Giuseppe Verdi (Histoire de la musique)
Publié le 15/11/2018
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LE SOUFFLE LYRIQUE
Giuseppe Verdi n'a écrit quasiment que pour l'opéra, dont il est l'un des maîtres et l'un de ceux qui l'on fait le plus évoluer, entre le premier romantisme et l'avènement de la modernité. Toutefois, Verdi n'a pas seulement fait acclamer ses œuvres de Paris à Saint-Pétersbourg et imposé peu à peu sa domination sur la scène lyrique italienne durant plus de cinquante ans, il est aussi, au même titre que Cavour ou Garibaldi, l'un des héros du Risorgimento, le mouvement de renaissance du sentiment national italien. Né sujet de la France napoléonienne, il est devenu, quelques décennies plus tard, le porte-parole d'un mouvement patriotique dressé contre la domination autrichienne, un héros national et l'emblème de l'aspiration à l'unité italienne.
UNE JEUNESSE MUSICALE
LeS PREMIÈRES ARMES EM MUSIQUE
• Né le 10 octobre 1813 à Roncole, un hameau du village de Busseto, dans la plaine du Pô et le département français du Tara(duché de Parme), alors sous domination napoléonienne, Giuseppe Verdi est le fils aîné d'un aubergiste de campagne - sa sœur Giuseppa, de trois ans sa cadette, mourra dans sa dix-septième année.
• Il vit une enfance protégée et manifeste de bonne heure une vocation musicale. Ses parents lui offrent une vieille épinette : Verdi y fait de tels progrès grâce à l'organiste du village, Pietro Baistrocchi, que, à la mort de celui-ci, en 1825, il lui succède à l’orgue de l'église.
• En 1823, il est envoyé parfaire son éducation au ginnasio (lycée) de Busseto et, en 1825, suit les cours de l'école de musique de Ferdinando Provesi, qui lui donne une solide formation musicale. Antonio Barezzi, le responsable de la société philharmonique de Busseto, le prend sous sa protection.
• À quinze ans, Verdi tombe amoureux de Margherita, la fille de Barezzi. Pianiste et chanteuse, elle l'épousera en 1836 et lui donnera deux enfants,
Virginia et Icilio Romano, prénoms empruntés à une pièce républicaine du dramaturge Alfieri. Verdi travaille avec passion et acharnement : il donne ses premiers concerts, en tant que pianiste et chef d'orchestre, et compose ses premières œuvres
- des cantates, un Stabat Mater, une Messe. Il obtient notamment un triomphe en écrivant une nouvelle ouverture pour le Barbier de Séville de Rossini à la demande des musiciens de la philharmonie.
Objectif Milan
• En 1832, grâce à une bourse d'étude du mont-de-piété de Busseto, il part pour Milan où il tente l'examen d'entrée au conservatoire. Il est refusé comme pianiste en raison de défauts techniques rédhibitoires.
• Grâce à sa bourse et au mécénat de Barezzi, il prend alors des cours particuliers avec Vincenzo Lavigna, auteur d'opéra, répétiteur à la Scala, ancien collaborateur de Rossini. Verdi prend alors goût pour l'opéra et se fait des amis influents dans le monde musical.
• En 1836, il obtient le poste de maître de musique à Busseto. Deux ans plus tard, comprenant qu'il ne peut y donner toute sa dimension et après le décès brutal de sa fille Virginia, il rompt le contrat et retourne à Milan, avec sa femme et le manuscrit d'un opéra.
• Il présente ce dernier à la grande cantatrice Giuseppina Strepponi (1815-1897), qui accepte de créer l'œuvre à la Scala. Représenté en novembre 1839, Oberto, Conte di San Bonifacio obtient un succès suffisant (14 représentations) pour que le théâtre commande aussitôt un nouvel opéra au compositeur.
• Quand Verdi crée son premier opéra, le chant italien est dominé par Rossini, Bellini, Mercadante et, surtout, Donizetti, maîtres du bel canto, un art du chant qui allie virtuosité et vaillance à l'expression dramatique
- un progrès immense par rapport au bel canto baroque de Haendel ou de Vivaldi qui réduisaient la virtuosité à de la brillance formelle. Verdi, au début, se contente d'en assimiler les règles et de les appliquer.
«
•Il
y retrouve avec plaisir l'ex-prima
donna Giuseppina Strepponi, qui
donne des leçons de chant très prisées
depuis un an.
l'amour les enflamme,
ils ne se quitteront plus.
