En quoi l'évocation d'un monde très éloigné du sien permet-elle de faire réfléchir le lecteur sur la réalité qui l'entoure ?
Publié le 25/02/2014
Extrait du document
«
Bétis coule dans un pays fertile et sous un ciel doux, qui est toujours serein » ; on y
découvre une nature reflétant l'harmonie sociale : « les chemins y sont bordés de lauriers,
de grenadiers, de jasmins et d'autres arbres toujours verts et toujours fleuris ».
Ces
paradis terrestres impulsent l'imaginaire d'une société obéissant à d'autres modèles que
les nôtres, une société minimaliste qui se limite l'essentiel sans se soucier du superflu : «
ils ne veulent souffrir que les arts qui servent aux véritables nécessités des hommes ».
Cette littérature est dotée d'une conséquente force de séduction elle-même liée au
voyage, qu'elle incite et qu'elle réalise partiellement dans l'expérience du lecteur.
C'est
qu'à partir de la Renaissance, la terre étrangère, tout comme l'étranger lui-même
deviennent de véritables modèles pédagogiques dont se saisissent les écrivains.
Montesquieu, dans ses Lettres persanes continue : « ils chantaient les injustices des
premiers Troglodytes et leurs malheurs, la vertu renaissante avec un nouveau peuple, et
sa félicité ».
En réalité, ces mondes imaginaires réalisent une finalité didactique pour leurs
auteurs, celle de donner à voir la vision harmonieuse de sociétés capables de concilier
abondance et sagesse.
Des sociétés qui sont finalement bien moins esclaves que les
nôtres.
Mais l'Étranger désigne tout autant le pays qui n'est pas le nôtre que le membre de
notre propre société qui y évolue.
Ainsi, la littérature exploitant l'image de ces mondes
éloignés en vient presque toujours à mettre en avant la figure du personnage étranger lui-même : le
découvreur, le voyageur, l'initié.
C'est celui qui interroge, qui se surprend dans
cette rencontre avec l'altérité et auquel s'identifie le lecteur : « Vous devez avoir, dit
Candide au Turc, une vaste et magnifique terre ? ».
C'est donc à partir du tableau de
sensations et d'émotions que condense ce personnage que le lecteur accède aux
tableaux qui composent le monde présenté ou imaginé par l'auteur.
Adoam illustre cette
idée quand il s'étonne que la société Bétique ne fasse pas usage de la monnaie.
La
médiation de ces personnages est constitutive du genre, elle accompagne le lecteur vers .
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