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En quoi l'évocation d'un monde très éloigné du sien permet-elle de faire réfléchir le lecteur sur la réalité qui l'entoure ?

Publié le 25/02/2014

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Introduction De nombreuses œuvres littéraires se transposent dans un ailleurs, dans des mondes qui sont radicalement inconnus du lecteur quand ils ne sont pas tout simplement  imaginaires. De cette façon, cet éloignement produit par la littérature nous transporte dans  une Terra incognita, vierge de nos cultures et donc support de prédilection de nos  projections. L’on pourrait s’interroger ainsi : quels sont les liens qui s’établissent entre  l’exposition du lecteur à ses mondes étranges et les rapports qu’il entretient avec sa  propre réalité ? En quoi, l’expérience littéraire de l’étranger nous conduit à nous  réapproprier notre « ici et maintenant « ? Nous aborderons dans un premier temps les  caractéristiques des œuvres littéraires qui exploitent ce cadre de la terra incognita. Dans  un second temps nous montrerons par quels mouvements cette expérience de l’altérité  nous réinscrit de façon critique dans notre propre réalité. I. Les ressorts de la terra incognita en littérature  Depuis la Renaissance s’est ouvert avec les grandes découvertes de Colomb,  Cabral, Vasco de Gama et d’autres, un champ nouveau pour l’imaginaire et la pensée.  D’un monde européo centré s’est dégagée une possibilité d’exploitation, tant économique  qu’artistique, de terres jusque-là encore inconnues. C’est dans cette expérience de  l’altérité d’un monde ancien qui se retrouve face à un nouveau monde que vont s’articuler,  à partir de là, de nouveaux cadres et de nouveaux personnages en littérature. Le mythe  du « bon sauvage « prend naissance dans les découvertes de ces grands navigateurs  prolongées par les interprétations littéraires et philosophiques que lui donneront entre  autres Montaigne, et plus tard, Diderot, Rousseau, etc. Fénélon inspiré écrit « Le fleuve  Bétis coule dans un pays fertile et sous un ciel doux, qui est toujours serein « ; on y  découvre une nature reflétant...

« Bétis coule dans un pays fertile et sous un ciel doux, qui est toujours serein » ; on y  découvre une nature reflétant l'harmonie sociale : « les chemins y sont bordés de lauriers,  de grenadiers, de jasmins et d'autres arbres toujours verts et toujours fleuris ».

Ces  paradis terrestres impulsent l'imaginaire d'une société obéissant à d'autres modèles que  les nôtres, une société minimaliste qui se limite l'essentiel sans se soucier du superflu : «  ils ne veulent souffrir que les arts qui servent aux véritables nécessités des hommes ».  Cette littérature est dotée d'une conséquente force de séduction elle-même liée au  voyage, qu'elle incite et qu'elle réalise partiellement dans l'expérience du lecteur.

C'est  qu'à partir de la Renaissance, la terre étrangère, tout comme l'étranger lui-même  deviennent de véritables modèles pédagogiques dont se saisissent les écrivains.  Montesquieu, dans ses Lettres persanes continue : « ils chantaient les injustices des  premiers Troglodytes et leurs malheurs, la vertu renaissante avec un nouveau peuple, et  sa félicité ».

En réalité, ces mondes imaginaires réalisent une finalité didactique pour leurs  auteurs, celle de donner à voir la vision harmonieuse de sociétés capables de concilier  abondance et sagesse.

Des sociétés qui sont finalement bien moins esclaves que les  nôtres.  Mais l'Étranger désigne tout autant le pays qui n'est pas le nôtre que le membre de  notre propre société qui y évolue.

Ainsi, la littérature exploitant l'image de ces mondes  éloignés en vient presque toujours à mettre en avant la figure du personnage étranger lui-même : le découvreur, le voyageur, l'initié.

C'est celui qui interroge, qui se surprend dans  cette rencontre avec l'altérité et auquel s'identifie le lecteur : « Vous devez avoir, dit  Candide au Turc, une vaste et magnifique terre ? ».

C'est donc à partir du tableau de  sensations et d'émotions que condense ce personnage que le lecteur accède aux  tableaux qui composent le monde présenté ou imaginé par l'auteur.

Adoam illustre cette  idée quand il s'étonne que la société Bétique ne fasse pas usage de la monnaie.

La  médiation de ces personnages est constitutive du genre, elle accompagne le lecteur vers . »

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