Il s'installe
avec elle dans une maison à Passy,
et y reste environ deux ans, avec
quelques voyages en Italie, notamment
à Milan quand il en apprend l'insurrection
des« Cinq Journées», en mars 1848.
RETOUR À BusSETO
• Verdi et Strepponi reviennent tous
deux vivre à Busseto en juillet 1849.
Verdi y a acheté un domaine, Sant' Agata,
qu'il aménage peu à peu -ils ne
se marieront qu'en 1859.
• Verdi a atteint la célébrité grâce
notamment à l'exaltation du patriotisme,
dont la création effervescente des
Lombards a constitué l'aboutissement.
Il ressent le besoin de resserrer son
inspiration sur des œuvres qui mettent
en jeu non plus des masses, mais des
individus -d'autant que, après l'échec
du Quarantotto (1848), les Autrichiens
ayant restauré leur autorité et
la censure veillant plus que jamais,
l'heure n'est plus à l'opéra patriotique.
• Créé à Naples en décembre 1849,
son opéra Luisa Miller, d'après
un nouveau drame de Schiller, met
en scène les passions douloureuses
d'êtres déchirés.
Il déconcerte les
premiers auditeurs, mais trouve
rapidement son public.
SANT'A�ATA • Après 1850, Verdi est sans rival en
Italie, son aisance financière est assurée
et lui permet d'en finir avec sa «vie
d'esclave».
Les reprises de ses œuvres,
les droits perçus sur les partitions
imprimées lui permettent de prendre
du recul par rapport à sa production.
Il peut songer à écrire des opéras sans
avoir le souci de respecter un contrat
passé avec un directeur de théâtre,
un impresario ou un éditeur musical,
puis à les céder aux plus offrants.
• En 1851, il s'installe à Sant'Agata
avec Giuseppina Strepponi.
Mais
celle-ci n'est acceptée ni par sa famille
ni par la population de Busseto :
tous les habitants savent que la
Strepponi a eu plusieurs enfants
de ses précédents amants.
• Ils font le vide autour du couple
illégitime, accablent Giuseppina
d'insultes.
Antonio Bareui, ex-beau-père
et protecteur de Verdi, lui reproche
sa conduite scandaleuse.
Verdi
coupe les ponts avec ses parents
et la plupart de ses amis, et vit seul
avec Giuseppina, dans son domaine.
lA «TRILOGIE POPULAIRE»
• Verdi compose pour la Fenice
de Venise un drame lyrique inspiré
du Roi s'amuse de Victor Hugo (1832).
Le livret -l'histoire d'un bouffon
difforme, dont sa fille bien-aimée est
enlevée et violée par le roi François 1"
a de quoi
inquiéter
la censure.
Pour ne pas
risquer ses
foudres, Verdi
en change
le titre
provocateur
en Rigoletto.
Créée
en mars 1851, l'œuvre provoque
la liesse de Vénétiens qui, au sortir
des représentations, fredonnent l'air
La donna e mobile.
La maîtrise
technique dont fait preuve Verdi
et la perfection de l'écriture vocale,
accordée aux nécessités du drame
et débarrassée des formes classiques
de construction des airs, place le
compositeur au tout premier rang
des compositeurs de son temps.
• Après Rigoletto, Verdi s'attelle
au Trovatore (le Trouvère), une œuvre
difficile pour les chanteurs et au coloris
orchestral et vocal très particulier,
et dans laquelle il souhaite plier la voix
humaine à la volonté du compositeur,
en la faisant s'aventurer dans des
registres inexplorés -jusque-là
les compositeurs s'efforçaient
de respecter les possibilités
«normales» de l'organe vocal.
• Le troisième chef-d'œuvre de
la «trilogie populaire» est la Traviata.
DES Vli'IIES AU BAI.
MASQUt
• N'ayant jamais eu l'honneur d'une
création à Paris, Verdi accepte le livret
des Vépres sidliennes que lui propose
Scribe, auteur dramatique et librettiste
officiel de l'Opéra de Paris.
Le sujet
est curieux, car résolument antifrançais ;
il retrace le massacre des garnisons
françaises par les Siciliens à Palerme
à Pâques de 1282.
C'est l'occasion
pour Verdi de rivaliser avec les grandes
machineries de l'opéra français qui
triomphent alors à Paris et dont le héros
est Meyerbeer.
l'œuvre est créée en
juin 1855 et accueillie sans enthousiasme
excessif, le livret étant plus à mettre
en cause que la musique de Verdi.
• C'est aussi en raison de la faiblesse
de son livret à l'intrigue passablement
compliquée, que l'opéra suivant
Simon Boccanegra, créé en mars 1857
à Venise, est fraîchement accueilli
malgré la beauté de la musique.
