Grand oral du bac : BERTOLT BRECHT

« Bertolt Brecht chanson, au roman policier et critique les "belles lettres» qui n'ont pas de «valeur d'usage», notam­ ment la littérature bourgeoise incarnée à ses yeux par Thomas Mann.

Inspiré par les expériences du metteur en scène Erwin Piscator, il élabore sa théorie du "théâtre épique», capable de rendre compte des processus sociaux et des devenirs humains.

C'est aussi l'époque où il entame une collabo­ ration fructueuse avec le musicien Kurt Weill, dont le style expressionniste évolue alors vers une forme d'art plus réaliste et populaire.

Le célèbre Opéra de quat'sous est créé en 1928, au Schiffbauerdammtheater de Berlin, dans une mise en scène de Caspar Neher, avec la musique de Kurt Weill pour les chansons.

C'est l'événe­ ment théâtral des années 1920 en Allemagne et, par la suite, la pièce connaît un grand succès dans le monde entier.

Le Berliner Theater est mis à la disposition de Brecht, qui fonde une compa­ gnie avec sa femme Helene Weigel.

Cette forma­ tion lui permet de représenter ses propres œuvres, et de regrouper ses activités d'auteur et de metteur en scène.

À cette époque, Brecht se plonge dans l'étude approfondie du marxisme et fait la connaissance de Walter Benjamin, avec qui il aura plusieurs projets de revues.

Les théories marxistes lui ins­ pirent ses pièces didactiques (Lehrst ücke), courtes œuvres en un acte conçues sur un mode éducatif, qu'il remanie sans cesse.

Certaines de ces pièces sont mises en musique par Paul Hindemith, Kurt Weill et Hanns Eisler.

De cette époque datent également Homme pour homme (1926) et Sainte Jeanne des abattoirs (1931).

L'homme y apparaît comme le produit des événements, incapable de ne pas s'engager sans se renier, et d'agir sans per­ pétuer l'injustice.

Brecht envisage le théâtre sous l'angle des pro­ blèmes sociaux, lui donnant des bases scienti­ fiques et une fonction pratique.

En 1929, il déclare: "L'avenir du théâtre est dans la philosophie.>> Le système capitaliste rendant les rapports humains impossibles, il ne peut concevoir un nouveau théâtre sans un nouvel ordre social.

Ses diverses tentatives concilient donc le style épique et la démonstration scénique de la théorie marxiste, et PRINCIPALES ŒUVRES 1922 Tambours dans la nuit 1923 Dans la jungle des villes- Baal 1926 Homme pour homme 1927 Les sermons domestiques 1928 L'opéra de quat'sous 1930 Grandeur et décadence de la ville de Mahagonny- L'exception et la règle­ La décision 1931 Sainte Jeanne des abattoirs 1932 Les fusils de la mère Carrar­ Grand'peur et misère du li/' Reich 1933 Les sept péchés capitaux des petits-bourgeois 1939 Mère Courage et ses enfants 1940 Maître Puntila et son valet Matti 1941 La résistible ascension d'Arturo Ui 1945 Le cercle de craie caucasien 1948 Petit organon pour le théâtre 1952 Le procès de Lucullus décrivent la décadence de l'homme moderne.

Mais si Brecht défend la cause du prolétariat, il n'adhère pas au parti communiste.

A travers son œuvre, il représente le monde comme transfor­ mable, sans jamais perdre le goût de la satire et une conception ludique de l'art.

L'exil Les positions défendues par le dramaturge déplaisent fortement au régime nazi.

Plusieurs représentations de La mère (1932) -une libre adaptation du roman de Gorki -et de La décision (1930) -qui se veut une transposition sur scène des idées maîtresses de Lénine -sont interrom­ pues par la police; des poursuites sont engagées pour haute trahison.

Le 28 février 1933, le lendemain de l'incendie � du Reichstag , il part avec sa famille en exil.

Ses livres sont brûlés par les nazis.

Mais hors d'Alle­ magne, sa parole est entendue.

En juin 1933 sont créés à Paris, au Théâtre des Champs-Élysées, Les sept péchés capitaux des petits-bourgeois, sur une musique de Kurt Weill, avec une chorégraphie de Georges Balanchine.

C'est aussi à Paris que seront créés Les fusils de la mère Carrar (1937), pièce de circonstance qui défend le combat du peuple espagnol.

Après Prague, Vienne, puis Zurich, Brecht se rend au Danemark, où est représentée sa pièce antinazie Têtes rondes et têtes pointues.

En 1935, alors qu'il voyage à Moscou, où ses ambitions théâtrales sont déçues, il se trouve déchu de la nationalité allemande.

En Finlande, en 1940, il écrit Maûre Puntila et son valet Matti, une comé­ die décrivant la vie d'un propriétaire foncier qui n'est humain qu'en état d'ivresse.

Fuy ant la progressi9n des nazis en Europe, il se rend en 1941 a_ux Etats-Unis; il y demeurera jusqu'en 1947.

A Santa Monica, près de Holly­ wood, Brecht retrouve Hans Eisler, Peter Lorre, Heinrich Mann, Fritz Lang, avec qui il participe à divers projets cinématographiques.

Le musicien Pa ul Dessau collabore à ses œuvres.

Quelques­ unes de ses pièces sont créées aux États-Unis: Grand 'peur et misère du Il/' Reich, La bonne âme de Setchouan, La vie de Galilée, critique du fascisme et de la barbarie interprétée par Charles ......

Écrite en 1939 et créée en 1941, Mère Courage et ses enfants est une des pièces les plus célèbres de Brecht.

Le rôle d'Anna Fierling, la cantinière traversant la guerre de Trente Ans avec sa carriole, incarne le déchirement entre lucidité et aveuglement.

Ce rôle fut créé par l'épouse de Brecht, Helene Welgel.

' En 194 7, alors qu'il se trouve aux Etats-Unis, Brecht est inquiété par la politique anticommuniste menée par le sénateur Joseph McCarthy.

Laughton.

En 1947, il est convoqué par la Com­ mission des activités anti-américaines, qui com­ mence sa" chasse aux sorcières''· Retour à l'Allemagne Brecht quitte alors les États-Unis, réside quelque temps en Suisse, puis s'établit dans la zone orien­ tale de Berlin en 1948.

Jusqu'à sa mort, c'est dans cette ville qu'il dirige avec sa femme la troupe du Berliner Ensemble, qui connaîtra une renommée internationale.

Ils montent notamment Maître Puntila (1949), Mère Courage (1950), Le cercle de craie caucasien (1954).

Brecht expose les prin­ cipes de son art dramatique dans son Petit orga­ non pour le théâtre (1948) et La dialectique au théâtre (1951).

Accusé de formalisme ou encore de propagan­ disme, son théâtre continue de susciter des mal­ entendus et des controverses.

Mais il a le mérite de toujours viser à rendre actif le spectateur en provoquant une réflexion personnelle, privilé­ giant le raisonnement au détriment, parfois, de l'émotion.

En 1954, Brecht accompagne le Berliner Ensemble pour une tournée triomphale lors du premier Festival international de Paris, et obtient la même année le prix Staline.

Il meurt, à la suite d'un infarctus, à Berlin le 14 août 1956.. »