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FRANCISCO DE GOYA

Publié le 28/01/2019

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goya
comme prises sur le vif (La fabrique de balles, la Fabrique de poudres, Fusillade dans un camp militaire). En 1810, il produit une bouleversante série d'eaux-fortes intitulée Les désastres de la guerre, qui sont une évocation terrible des ignominies sans gloire que l'homme fait endurer à son prochain. Surtout, Goya peint deux grands tableaux (Le deux Mai et Le trois Mai) pour la commémoration officielle en 1814 de la révolte madrilène de 1808 et sa répression sanglante: images saisissantes de brutalité et de compassion, cri de douleur d'un génie à travers l'art duquel s'exprime la souffrance de tout un peuple et, plus largement, de toute l'humanité opprimée. En cela, Le trois Mai est comparable, par son poids symbolique, au Guernica de Pablo Picasso.

Les infortunes
 
Les années 1792-1793 marquent une rupture dans la vie de Goya. Après une décennie de succès, il connaît l'adversité: atteint d'une grave maladie, il doit cesser temporairement de peindre et, surtout, il est frappé d'une surdité définitive. Cette infirmité l'isole du monde extérieur, exacerbe sa sensibilité qui s'oriente alors vers le pessimisme et l'exploration de tout un monde intérieur, riche et jusqu'alors inconnu.
 
Aux malheurs personnels s'ajoute aussi un contexte moins favorable: après le règne éclairé de Charles III, celui de son fils, le faible Charles IV, fait entrer I'Espagne dans une période d'instabilité et de décadence politique. L'élite libérale, terreau d'amis et de protecteurs de Goya, est écartée du pouvoir. La position du peintre à la Cour est grandement affaiblie. Cette crise, personnelle et professionnelle, a des conséquences énormes.
 
L'homme, qui ne se laisse jamais abattre, trouve dans l'acharnement au travail un moyen de faire évoluer son art: avec une étonnante liberté créatrice, il s'affranchit de l'héritage académique et se hisse au rang des grands génies de la peinture. Premier acte de cette « libération », Les caprices forment une série de gravures (eaux-fortes) exécutées entre 1793 et 1799. Chaque gravure illustre une formule écrite (proverbes, phrases toutes faites empruntées à l'actualité ou aux lieux communs de la conversation ...) avec une grande liberté de ton et de facture. L'ensemble dresse, sous le couvert de la fantaisie et de la satire, un tableau critique et amer, dénonçant les tares d'une société espagnole où dominent la dureté des rapports humains, l'injustice et l'obscurantisme (en particulier, celui d'une religion s'appuyant sur la superstition, l'irrationnel et la peur). Ces gravures ont surtout une dimension onirique novatrice, perceptible dans les formes grotesques, les créatures cauchemardesques ou les figures de femmes maléfiques (sorcières), cruelles, sauvages, peuplant un monde inquiétant où la laideur et le fantastique triomphent.
 
Goya a été attiré par des sujets d'actualité, relevant de ce que l'on appelle le fait divers: dès le

goya

« Fr ancisco de Goya lesquels le duc d'Osenna).

Il pénètre ainsi dans les cer cles des hom mes les plus éclair és de son époque, les i/ustrad os, libéraux protégés alors par Je roi Charles lll.

Ces homme s ont le souci d'enga­ ger J'Espagne dans la voie de réformes qui condui­ ra ient Je pays vers la modernité.

Goya reçoit beau­ coup de commandes jusqu'à la fin des années 17 80.

L'enrich issement matériel -qui fera désor­ mais de Goya un homme fortuné quels que soient les aléas de son desti n-consacre une ascension sociale exemplair e et brillant e, obtenue grâce à ses talents artistiques.

En 1786, il est nommé peintre du roi et reçoit un traitement fixe important.

En 1789, à l'a vènement du nouveau roi Charles IV, il est nommé peintre de la Chambr e du roi.

Les tapisseries À partir de 1775, et pendant plus de quin ze ans, Goya concevra une quarantaine de cartons.

Ce sont des tableaux destinés aux tapisse ries, fabriquées par la manuf acture roya le de Sainte­ Barbe, à Madrid, pour décorer les murs des appar­ tements princiers ou royaux (Prado, &curial).

