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Encyclopédie: Fauvisme

Publié le 03/10/2011

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Le mouvement est né en 1905 : cette année, au Salon d'automne, le critique Vauxcelles décrit comme une « cage aux fauves « la salle où étaient exposés les tableaux des membres du groupe réuni autour de Matisse et composé de Derain, Marquet, Manguin, Camoin, Puy, Vlaminck, Dufy, Van Dongen.

« Paris apparaît comme le lieu d'élection d'une modernité internationale qui, jusqu'à la Seconde Guerre mondiale, prend ses quartiers entre Montmartre et la Closerie des Lilas.

À la suite des nabis, les fauves découvr ent les vertus d'une certaine naïveté artistique, des affiches en bichromie aux assiettes peintes .

La maladresse des artisans et des décorateurs, leur absence de goût sont riches de surprises et d'alliances inédites.

Nul hasard si Matisse, par exemple, s'intére sse de très près aux papiers peints , dont Braque, dans sa période cubiste, exploitera lui aussi les étonnantes virtualités esthétiques.

Les moqueries des débuts cèdent assez vite la place à un certain respect des critiques, dans un contexte marqué par l'évo lution rapide des formes et des styles, et où même les impressionnistes qui dominent alors la scène parisienne continuent à faire évoluer leur style.

L'ambition des fauves , dans ces années de création commune, reste toutefois de frapper le spectateur , d'étonner , voire de choquer.

À ce titre, leur surnom n'est pas usurpé , et les couleurs étonnantes des visages de Van Dongen et de Rouault, le dessin de plus en plus schématique de Matisse , les aplats presque géométriques de Braque continuent aujourd'hui à retenir l'attention des amateurs les plus blasés.

Le travail de la forme et celui de la couleur ne sont pourtant pas de même nature .

Très vite, il apparaît que les coloristes purs , comme Van Dongen ou Rouault , se distinguent de leur s camarades plus attachés à renouveler l'art du dessin.

C'est le cas de Dufy , notamment , mais aussi de Matisse, même si celui-ci est sans doute de tous celui qui pousse l'expérience le plus loin dans les deux directions.

C'est Matisse qui, poursuivant son évolu tion personnelle, va le premier s'éloigner d 'un mouvement dont il était apparu comme la principale figure.

Vers 1908, il commence à ressentir le besoin de« remettre de l'ordre dans la sensation colorée».

À l'émotion presque violente de sa période fauve , s uccèd ent des toiles plus apaisées : équilibre, pureté et tranquillité sont désormais les grandes lignes d 'une esthétique personnelle dans laquelle le fauvisme apparaît a posteriori comme un moment de libération .

Avec Matis se, ce sont l'ensemble des fauves qui se détachent alors d'une école qui se révèle en fin de compte avoir été une matrice incomparab l e pour le développement de leur talent.

GRANDES FIGURES ET PETITS MAÎTRES GEORGES BRAQUE (1882·1963) Son nom est lié au cubisme, mais c'est avec le fauvisme que Braque débute sa carrière.

Tout commence en Provence , où il voyage en 1906 et 1907 avec Othon Friesz.

Le Port de l'Estaque (1906 ) manifeste bien comment la leçon du fauvisme lui permettra par la suite de participer à l'invention du cubisme.

Le libre jeu des grands aplats de couleurs pure s laiss e déjà deviner la passion pour la construction qui défin ira le cubisme de Braque.

L e fauvi sme est ici l'étape indispensable d 'une libération des formes , qui passe en particulier par l'abandon de la perspective.

ANDR t DERAIN (1880 · 1954 ) Dès 1903 , cet ami de Vlaminck et Matisse donne avec Le Bal des soldats une première esquisse de ce qui deviendra le fauvi sme :couleur s franches largement étalées, prenant le pas sur le dessin (Arbres il l'Estaque , 1906) à la façon de Van Gog h .

Il connaîtra lui aussi l'influence du Sud, où il voyage avec Matisse en 1905.

Sur le plan stylistique, le fauvi sme apparaît chez lui comme une étape, son tempérament le portant à assourdir les couleurs et à travailler davantage le modelé (Baigneuse, 1908).

11 expérimentera, au fil du temps , des formules assez variées et, à l'instar de Dufy, se consacrera volontiers à l'art de l'illustration .

couleurs violentes appliquées par grands aplats, il peint des foule s (14-Jui//et, 1906) et des scènes nautiques, un genre auquel il restera fidèle (Part , 1908).

De son passage par le fauvi sme, Dufy retiendra le goût des couleurs pures, l'amour de la lumière, la liberté du trait.

Son art évolue vers une toujour s plus grande économie de moyens et trouve son style dans une dissociation entre le dessin et la couleur, celle-ci traitée en apla ts, celui-ci vif et allègre (les Nus de 1928) .

Ce g raphisme léger fera de Dufy un illustrateur apprécié des amateurs.

Il représente ainsi la voie la plus lumineuse et la plus joyeuse ouverte par le fauvisme , à l'opposé de l'itinéraire plus sombre d 'un Geor ges Rouault.

OTHON fRIE SZ (1879 ·1949 ) En dépit de son nom, Friesz est français.

H éritier des impressionnistes, c'est aux leçons de Van Gogh et de Gauguin qu'il va puiser les ressources qui lui permettront de trouver sa voie.

Son Portrait de Fernand Fleuret ( 1907 ) est un exemple classique de la mani ère fauve de peindre le visage : couleurs ahurissantes, mépris des forme s, incroyable présence, pourtant.