• Le grand opéra suivant est Un ba/Jo
in maschera (un Bal masqué), qui
retrace l'assassinat du roi Gustave Ill
de Suède lors d'un bal masqué.
Créé au San Carlo de Naples en lévrier
LA llrAVIATA
• Pour échapper à l'ambiance
de Busseto, Verdi et Giuseppina
Strepponi font un voyage à Paris
de décembre 1851 à mars 1852.
C'est là qu'ils assistent à une
représentation de la pièce
d'Alexandre Dumas fils la Dame
aux camélias, qui fait un triomphe
à cette époque au théâtre du
Vaudeville.
Verdi est bouleversé
par l'histoire de cette femme rejetée,
comme la Strepponi, à cause de
son passé ; le thème du sacrifice,
sert de fil conducteur à l'œuvre.
• Il décide de porter à la scène
le quotidien de la courtisane Violetta,
culpabilisée par la vie qu'elle mène
et qui expie sa «faute» par le
sacrifice de son amour -le sacrifice
des femmes à une cause quelconque
est d'ailleurs l'un des grands thèmes
de la dramaturgie verdienne.
Toutefois, même si le sujet n'est
pas militant, il est choquant pour
l'époque -l'histoire de cette
• femme perdue» est scabreuse
et se déroule à une période
contemporaine de son écriture -, 1859,
il déclenche un enthousiasme
délirant malgré la censure qui voit
d'un mauvais œil l'assassinat d'un
monarque, l'événement se fût-il produit
à la fin du siècle précédent De tout
le théâtre, on crie « Viv11 Verdi!»,
un slogan repris à travers toute l'Italie
lorsque la guerre de libération décidée
par le souverain piémontais Victor
Emmanuel ll contre l'Autriche éclate
à la fin d'avril.
D'ABORD LA POUTIQUE,
APRÈS LA MUSIQUE
• Après avoir penché pendant
des années du côté de la république,
sans pour autant s'engager dans aucun
mouvement Verdi, toujours fervent
patriote, se tourne vers Cavour dont
la politique progressiste contribue
à convertir les républicains à la
monarchie libérale et constitutionnelle
de Vic tor-Emmanuel ll.
• Pendant toute la période de lutte
pour l'unité italienne, Verdi met
délibérément la musique au second
plan, il se passionne pour la politique
et paye de sa personne autant que
son physique fragile le lui permet.
• Lorsque l'unité italienne se réalise
enfin, en 1860,
il se laisse
convaincre
par CIIVOUr,
qu'il admire,
de devenir
député
de Busseto.
Il est élu en
janvier 1861.
• Un an plus tard, la mort de Cavour
lui fait perdre définitivement toute
envie de siéger au Parlement.
à tel point que,.�
lut donnée dans des décors
et des costumes Louis XIV.
• Les premières représentations
en costume contemporain auront
lieu en 1906 à Milan.
Verdi utilise
une nouvelle fois la technique du
bel canto pour la mettre au service
de l'expressivité dramatique, et la
musique est l'une des plus belles
qu'il ait composées.
La première
de l'opéra, créé le 6 mars 1853,
fit un fiasco auprès du prude public
de la Fenice de Venise.
Néanmoins
la critique lut favorable, et la presse
dans son ensemble reconnut les
mérites de l'œuvre.
Les représentations
suivantes furent accueillies de plus
en plus chaleureusement et allèrent
jusqu'au triomphe.
À
LA CONQUln DU MONDE
• Revenu à la musique, Verdi se fait
représentant de ses œuvres dans
les capitales européennes, Saint
Pétersbourg.
Berlin, Varsovie, Paris.
• En 1862, à Londres, il représente
l'Italie à l'Exposition internationale,
où il compose un morceau de
circonstance, exercice qu'il déteste,
l'Hymne des notions, qui inclut Frate/li
d'ftolio, la Marseillaise et Cod Save
the Queen en les entrelaçant dans
un bel effet d'architecture sonore.
• En novembre 1862, il crée son nouvel
opéra, la Forzo del destina (la Force
du destin), à Saint-Pétersbourg.
pour
lequel il reçoit une somme confortable.
l'œuvre est bien accueillie, sans plus,
à cause des intrigues fomentées
par les zélateurs des musiques
russe et allemande.
• À partir de 1863, la production
de Verdi diminue, le compositeur,
retiré à Sant' Agata, s'employant à gérer
un patrimoine lyrique considérable.
• En mars 1867, Don Carlos, d'après
Schiller
encore une
fois, est créé
à l'Opéra
de Paris.
