GIORGIONE : PORTRAIT DE VIEILLE FEMME

«  GIORGIONE PORTRAIT DE VIEILLE FEMME 1506-1508 Peintre italien ACCADEMIA VENISE XVIe siècle École vénitienne Huile sur toile 68 x 59 cm très forte qui existe entre ce personnage et la jeune femme de La Tempête afait penser à Berenson que le tableau pourrait être unavertis sement lancé aux femmes sur le caractère éphé mère de la beauté. Aujourd'hui, on pense plutôt qu'il s'agitsimplement d'uneévocation de la fugacitédu temps et de la vie. Analyse w' Une vieille femme émerge dans l'ombre du fond, de l'autre côté d'un muret. Elle porte la main droite àson seinet tient un cartouche portant l'inscription : COL tempo, « avec le temps ».

Lepersonnage est très marqué par le temps qui a creusé des rides sur son visage. On peut voir dans cet effort d'analyse psychologique l'influence de Léonard de Vinci, qui recomman dait sans cesse aux artistes de s'intéresser égale ment aux aspects les plus rebutants de la nature. Cette vieille femme a peut-être été directement inspirée par L'Avarice de Durer (Kunsthistori- ches Muséum, Vienne), peintre qu'on asouvent rapproché de Giorgione : on sait d'ailleurs que les deux artistes se sont rencontrés lors du séjour effectué par Durer à Venise. Au XVIe siècle, lescritiques ont cru reconnaître dans le personnage de la vieille femme la mère de Giorgione. Mais cette hypothèse a été par la suite communément réfutée. L'inscription COL tempoqui orne le cartoucheest elle aussi très contestée:certains ont suggéré que le tableau était une allégoriede la vanité.

La ressemblance L'œuvre O Conservée àTAccademia depuis 1856, la toile provient de la collection Manfrin. Elle appartenait auparavant, avecLa Tempête, à la collection Vendramin :les inventaires de 1528 la répertorient comme le « visage d'une vieille femme avec un voile autour de la tête ». Dans l'inventaire de 1565 rédigé par Luca Ven dramin àl'occasion des pourparlers de vente de la collection familiale àAlbert Vde Bavière (vente qui n'a pas eu lieu), Portraitde la vieille femme est cité comme le « Portrait de lamère de Giorgione de la main de Giorgione ». Le «catalogue » ? Les critiques d'art ont toujours beaucoup de mal lorsqu'il s'agit de recomposer le catalogue des œuvres de Giorgione, car les documents dignes de foi font défaut. On peut distinguer cependant trois grandes périodes: la première manière mentionnée par Vasari est très nette ment influencée par Bellini ; la manière moderne rend compte de la fascination exercée sur le peintre par la peinture de Léonard; les œuvres de la dernière manière, enfin, sont souventcon fondues avec les œuvres de jeunesse de Titien. Les dates absolument sûres sont peu nombreu- giorgionesque ses ; ce sont elles pourtant qui ont permis d'éta blir le corpus de l'œuvre de Giorgione. On sait qu'en 1500, par exemple, le peintre réalisa les fresques du Fondaco dei Tedeschi (« l'Entrepôt des Allemands ») àVenise ;que Laura (Kuns thistorisches Muséum, Vienne) a été exécuté en 1506 et le Portrait Terris (Fine Arts Gallery, San Diego), en 1510. Les œuvres attribuées de façon sûre à Giorgione sontaujourd'hui environ au nombre de vingt-huit, ce qui fait peu lorsque l'on sait que l'artiste comptait parmi les peintres les plus importants du XVIe siècle. Photo Archives Nardini Du même peintre ; PICTO 169 à 179 6Nardini Editore, 1993. VPC Larousse-Laffont pour l'édition française 1993 Di. »