Le fauvi sme n'est néanmoin s qu'une étape pour Friesz, qui, en même temp s que Matis se, vers 1908 , éprouve le besoin de constructions p lus équilibrées.

Sa palette s'assourdit; le jeu des form es et des volume s se fait plus subtil; le paysage l'emporte sur les portraits , et c'est sous le signe de Cézanne qu'il poursuivra désormais son parcours.

(La Côte de Criice , 1906 .) ROGER DE LA fRESNAYE ( 1885·1925) C'est par les nabi s Sérusier et Maurice Denis que La Fresnaye vient au fauvi sme.

Il partage quelque s expositions avec le groupe, sans jamais pourtant s'y rattacher officiellement; plus tard , il pratiquera le même compagnonnage un peu distant avec les cubistes.

Sa peinture des années 1905 -1910 est pourtant très proche de celle d'un Matisse : couleurs vives, grand s aplats comme taillé s dans la couleur (L'Artillerie , 1910 ).

Mais il devance ses camarades en s'inté ressant très vite davantage à l'équilibre des formes, au détriment de l'expre ssivité: c'est ce qui l'amène, avec Braque , à se rapprocher de Picasso et du cubisme.

(Nature morte au diabolo , 1913.) ALBE RT MARQUET (1875 ·1947) Ami de Matisse dont il fait le portrait en 1904 , ainsi que de Dufy avec lequel il voyage, Marquet est lui aussi passé par l'atelier de Gustave Moreau, même si parmi ses influences figurent aussi Cézanne et Bonnard .

Dans sa période fauve , il peint essentiellement des visages aux traits torturés , des nus déformés .

Maître de la simplification, il a eu sur ses camarades une grande influence , incarnant la leçon des nabi s et des maîtres japonais : fluidité du dessin, équilibre des masses, harmonie de la couleur.

Il s'oriente rapidement vers la p einture de paysage (Quai des Grands-Augustins, 1906 ), trouvant dans ce sud du Sud qu'est l 'Algérie une émotion esthétique qui amènera Mati sse à se fixer pour un temp s au Maroc ( Chardaia , 1921 ).

HENRI M ATISSE (1869·1954) S'il est très vite considéré comme le chef du groupe , c'est aussi qu'il en est l'aîn é.

Avec Lux e, Calme et Volupté {1905), inspiré du divisionni sme de Signac, Mati sse donne au fauvisme son programme : une peinture sensuelle, aux couleurs riches et contrastées, à la luminosité méridionale , qui va trouver son p lein épanouissement dans Le Luxe (1907) .

Influenc é par Cézanne, dont il retient le travail sur la lumière et la simplification des volumes, Matisse construit son œuvre sur un travail complexe, mettant en jeu à la fois la couleur et le dessin.

La couleur est trait ée sans «Valeurs » (c'es t-à-di re sans nuance), sans model é, et il en viendra même dans ses derni ères toiles (Papiers découpés) à user d e collages.

Le dessin se simplifie, la ligne se fait de plus e n plus fluide , tout en s'épaississant et en se déformant (Odali sque à la culotte rouge, 1907 ).

que Rouault rencontre Matisse .

Il participe aux principales expositions des fauv es mais se distingue des autres membre s du groupe par l'importance qu'il accorde au sujet représenté :une humanité déchue (L'Ivrognesse, 1905 ; Cabotin s, 1905 ), dont l'aspect misérable annonce la quête de spiritualité qui fera l'esse ntiel de l'œuvre de Rouault , l'un des rares peintres religieux du xX' siècle.

Dessin sommaire, grande expressivité, d éformation des visages (Clowns , 1906 , Les Juges , 1908) ont amené les critique s à le rapprocher des expressionnistes allemands.

Parmi les fauve s, il se détache par son goût pour les couleurs sombres.

Km VAN DONG EN (1877 -1968 ) Rejoignant le groupe dès 1905, Van Dongen est san s doute de tous ses membres celui qui restera le plus longtemps fidèle à l'esthétique du fauvisme .

Il est aussi, avec Matisse, celui qui eut le plus de succès sur le marché de l'art.

Avant de se spécia liser dans le portrait , il a donn é quelques table aux mémorable s, comme Le ChOie espagnol {1913).

11 reste également comme celui qui, exposant en Allemagne dès 1908 , a permis aux fauve s de se faire connaître des artistes de Die Brück e, contribuant ainsi à la naissance de l'exp ressio nnisme.

Il partage par ailleurs avec les expressionnistes un goût marqué pour les corps contrefaits (Dan seuse borgne, 1905 ) et pour les poses provocantes, ce qui lui vaudra un succès de scandale qu'il saura convertir en succès mondain .

(La Citane , 1910 .) MAURI CE D E VLAMINC K (1876·1958 ) Peintre amateur à ses débuts , homme aux multiples talents , Vlaminck doit à la rencontre d'André Derain (1900 ) de s'être consacré à la peinture (Portrait d 'André Derain, 1905 ).

S'il ne rencontre Matisse qu'en 1907, il est, dès la naissance du groupe, de toutes les expositions.

Spécialisé dans les paysages , il a en commun avec les autres fauves le goût des grands aplats, du de ssin à peine esquissé, m ais d'emb lée ses scènes sont plus calmes, ses couleurs moins violentes (Les Arbres rouges, 1906).

Dès 1908 s'amorce une évolution : son trait se fait plus préci s, plus achevé.

L e passage par le fauvi sme apparaît a insi chez lui comme une audace de jeune sse, avant un assagissement progressif (Les Remorqueurs à quai, 1908 ; La Maison à l'auvent 1920) qui lui vaudra une certaine faveur du public.. »

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