En dépit des
belles pages
musicales qu'elle contient
-du grand
monologue de Philippe Ill à l'acte IV
à celui d'Élisabeth au dernier acte -,
l'œuvre est accueillie avec tiédeur
-l e goût des Parisiens a changé depuis
les Vêpres, le public préférant les œuvres
plus intimistes ou mélodramatiques.
Ce qui n'est pas le cas quand elle
est reprise en juin au Covent Garden
de Londres.
Verdi se montre sévère
pour l'Opéra de Paris : «Ainsi à
Londres, on monte bien une œuvre
en quarante jours, alors qu'à Paris
il faut des mois pour la monter mal.
••
• Verdi travaille ensuite à une histoire
se passant dans l'Antiquité égyptienne,
se mêlant d'écriture avec passion jusqu'à
prendre parfois la place de son librettiste,
Du Locle.
Aiilll
•• ,..,.,.,."_est créé
••
au
Caire en
décembre 1871
avec une somptueuse
mise en scène
où dominent
des décors
inspirés par des monuments égyptiens.
• La représentation est triomphale.
l'œuvre est un opéra à grand spectacle
qui parvient à préserver le pathétique
de l'histoire par un grand souci
de la vérité humaine.
Aida est repris
à la Scala de Milan en lévrier 1872,
dont le public fait un triomphe au
maestro.
Ce double succès constitue
pour lui une consécration nationale
et internationale.
Fait sénateur
du royaume, Verdi est devenu
le symbole de l'art italien ; il est
quasiment statufié de son vivant.
• Son statut est confirmé quand est
créée sa Messe de requiem en mai
1874, un immense «opéra de la mort>>
traité comme une action dramatique
- avec ses thèmes, ses passions, ses
techniques instrumentale et vocales -,
mais aussi un hymne à l'humanité
et à la grandeur de la culture italienne.
0TELLO
•
De retour dans son domaine
de Sant'Agata, Verdi consacre
désormais une bonne partie
de son temps à la gestion de
son vaste domaine foncier.
• Puis, lentement, il revient à l'opéra
qu'il a en tête,
����� qu'il compose
avec minutie
à partir de
1884.
Ote//o,
'-.!:::::ii!� d'après
Shakespeare,
--"""""'!� est
créé à la
Scala de Milan
en lévrier 1887.
• C'est l'apothéose : le public, qui
s'est arraché les places de la première,
est si nombreux que l'on installe
des sièges supplémentaires dans tous
les endroits possibles.
Avec Ote/Jo,
Verdi se mesure avec succès à Wagner
pour constituer, en demeurant fidèle
à ses traditions, un «opéra complet>> :
le discours musical est parfaitement
continu entre les airs, les récitatifs
et l'orchestre, qui ne se contente
plus d'accompagner le chant
mais dialogue avec lui.
FAI.STAH • Ragaillardi, le patriarche de
Sant'Agata se lance dans un bouquet
final en forme de pirouette.
Il répond
à la proposition de son librettiste
et ami Arrigo Boito pour écrire
un opéra bouffe bâti autour
du personnage de Falstaff, d'après
les Joyeuses Commères de Windsor
de Shakespeare.
Verdi avait envie
depuis des années d'écrire
une œuvre comique : il avait constaté
que l'Italie, patrie de Goldoni,
Pergolèse et Cimarosa, ne riait plus
en musique depuis l'avènement
du romantisme et le Don Pasquale
(1843) de Donizetti.
• Ftllst llff, dernier avatar de la
commedia
dell'arte, est créé en
lévrier 1893
à la Scala
de Milan.
À travers
le filtre
de l'ironie,
Verdi offre
sa dernière vision du monde,
vision pessimiste, mais ici exposée
avec le recul d'un homme sur la fin
de sa vie, serein et mélancolique.
• La première, considérée comme
un événement d'envergure mondiale,
a lieu devant un public impatient
parmi lequel se trouvent Puccini,
Mascagni, ainsi que toute la critique
européenne et américaine.
À la fin du spectacle, Verdi, la troupe
et l'orchestre sont ovationnés
pendant près d'une demi-heure.
• Giuseppe Verdi meurt à Milan
le 27 janvier 1901, quatre ans après
Giuseppina.
Disparaissant sans laisser
d'héritier, il lègue ses droits d'auteur
à venir à la maison de retraite
des vieux musiciens (Casa di Riposo)
qu'il a fondée à Milan.
Enterré
simplement selon son vœu,
il reçoit ensuite de la ville de Milan
un hommage solennel devant
250 000 personnes ..
»
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