FRANZ SCHUBERT
Publié le 05/02/2019
Extrait du document
Maître des lieder
Il écrit sans piano - n’en possédant pas pendant longtemps -, d’un seul trait, presque sans ratures. Son manque d’organisation explique sans doute son malaise à composer des œuvres de grande dimension. Son hypersensibilité privilégie l’émotion pure, dans l’instant, et sa prédilection va plutôt à des formes courtes, surtout le lied. Il en composera environ six cents. Marqué à ses débuts par Goethe, Schubert se tourne à partir de 1820 vers la souffrance universelle et l’ironie qu’expriment les romantiques. Il met en musique des poèmes de Goethe, Schiller, Heine, ou des vers plus modestes de Mayrhofer, Schober, Rell-stab, Müller. Mais la richesse du verbe lui importe moins que le sentiment poétique, l’atmosphère générale, pure de toute recherche intellectuelle.
Sa prodigieuse imagination mélodique ne souligne pas seulement les mots clés (amour, mort, joie, douleur...) mais surgit avec une spontanéité inouïe. Il aboutit ainsi à une parfaite harmonie entre la mélodie et la teneur spirituelle des textes. De plus, l’accompagnement du piano n’est pas seulement pittoresque, mais l’expression d’un vrai travail thématique, influencé par la pensée instrumentale de Beethoven - que Schubert admire tant qu’il n’osera jamais aller le voir à Vienne. Schubert tend de plus en plus à une économie de moyens, qui atteint son paroxysme dans Le voyage d’hiver (1827). Ce cycle de vingt-quatre
Bridgeman - Giraudon
lieder sur des poèmes de Müller est désolé, presque sans couleurs, d’un art épuré, dépouillé à l’extrême. Schubert aurait déclaré: «Vous connaissez une musique gaie? Moi pas. »
Une reconnaissance posthume
Pendant l’été 1825, en compagnie du ténor Vogl, il visite la Haute-Autriche et peut constater que ses lieder, ses chants à plusieurs voix et ses pièces instrumentales sont connus et appréciés dans les cercles musicaux de la bourgeoisie. C’est de cette époque que datent certaines grandes œuvres, comme la Sonate pour piano en ré majeur et la Grande symphonie en ut majeur, les deux Trios avec piano op. 99 et 100, le quatuor La jeune fille et la Mort. Schubert a alors un ton plus héroïque, mais il se durcit également, privilégiant l’expression de la douleur. La grande Messe en mi bémol majeur (1828) concilie les deux tendances.
«
Franz
Schubert
manque d'organisa tion et son mépris des
conventions sociales et mondaines lui font
mener une vie instable.
Les années 1820-1825
sont marquées par la souffrance morale, liée en
partie à l'échec de ses aspirations dans le do
maine de l'opéra .
Il compose cependant de
vastes œuvres vocales: la Messe en la bémol
majeur (1819-1822), des chants profanes à plu
sieurs voix dont le Chant des esprits sur les eaux,
sur un texte de Goethe (1820-1821), l'oratorio
inachevé Lazare (1820).
Il écrit moins, mais ses
œuvres gagnent en intériorité.
Elles traduisent le
conflit romantique que Schubert exprime par ces
paroles: «Voulais-je chanter l'amour, il se muait
en douleur; voulais-je ne plus chanter que la dou
leur, elle se transformait en amour.
Ainsi l'amour
et la douleur se sont partagé mon être.»
Maître des lieder
Il écrit sans piano -n'en possédant pas pendant
longtemps -, d'un seul trait, presque sans ratures.
Son manque d'organisation explique sans doute
son malaise à composer des œuvres de grande
dimension.
Son hypersensibilité privilégie l'émo
tion pure, dans l'instant, et sa prédilection va plu
tôt à des formes courtes, surtout le lied.
Il en
composera environ six cents.
Marqué à ses
débuts par Goethe, Schubert se tourne à partir de
1820 vers la souffrance universelle et l'ironie
qu'expriment les romantiques.
Il met en musique
des poèmes de Goethe, Schiller, Heine, ou des
vers plus modestes de Mayrhofer, Schober, Rell
stab, Müller.
