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Géricault : LE RADEAU DE LA MÉDUSE

Publié le 14/09/2014

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de la Méduse, occasion au Salon de 1819 de quelques remous politiques. La présentation de )'oeuvre en Angleterre est saluée d'un succès plus franc tandis, que l'artiste y cultive son intérêt pour les sujets modernes (le Derby d'Epsom, 1821, musée du Louvre)

 

Le réalisme scientifique de Géricault, déjà présent dans les études qu'il mène à l'hôpital Beaujon pour le Radeau, trouve son expression ultime dans les cinq Portraits d'aliénés, où l'artiste se livre à l'observation clinique de la monomanie. Géricault meurt à 33 ans, en 1824, après une longue agonie consécutive à plusieurs accidents de cheval.

Ne à Rouen en 1791. Géricault étudie d'abord chez Carle Vernet. Il y affirme la passion du cheval qui semble guider sa vie et son oeuvre. Il passe ensuite dans l'atelier de Guérin et fréquente assidû­ment le Louvre. En 1812, il obtient son premier succès au Salon, avec l'Officier de chasseurs à cheval chargeant (aujourd'hui au musée du Louvre). Un séjour en Italie, en 1816-1817, est pour lui l'occasion d'une réflexion sur les œuvres classiques, influence sensible dans les différentes versions de la Course des chevaux barbes.

 

Ce travail précède l'élaboration en moins d'un an du monumental Radeau

« L'artis te vit à ce moment dans un atelier de la via Gregor ian a, o ù le p ein tre Jean Ala ux le r e p résentera en compagnie de sa premiè re épouse en 1818 .

Il a déjà signé plusieurs por­ traits remarquables : ceux de la famille Rivière (Paris, musée du Louvre ), achevé s avant son départ pour Rome en 1806 , ou celui de son ami le peintre Granet (Aix-en-Provence , musée Granet ), plu s romantique avec la lumière ora­ geuse q ui baigne le palais d u Quirinal.

Mais un tournant s'é la b ore avec le portrait de Madame d e Senonnes , mené à son terme en deux ans : Ingres esquisse un mode de repré­ sentation de la femme de son temps qu 'il reprendra dans des compositions ultérieu res.

C'est cette rencontre entre un artiste parvenu à la matu rité de son talent et une femme au som­ met de son éclat que nous propose le tab leau.

Treize bagues Des dessins prépa ra toires conservé s au musée de Montauban indiquen t que le peintre , tout d 'abo rd , a songé donner à son modèle une pose inspirée du célèbre portrai t de Madame Récamier de Dav id , qui représente le modèle à demi allongé sur un divan (Paris, musée du Lou vre).

Ce tte insp ir ation n'est pas fortuite : les portraits d 'Ingr es, en effet , se s ituent dans la tradition de Davi d .

Le peintre s'y mon tre soucieux de restituer la vérité d u personnage , d ' en d onner une image exacte .

Et la précision , ici, est en effet impeccable.

Le mod èle est pré ­ senté dans l'environnement cossu d'un salon du début du XIX' s iècle , où des m urs ten dus d e soie jaune et u n ca napé d e même coule ur ménagent un confo rt él égant et douillet.

Ce jaune forme u n écrin éclatant pou r une femme qui est elle-même mise en valeur par le velours lie-de-vin de sa robe .

Un tel tableau dément l'indifférence à la couleur qu'o n attri­ bue souven t à Ingres et qui a fait dire à un cri­ tique : •Il n'y a de gris que le gris et Monsieur Ingres e st son prophète •.

D 'a u tant plus que cett e exaltat io n des t ons n'est pas acc identelle : dou ze ans plus tard , le pein tre réutilise le jau ne d 'or des coussins pour peindre le portrait de Madam e Marc otte de S aint e-Marie (Paris , musée du Louvre ), modè l e qu'il pare enco r e d ' une robe rouge sombre .

Ce jeu sur les contrastes de couleurs est sans doute une manière de célébrer la beauté de ma dame d e Senonnes.

Les ato urs de cette femme séduisa nte son t reproduit s dans les plus infimes détails.

Les trois rangs de den­ telle autour du cou sont c iselés avec une pré ­ cision de miniaturiste, comme les bijoux , nombreux : on ne relève pas moins de treize bagues aux mains du modèle! L e r ose et le vert de leu rs pierres, repris en écho par les motifs d u châle indie n , brillen t d ' un éclat vif .