Ce sont les premiers chefs-d'œuvre du peintre.

Entre 17 75 et 1778, il produit une série de scènes popu­ laires: Bal au bord du Ma nzanar es, Rixe à l'au berge, La Ma ja et les masques, Le cerf-volant et le célèbre Parasol -où se rév èle J'influence de Giamba ttista Tiepolo.

Entre 1778 et 1780, Goya livre vingt car­ tons parmi lesquels Les lavan dières, Le marchand de vaisselle, Le jeu de pelote, La balançoire.

En 1786, il achève les quatre cartons des Saisons (sc ènes de la vie campagnarde), complétés par Le maçon blessé et Les pauvr es à la fontaine.

Les Majas au balcon.

Cette œuvre .....

appartient à la série des grands tableaux de genre peints par Goya entre 1808 et 1812 (les jeunes ou La lettre, Les vieilles ...

).

Goya utilise avec une virtuosité très personnelle une palette de tons où abondent les noirs, les ocres et les bruns.

To utes ces scènes, tantôt émouv antes et pathé­ tique s, tantôt gracieuses et légères, sont d'inspir a­ tion famil ière et illustrent des activités quoti­ dienne s de la vie espa gnole; elles sont d'un réa­ lisme stylisé où s'affiche J'intérêt d'un roi réforma­ teur (et command itaire des œuvres) pour ses hu mble s sujets.

Elles sont d'une facture sédui­ sante, celle propre au xvm• siècle, avec beaucoup de lum ière, de clarté, de transpar ence et une fran­ chise éclatante dans les coloris.

En 1791, avec La noce et le pantin , il signe ses deux dernier s grands cartons consacrés à des thème s cruels (mariage d'un vieillard avec une belle jeune femme, une marionnette que quatre femmes font reb ondir dans un drap).

Dans ces années-l à, l'art 1686 .....

Portrait officiel de la famille de Charles IV (1800-180 1).

La reine Marie-L ouise (ici au centre) fut très satisfaite du tableau prés entant les membres de la famille royale.

aimable et coloré du Goya peintre de cour culmine dans un tableau intitulé La prai rie de Sain t-Isidore (1 788) , scène de fête et de foule avec en arrièr e­ plan un beau panorama de Madrid.

Un éminent portraitis te Durant toute sa carrière, Goya peint des portraits.

Une grande partie de l'Espagne de la fin du XVIII' siècle défile sous ses yeux : rois, princesses, mi nistres, courtisane s, toreros, familiers et parents ...

Dans cette riche galerie de perso nnages, le regard du peintre se pose sur les êtres, puissants ou humb les, sans s'arrêter à leur prestige social, mais avec la volonté de scruter les âmes, de percer à jour les caractères, ou de pénétrer dans J'intimité d'une famille (comme dans La famille de Don Luis, 17 84).

On peut mettre à part les portraits d'enfants où J'homme exprime avec délicatesse toute la ten­ dresse et la bienvei llance qu'il leur accorde.

Dans les années 1780, Goya est un portraitiste à la mode.

Puis son art s'approf ondit, devient moins décoratif qu'au début, plus dépouillé, avec des harmonies de couleur s soignées et des arrière-plans tantôt simpli fiés (Le portrait de la famille des ducs d'Osuna, 17 88), tantôt raffinés, comme èes aperçus sur la sierra dans Je Fbrtrait de la duchesse d'Albe (1795) ou dans Je Fbrtr ait équestre de la reine Marie-Louise (1 799).

Concentr é sur la vérité psychologique, la densité expressive des physionomies, Goya s'affir­ me comme un brillant héritier de Velâzquez.

Avec le temps et les épreuves que J'artiste subit, J'acuité de son regard s'accentu e: vers la compassion et la tendr esse pour certains (Fbrtrait de la comt esse de Chinch 6n, 1800; la La itière de Bord eaux, 1827) ; vers J'i ndif férence pour d'autr es (La Maja dénudée, 18 00) ; enfin, pour d'autres encore, vers la cruauté.

C'est Je cas, notamment, lorsqu'il fixe les person­ nages officiels d'une Cour en pleine décadence.

Son regard devient d'une lucidité impitoyable, lors-. »

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