Mais la richesse du verbe lui importe
moins que le sentiment poétique, l'atmosphère
générale, pure de toute recherche intellectuelle.
Sa prodigieuse imagination mélodique ne sou
ligne pas seulement les mots clés (amour, mort,
joie, douleur.
..
) mais surgit avec une spontanéité
inouïe.
Il aboutit ainsi à une parfaite harmonie
entre la mélodie et la teneur spirituelle des textes.
De plus, l'accompagnement du piano n'est pas
seulement pittoresque, mais l'expression d'un vrai
travail thématique, influencé par la pensée instru
mentale de Beethoven -que Schubert admire
tant qu'il n'osera jamais aller le voir à Vienne.
Schubert tend de plus en plus à une économie de
moyens, qui atteint son parox ysme dans Le
voyage d'hiver (1827).
Ce cycle de vingt-quatre ......
Ses partitions
peu raturées
témoignent de
sa facilité
de composition.
• Les mélodies
se pressent en foule
et c'est un vrai
plaisir •, disait.;t.
' Entouré
de ses amis,
poètes et musiciens,
au cours de soirées
musicales animées
de discussions,
Schubert chantait
parfois d'une jolie
voix de basse
"- en s'accompagnant
iij au piano.
lieder sur des poèmes de Müller est désolé,
presque sans couleurs, d'un art épuré, dépouillé à
l'extrême.
Schubert aurait déclaré: «Vous
connaissez une musique gaie? Moi pas.»
Une reconnaissance posthume
Pendant l'été 1825, en compagnie du ténor Yogi,
il visite la Haute-A utriche et peut constater que
ses lieder, ses chants à plusieurs voix et ses pièces
instrumentales sont connus et appréciés dans les
cercles musicaux de la bourgeoisie.
C'est de cette
époque que datent certaines grandes œuvres,
comme la Sonate pour piano en ré majeur et la
Grande symphonie en ut majeur, les deux Trios
avec piano op.
99 et 100, le quatuor La jeune fille
et la Mort.
Schubert a alors un ton plus héroïque,
mais il se durcit également, privilégiant l'expres
sion de la douleur.
La grande Messe en mi bémol
majeur (1828) concilie les deux tendances.
PRINCIPALES
ŒUVRES
1814 Marguerite au rouet
1815 Le roi des aulnes
1816-1817 Deux Trios à cordes
en si bémol majeur
1819 Quintette La truite
1820-1821 Chant des esprits sur les eaux
1822 Wanderer-Fantaisie, pour piano
Symphonie no 8 inachevée
1823 La belle meunière
Musique de scène pour Rosamunde
1824-1826 La jeune fille et la Mort,
quatuor à cordes en ré mineur
1825 Ave Maria
1826 Quatuor à cordes en sol majeur
1826-1827 Quatre Trios avec piano
1827 Le voyage d'hiver-Onze Impromptus
1828 Grande symphonie en ut majeur
Quintette à cordes en ut majeur
Messe en mi bémol majeur
Le chant du cygne
À Vienne, en mars 1828, il donne son premier
concert public, composé exclusivement de ses
propres œuvres.
Mais le succès arrive trop tard.
Ayant atteint sa pleine maturité, il meurt chez son
frère Ferdinand, le 19 novembre 1828, emporté
par une affection de caractère typhoïde.
Selon
son désir, il est enterré au cimetière Wahring de
Vienne, non loin de Beethoven, mort un an aupa
ravant.
Après sa mort, la plupart de ses œuvres
resteront longtemps inédites.
Ce n'est qu'à la fin
du siècle qu'une édition complète est publiée
par Breitkopf, entre 1885 et 1897.
La Grande sym
phonie (1825-1828), découverte par Schumann
chez Ferdinand Schubert, est créée en 1839 sous
la direction de Mendelssohn; l'opéra Alfonso und
Estrella (1822) est créé en 1854 sous la direction
de Liszt, la Symphonie inachevée en 1865 ...
Malgré les efforts de Schumann et de Brahms, il
faudra encore des années avant que le génie de
Schubert ne soit véritablement reconnu..
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