Entre art et commerce : réflexion, spectacle et action définissent le cinéma des années 70
Publié le 26/03/2019
Extrait du document
Dans les années 70, on attend du cinéma qu'il fournisse des réponses aux questions actuelles. Après avoir pris un nouveau départ en 1968, choquée par la guerre du Vietnam, la jeune génération recherche de nouvelles valeurs. La mort du cinéma ne s'est pas encore produite, et il existe malgré tout un public pour le << cinéma de réflexion ». En même temps, Hollywood triomphe avec des films d'action tels Les Dents de la mer, La Guerre des étoiles et Le Parrain.
Tourner un film, c'est comme un voyage en diligence à travers le far-west. Au début, on espère faire un beau voyage. Et très vite on se demande si l'on va arriver à bon port. » C'est ce que dit François Truffaut dans le rôle du metteur en scène Ferrand dans son film La Nuit américaine (1973), une histoire spirituelle et ironique sur l'art et les risques de faire un film. Tiraillés entre les producteurs, les créanciers et les attentes du public, les metteurs en scène gagnent cependant encore plus d'influence dans les années 70, aussi bien en Europe qu'à Hollywood.
Comme Truffaut, qui fait partie vers 1960 des fondateurs de la Nouvelle Vague, quelques metteurs en scène réussissent dans les années 70, dans le cadre d'un cinéma commercial, à rendre accessible leur langage personnel et leur thématique à un public large. C'est le cas de Woody Allen, d'lngmar Bergman, de Federico Fellini et de Rainer Werner Fassbinder.
Des histoires d'amour sans « happy-end >>. Le thème favori de Truffaut est
Federico Fellini met en scène son film Roma à grand renfort de moyens. Il s'agit d'un portrait de la ville qui mêle le souvenir et le présent, la réalité et l'imaginaire.
l'intensité des relations entre les individus et leurs complications. Dans l'histoire triangulaire Deux Anglaises et Je Continent (1971), il vient au-devant des attentes érotiques de la nouvelle génération. Dans L'Histoire d'Adèle H. (1975), Isabelle Adjani qui campe Adèle, est prisonnière d'une histoire d'amour illusoire. Truffaut s'inspire des journaux intimes de la fille benjamine de Victor Hugo, morte noyée dans la Seine à Villequiers.
«
grandi
dans une maison semi-chaotique,
c'e st-à -dire dans une maison qui ne
corr espondait pas aux normes
bourgeoises >>.
Il enchaîne les films à un
ry thme intense.
Les protagonis tes ne
sont pas gâtés par la vie ; ils échouent
dans leurs relations et au trava il.
Dans
To us les autres s'appellent Ali (1974),
Fas sbinder aborde un thème considéré
comme tabou par la société : le pro
blème de l'imm igration en Allemagne et
l'amour entre un jeune homme et une
fe mme bien plus âgée.
Il tourne
éga lement une étonna nte adap tation
d' Effi Briest (1974) de Theodor e
Fontane.
Avec Hanna Schygulla dans le
rôle principal, il offre une version fidèle
de ce roman qui critique la société de
son époque.
Le Mariage de Mar ia Bra un
(1 978) est une des représentat ions les
plus touchantes et les plus réussies de
l'his toire de l'Allemagne nazie et
d'apr ès-guerre.
Les Larmes amères de
Petra von Kant (1972) propose une
réflexion sur l'hom osexuali té féminine.
Télévision contre cinéma.
En 1956, les
salle s de cinémas allemandes font plus
de 800 millions d'entr ées, contre
seul emen t 115 millions vi ngt ans plus
tard.
Le public préfère la télévision, et
des centaines de cinémas doivent fermer
leur s por tes.
Mais une réact ion se
dessi ne.
La promotion cinémato
graphique se développe, et l'on constate
la création de cinémas de quartier en de
nombr eux endr oits.
De leur côté, les
chaînes de télévision publiques
devienn ent les princip aux comman
dit aires des produc teurs de films.
De
nou veaux mette urs en scène appa
rais sent, renouv elant les thèmes
abor dés, ain si que le s styles.
Werner
Her zog, Johan nes Schaa f, Volker
Schlôn dorf,
Werner Schroeter,
Mar garethe von Trotta et Wim Wenders
transforment profondément le cinéma
al lemand et lui ouv rent la porte des
mar chés internationa ux, même si ce
nouveau cinéma reste, dans un premier
temps, apprécié seulement par un public
de conna isseurs.
Volker Schlônd orff et
Mar garethe von Trotta réussissent
cependant à toucher le grand public
avec L'Honneur perdu de Katharina
Blum (1975) d'apr ès un récit de Heinrich
Bôll , sur l'hystérie du terrorisme et le
journalisme à sensation.
C'est encore un
film de Schlônd orff, Le Tambour (1979),
d'apr ès un roman de Gün ter Grass, qui
reçoit la palme d'or au festival de
Cannes, ainsi que l'oscar du meilleur film
étrang er; il devient également le plus Un
succès cinématogra phique des années 70 : l'épopée sur la mafia Le Parrain de Francis Ford Coppola,
d'après un roman de Mario Puzo.
Le rôle principal de Don Vrto Corleone est interprété par Marion Brando.
gr os suc cès interna tional du cinéma
al lemand d'après-guerre.
La Nouve lle Vague.
En France, le
cinéma des années 70 est dominé par les
metteurs en scène de la Nouv elle Vague.
Le syst ème français de soutien à
l'indu strie cinématogr aphique, la
fa me use Commi ssion des recettes,
permet une prod uction d'envir on 130
fi lms par an, quasiment le double qu'en
All emagne.
Claude Chabrol, tant dans
ses films policiers que dans ses films de
gen re, analyse les valeur s et les
com porteme nts de la gr ande bour
geoisie française.
Luis Bufiuel dans Le
Ch arme discret de la bourgeoisie (1972),
s'atta que à ce mili eu avec une ironie
sar cas tique.
Le cinéma politique est principalement
représenté dans les
années 70 par Jean-Luc Godard.
Quant
au cinéma commercial frança is, il se
com pose essentielle ment de mélo
drames et de comédies.
Les films avec
Louis de Funès connai ssent d'ailleur s un
franc succès.
Les superproductions américaines.
Les studio s d'Hol lywood enregistrent
dans les années 70 des recettes de
plusieur s mill iards de dollar s, qu'ils
peuvent ensuite réinvestir.
Le nombre de
spectateurs recommence à aug menter.
De nouveaux réalisa teur s arrivent à
Hol lywood : Robert Altman, Francis Ford
Coppola, George Lu cas, Martin Scorcese
et Steven Spielber g.
Jack Nicholson
devient l'acteur fétiche des années 70.
101.
»
↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓
Liens utiles
- Né de l'union de plusieurs formes d'expression préexistantes qui ne perdent pas entièrement leurs lois propres (l'image, la parole, la musique, les bruits même), le cinéma, d'emblée, est obligé de composer, à tous les sens du mot. Il est d'entrée de jeu un art, sous peine de n'être rien du tout. Sa force ou sa faiblesse est d'englober des expressivités antérieures : certaines sont pleinement des langages (l'élément verbal), d'autres ne le sont qu'à des sens plus ou moins figurés (la mu
- Des soldats, du sexe et de splendides actrices .. le cinéma européen des années 50 entre culture et commerce
- LE CINÉMA AMÉRICAIN: L'INVENTION DU SPECTACLE CINÉMATOGRAPHIQUE (Exposé – Art & Littérature – Collège/Lycée)
- La structure du commerce international dans les années 1970
- Le cinéma égyptien (Exposé – Art & Littérature – Collège/Lycée)