le musée Picasso, ou l’utilisation des bâtiments d’une gare 1900 pour le musée d’Orsay Dernièrement, au musée de Lille, l’usage du fer et du verre non seulement respecte le bâtiment du xixe siècle, mais le reflète et l’amplifie. Le Louvre, quant à lui, a vu l’érection en 1983 de la pyramide de Verre de Pei, inaugurant le projet Grand Louvre, vaste refonte muséographique dont les travaux s’étalent sur quinze ans.
La culture: produit de consommation?
Guillaume de Laubier - PIX
Le Grand Louvre a été disposé et réorganisé suivant les principes de la muséographie moderne. L’ouverture de l’aile Richelieu en 1993 en a fait le plus grand musée du monde.
La conception des musées contemporains a résolument rompu avec la notion du mouseîon antique. Le musée est devenu le centre d’un vaste espace culturel, où de multiples activités attirent et retiennent les visiteurs. Les musées français ont tardé à prendre conscience de leur vocation d’enseignement et à présenter leurs collections de façon didactique. Depuis une quarantaine d’années, les efforts mis en place ont fait tripler la
fréquentation des musées (qui sont aujourd’hui plus de 2 000 en France).
Néanmoins, dans les années 1990, le musée semble de nouveau considéré comme un lieu d’ennui. Charles Sterling, célèbre historien d’art, préconisait de ne jamais demeurer plus d’une heure d’affilée dans un musée. Or, à l’inverse de cette suggestion, les musées poussent le visiteur à «profiter au maximum» du large éventail de possibilités que lui offre souvent l’achat d’un unique ticket.
Parallèlement, la baisse générale de fréquentation des salles permanentes des musées ne peut être mise sur le compte du coût des droits d’entrée : les expositions temporaires, dont les tarifs ne sont pas moins élevés, attirent autant voire plus de visiteurs...
La question de la gratuité ou de la non-gratuité n’est donc pas véritablement en cause.
Alors quoi? L’exposition temporaire serait-elle la concurrente déloyale des collections permanentes? Il semblerait en effet que, plus médiatisé, plus explicité, son contenu cristallise mieux l’aspect « consommation » de l’intérêt du public pour l’art.
Serait-ce que le caractère temporaire de ces expositions s’adapte mieux aux rythmes actuels de la vie urbaine?
«
Les
musées
Le cabinet d'amateur
Les œuvres d'art telles qu'on les envisage
aujourd'hui apparaissent dans les cabinets de
curiosités au XVI' siècle: statues, dont François l"
est si féru qu'il les envoie copier en Italie pour en
disposer des copies en bronze à Fontainebleau;
ou portraits de famille, comme ceux que Cathe
rine de Médicis fait regrouper dans ses apparte
ments.
Au fur et à mesure qu'on approche du
XVII' siècle, cette marotte se répand parmi les
classes sociales moins élevées: afficher un intérêt
pour l'art est une sorte de promotion sociale.
Mais aucun classement n'est encore envisagé: on
recherche au contraire un capharnaüm suggestif,
comme le montrent les peintures de l'époque qui
font du cabinet un sujet de prédilection.
Cette
conception de l'exposition est si prégnante qu'au
xiX' siècle on y a recours pour organiser certaines
collections: bijoux, vaisselle, médailles, estampes
et manuscrits -tous ces objets ne sont aisément
visibles que de près.
De la collection au musée
Le tout premier musée naît en Angleterre en
1683.
Un certain Elias Ashmole lègue à l'universi
té d'Oxford sa collection d'œuvres d'art, elle
même constituée d'un legs, reçu auparavant par
John Tradescant.
Ainsi naît l'Ashmolean
Museum.
Il est encore proche des cabinets de
curiosités, mais ses statuts proclament une volon
té d'accessibilité au public.
Le XVIII' siècle est le premier siècle des musées,
grâce à la présentation des collections princières.
Pierre le Grand ouvre, un cabinet public à Saint
Pétersbourg en 1719.
A Florence, la dernière des
Médicis, Anna Maria Luisa, lègue ses possessions
aux Lorraine qui lui succèdent, à condition
qu'elles soient accessibles à tous.
Ainsi naît le
musée des Offices en 1737.
Le musée de Vienne
expose au Belvédère en 1776-1778 les collec
tions de Rodolphe Il, qui formeront à partir de
1891 le Kunsthistorisches Museum.
Age des
Lumières, le XVIII' siècle est celui de la raison: en
1778, à Düsseldorf, paraît le premier catalogue un
tant soit peu rigoureux.
