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Extrait de la célèbre pièce de théâtre "ANTIGONE "

Publié le 23/09/2012

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antigone
Antigone ISMÈNE - Tu es malade ?ANTIGONE - Ce n'est rien. Un peu de fatigue. (Elle sourit.) C'est parce que je me suis levée tôt.ISMÈNE - Moi non plus je n'ai pas dormi.ANTIGONE (sou...
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« Antigone:­ Comprendre...Vous n'avez que ce mot à la bouche, tous, depuis que je suis toute petite. Il fallait comprendre   qu'on ne peut pas toucher  à l'eau,  à la belle eau fuyante et froide parce que cela mouille les dalles,  à la terre parce que   cela tache les robes. Il fallait comprendre qu'on ne doit pas manger tout  à la fois, donner tout ce qu'on a dans ses   poches au mendiant qu'on rencontre, courir, courir dans le vent jusqu' à ce qu'on tombe par terre et boire quand on a   chaud et se baigner quand il est trop t ôt ou trop tard, mais juste quand on a envie! Comprendre! Toujours comprendre!   Moi, je ne veux pas comprendre. Je comprendrai quand je serai vieillle. (Elle ach ève doucement) Si je deviens vieille.

  Pas maintenant. Ism ène:­ Il est plus fort que nous, Antigone. Il est le roi. Et ils pensent tous comme lui dans la ville. Ils sont des miliers et   des milliers autour de nous, grouillant dans toutes les rues de Th èbes. Antigone:­ Je ne t' écoute pas. Ism ène:­ Ils nous hueront. Ils nous prendront avec leurs mille bras, leurs mille visages et leur unique regard. Ils nous   cracheront  à la figure. Et il faudra avancer dans leur haine sur la charrette avec leur odeur et leurs rires jusqu'au   supplice. Et l à, il y aura les gardes avec leurs t êtes d'imb éciles, congestionn ées sur leurs cols raides, leurs grosses   mains lav ées, leur regard de boeuf­ qu'on sent qu'on pourra toujours crier, essayer de leur faire comprendre, qu'ils vont   comme des n ègres et qu'ils feront tout ce qu'on leur a dit scrupuleusement, sans savoir si c'est bien ou mal... Et souffrir?   Il faudra souffrir, sentir que la douleur monte, qu'elle est arriv ée au point o ù l'on ne peut la supporter, qu'il faudrait qu'elle   s'arr ête, mais qu'elle continue pourtant et monte encore, comme une voix aigu ë...Oh! Je ne veux pas, je ne peux pas... Antigone:­ Comme tu as bien tout pens é ! Ism ène:­ Toute la nuit. Pas toi ? Antigone:­ Si, bien s ûr. Ism ène:­ Moi, tu sais, je ne suis pas tr ès courageuse. Antigone (doucement) :­ Moi non plus. Mais qu'est­ce que cela fait ? (Il y a un silence, Ism ène demande soudain) Ism ène: ­ Tu n'as donc pas envie de vivre, toi ? Antigone (murmure): ­ Pas envie de vivre...(plus doucement encore, si c'est possible) Qui se lavait la premi ère, le matin,   rien que pour sentir l'ait froid sur sa peau nue ? Qui se couchait la derni ère seulement quand elle n'en pouvait plus de   fatigue, pour vivre encore un peu de la nuit ? Qui pleurait d éjà toute petite, en pensant qu'il y avait tant de petites b êtes,   tant de brins d'herbe dans le pr é et qu'on ne pouvait pas les prendre ? Ism ène (a un  élan soudain vers elle) :­ Ma petite soeur... Antigone (se redresse et crie) : ­ Ah! Non! Ne me caresse pas! Ne nous mettons  à pleurnicher ensemble, maintenant. Tu   as bien r éfléchi, tu dis ? Tu penses que toute la ville hurlante contre toi, tu penses que la douleur et la peur de mourir,   c'est assez ? Ism ène (baisse la t ête): ­ Oui.. »

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