Escenario, Gabriel Acevedo Velarde

« Description : a) Cette oeuvre est un film d'animation en noir et blanc projeté sur un écran blanc d'environ 2,50 mètres sur 2 mètres.

Le sonest retransmis par deux enceints placées de part et d'autre et de l'écran.

b) Niveau référentiel : Au premier plan des barrières délimites une file d'attente au bout de laquelle un homme dirige lespersonnages vers une estrade ou les renvois vers la foule d'où ils viennent.

Cette foule est au centre de l'image, derrière elleun homme en hauteur dirige un projecteur et devant elle se tient une estrade sur laquelle défilent certains des personnages.En arrière plan une clôture ovale délimite cette scène et l'ensemble est entouré de montagnes qui délimitent l'horizon.Niveau plastique : Une forme est prépondérante dans cette animation, ce sont les cercles et les lignes ovales, on les retrouvepar exemple dans la clôture extérieure ou dans les têtes rondes des personnages.

Elles viennent renforcer l'idée de boucle etl'infinité du cycle présenté dans le film (foule → individu → aveuglé → foule).

Quant aux couleurs qui se résumenten une palette de gris (le film étant en noir et blanc) elles ne font que souligner l'impersonnalité des personnages qui semblecomme gommé face à ce roulement, à cette société.

L'éclairage joue un rôle majeur, la lumière traditionnellement associéeau concept du Bien tient là un tout autre rôle puisqu'à travers le projecteur elle vient aveuglé tour à tour les personnages touten maintenant la foule dans l'ombre.Niveau linguistique : La bande sonore ne contient pas de paroles, mais des bruitages : le bruit de pas des personnages, celuide l'allumage du projecteur ainsi que les applaudissements de la foule.

Le titre espagnol « Escenario » signifie « Scène » enfrançais, fait-il référence à la curiosité de cette scène dans son ensemble où plus spécifiquement à l'estrade que l'on peutvoir dans le film et qui semble être la place d'une bien étrange cérémonie? c) L'agrandissement progressif de l'image au cours de la vidéo jusqu'à venir se focaliser sur un des personnages nous aide àmieux comprendre l'action globale du film : Les personnages vont tour à tour se présenter avec consentement pour obtenir ledroit de monter sur scène et d'être violemment aveuglé par l'imposant projecteur avant d'être renvoyé se noyer dans lafoule, c'est particulièrement marquant à 2min07 où le personnage que l'on suivait jusqu'alors semble disparaître dans cettemasse en se confondant exactement avec un autre.

Le trouble ressentit à la première vision de l'oeuvre était donc justifié etexplicable puisque l'on comprend que dans ces trois minutes de film d'animation Gabriel Acevedo Velarde met en gardecontre les comportements de masse et illustre cette société dans laquelle nous sommes manipulés et aveuglés avec notrepropre complicité.

L'oeil des autres : - Misericordia, une célèbre agence de mode péruvienne dont la marque de vêtements à aujourd'hui un prestige internationalmais qui se définit elle-même comme « un projet d'avant garde alliant création artistique et engagement social », nouspropose sur son site internet une présentation et une critique du travail de Gabriel Acevedo Velarde.

On en retiendra cettepartie en rapport avec l'oeuvre dont il est question ici, Escenario : « Les travaux de Acevedo se concentrent principalement sur le dessin, l'animation et la production de vidéos qui, dépourvuesironiquement de tout contexte, racontent a travers des situations extrêmes les problématiques actuelles de la société [...].

Acevedo propose un regard différent mais rafraichissant.

Sa méthode de travail commence par délimiter un thème et uneproblématique de travail qui sont ensuite déclinés sous différents formats.

Le point commun de tous ces thèmes reste toutde même le témoignage d'un certain chaos et de l'absurdité de la société, comme le montre sa vidéo intitulée Escenario.

L'artiste montre une image particulièrement sombre du Monde et de la condition humaine, mais balaie les critiques tropfaciles faites au monde contemporain, reconnaissant sa complicité avec cette société et le fait que son travail est justementreconnu grâce à elle.

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