Insaisissable modèle Pourtant , en dépit de cette opul ence qui ren d sa présence si sens ible , madame de Senonnes a un regard loin tain et semble elle-même insaisissable , autant qu'une vision .

Une extrême langueur se lit dan s s a pose : Ingres n'inven te pas ici de vertèbres - comme il le fait à la même époque dans la Grande Odal isque d u Lo uvre - , mais le bras droit, très long, prolonge en l'accen tuant l'arc des épaules.

La souplesse des doigts , annon ­ çant la main •en étoile de mer • d'un portrait plus tardif, celui de Madam e Moit essie r (1856, Londres , National Gallery ), renforce cette sen­ sation de dou ceur idéa le.

Le peintre renonce à l'exactitude ana tom iq ue, ou plutôt soumet la rep résentatio n d u corps aux seules lois de l a coh ér ence visuelle en insistant sur le jeu express if d es cou rbes.

De cette distance obse rvée par le peintre à l ' égard de la réalité , le reflet dans le miroir est comme le symbole : dan s l ' espace nu de la glace , dép ouillé du flamboiement de couleurs et occupant près de la moitié du tableau , le profil perdu de madame de Senonnes est u ne vision idéale et lointain e, imp récise et pou r tout dire abst raite.

Avec ce por trai t , Ingres explore les possibilités de •déréalisation • qu'il reprendra dans la Comtes se d'Hau sso nvil/ e (1845, New York, Frick Collection ), ce •s phinx du XIX' siècle •, ou dans Madam e M o itessie r.

Occupant !'•aut re • part ie de l' œuvre, le reflet renvoie à l ' image du pre mier plan et f erme l 'espace.

L a toile ne s'ou v re pas sur d'autres perspectives , l'accent est mis sur la surface comme l'indique le bras droit, presque parallèle au plan du tableau.

Il n'est pas étonnant que les œuvres d 'lngres aient séduit les maît res de l'abstraction contem­ poraine et I ' Américain Barnett Newman , l ' un d'entre eux, p o u rrai t s' écrie r ici, com m e au Louv re deva n t la Grande Odalisque : •Ce type- là était un pei ntre abstrait : l'idée d 'uti­ liser le tableau comme une surface plane.

Il regardait la toile plus souvent que le modèle. • _.

Voir aussi : p.

246-2 4 7 (Le Bain turc).

Jean-Auguste-Dominique Ingres N é à Montauban en 1780 , Ingr es entr e dan s l'atelier de Dav id avant d 'obt enir le grand prix de Rome en 1801 .

Il poursuit en Italie un e carrière de portrait ist e i nauguré e à Paris, pe int des tablea u x d 'histoir e e t d es nu s où s'affirme une interprétation per sonn elle d e la natur e, vo lonti ers ar chaï sant e.

L a c ommande offi ciell e du Vœu de Louis XIII , hommag e à Raphaël , pré ­ sentée triomphalem ent au Sa lon de 18 24 , apparaît bientôt comme le mani ­ feste de la tradition face au x auda ces r om ant iques des Ma ssac res de S cio de Del acroix .

Avec /'Apoth éose d'H omère e n 18 27, Ingre s confirme sa d éfe n se du class ic is m e con tre les outranc es du Sa rdanapale , du mêm e arti ste .

Sa car­ rière offi cielle alors brill a nt e ne lui évite p as l 'éc he c du Mart y re de sa int Sympho rien au Salon d e 18 34, qui le déto urn e définiti vement d'y ex pose r.

Apr ès avoi r dir ig é l'A ca d é m ie de Fran ce à Rom e ( 1835 -1841 ), Ingre s exécute à Pari s des portraits très appréciés (la Comte sse d'H auss on ­ ville, 1845) et entreprend d 'impor ­ tantes décorations monumentales (/'Âg e d 'Or, château de D a mpierre , In gres et son épouse à R o m e, dérail d'un tableau de jean Afaux , 18 18 (M o ntauban , mu sée Ingr es).

1842 -1849 ).

Le Bain turc (1859 -1863 ) re ste le c hef- d 'œu vre d es derni ère s anné es.. »

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