Seule exception à ce
concer t de collections princières: en 1753, le Bri
tish Museum est créé sur initiative publique après
achat, par le Parlement, de la collection Sloane.
Premiers musées français
Depuis 1699, le Salon, première exposition de
peinture digne de ce nom, se tient au Louvre,
dans la Grande Galerie puis dans le salon Carré.
En 1750, une galerie exposant certaines pièces
des collections royales est ouverte au Luxem
bourg ...
deux jours par semaine.
Sous l'impul
sion des idées des Lumières, et influencées par
Diderot et l'article «Louvre>> de son Encyclopé
die, des voix s'élèvent pour réclamer l'exposition
des collections au Louvre, déserté pour
Versailles.
Ainsi, en 1746, M.
La Font de Saint-Yenne
publie des Réflexions sur quelques causes de la
décadence de la peinture en France.
Cependant,
l'ouvrage ne paraît qu'en Hollande, car il ne fait
pas bon prétendre que la nation a un droit de
regard sur les collections du roi ...
Enfin, dans les
années 1770, Louis XVI lui-même charge le
comte d'Angiviller, directeur des Bâtiments, de
réunir au Louvre les collections d'œuvres
anciennes et de placer aux Invalides les plans
relief, donnant une première impulsion au musée '
François /"était si féru de sculptures
Italiennes qu'Il/es faisait copier en bronze
pour pouvoir les contempler à Fontainebleau.
La Rome antique était déjà la cité privilégiée
de la sculpture, art dans lequel, notamment en
polychromie, ses artistes étalent passés maÎtres.
des Armées.
Les travaux du comte d'Angiviller
n'ont pas encore porté leurs fruits que la Révolu
tion éclate.
L'histoire du musée du Louvre ne commence
qu'en 1791, mais dès 1789la confiscation des
biens de la noblesse et du clergé met en place un
système de collecte d'œuvres, dont il va bien fal
loir faire quelque chose.
Une tentation récurrente
est de tout détruire, pour que ces souvenirs de
l'Ancien Régime ne viennent pas contaminer
l'esprit de ceux qui se battent pour la liberté.
Pillages et destructions ont déjà eu lieu lorsqu'on
décide la fondation du Museum central des arts,
inauguré le 10 août 1793.
À la même période sont i Dès le xvtr siècle, afficher un Intérêt pour l'art a ressemble à une forme de promotion sociale.
On constitue une sorte de capharnaüm réunissant
portraits de famill e, bijoux, vaisselle, médailles,
estampes, manuscrits ...
L'amateur d'art fait
visiter son cabinet en toute simplicité .
créés d'autres musées parisiens, qui illustrent
divers domaines de la connaissance: la nature
avec le Museum national d'histoire naturelle
(1 793); les techniques avec l'installation du
Conservatoire national des arts et métiers à
l'abbaye Saint-Martin-des-Champs (1794); l'his
toire avec la création du musée des Monuments
français (1795), dont les collections illustrent l'his
toire au travers d'œuvres d'art; l'art enfin, réservé
au Louvre pour la peinture italienne, à Ve rsailles
pour la peinture française à partir du XVII' siècle.
L'apogée du x1x" siècle
Tout au long du XIX' siècle, les gouvernements
français enrichissent ou réorganisent les collec
tions nationales.
Napoléon met à profit ses cam
pagnes pour rapatrier au Louvre des �uvres de
Belgique, de Hollande, d'Italie ou d'Egypte.
Il
abolit les ordres monastiques (1810) et se sert
allégrement dans les églises et les couvents.
Louis XVIII crée au Luxembourg un musée d'art
contemporain, ancêtre du musée d'Art moderne.
En 1833, Louis-Philippe installe à Versailles un
musée «à toutes les gloires de la France»: en sou
lignant la continuité du pouvoir en France depuis
Clovis, il assoit sa propre légitimité.
Sous Napo
léon III, de grandes salles de peintures sont instal
lées au Louvre.
Par ailleurs, le début du siècle est marqué en
France par la création de musées provinciaux.
Chaptal propose ainsi de décongestionner le
Louvre en créant dans des villes de province des
collections retraçant toute l'histoire de l'art.
Les
envois commencent en 1802, se poursuivent en
1805, en 1811 et enrichissent Bordeaux, Rouen,
Dijon, Nantes, Lyon, Marseille, Nancy, Lille, Tou
louse, Rennes, Strasbourg et Caen..
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