Don Giovanni 1787 Wolfgang Amadeus Mozart (1756-1791)
Publié le 29/06/2015
Extrait du document
Les vertiges du plaisir
Adulé par les uns, haï par les autres, Mozart prenait un plaisir malin à évoluer entre ces deux mondes, en équilibre sur le fil du rasoir dont lui seul délimitait le tranchant. La musique de Mozart est celle du plaisir, le plaisir à soi-même, le vertige à contempler cette joie se muer en notes, s'ordonner en portées.
Quel autre exemple aurait-il pu choisir que ce Don Juan qui confie à Sganarelle qu'il séduit les femmes pour le seul envoûtement de leur conquête et non pour leur possession. Y eut-il dans la vie de Mozart un seul moment de soumission à l'autorité, d'où qu'elle vienne, quand on connaît ses renoncements aux postes stables au profit de l'indépendance et de la création, quand il pervertissait les honneurs qu'on lui rendait en s'en moquant ouvertement par des frivolités inconsidérées...
Jusqu'au terme de sa courte vie, Mozart ne fut habité que par cette hantise coupable que Milos Forman parvint à recréer remarquablement dans le film Amadeus (1984) : celle d'avoir prêté le flanc aux caprices volontaristes de son père. Celui-ci, sous les traits du Commendatore dans Don Giovanni, représente cette force dévastatrice, aveugle, toute puissante, image d'un Dieu trop partial, statue parmi les statues, terreur venue du fond des âges. Aujourd'hui encore, cette ouverture glace d'effroi. Jamais «ré mineur« syncopé n'a frappé avec autant de force...
«
296 1 Les chefs-d'oeuvre de la musique
le dictionnaire duquel les mots «découragement" et «pessimisme"
auraient été oubliés à l'impression.
Don Giovanni, c'est l'expres
sion même de
l'âme de Mozart, celle d'un enfant qui appelait à
lui toutes les gâteries et toutes les mansuétudes, pour les disposer
devant lui, en tas, avant de les disperser
d'un grand coup de pied.
Musique candide
d'un compositeur hors classe qui ne s'avouait
qu'une seule faiblesse, celle de ne pas pouvoir discerner le mal.
Les vertiges du plaisir
Adulé par les uns, haï par les autres, Mozart prenait un plaisir
malin
à évoluer entre ces deux mondes, en équilibre sur le fil du
rasoir dont lui seul délimitait le tranchant.
La musique de Mozart
est celle du plaisir, le plaisir
à soi-même, le vertige à contempler
cette joie se muer en notes, s'ordonner en portées.
Quel autre exemple aurait-il pu choisir que ce Don Juan qui
confie
à Sganarelle qu'il séduit les femmes pour le seul envoûte
ment de leur conquête et non pour leur possession.
Y eut-il dans
la vie de Mozart un seul moment de soumission
à l'autorité, d'où
qu'elle vienne, quand on connaît ses renoncements aux postes sta
bles au profit de l'indépendance et de la création, quand il per
vertissait les honneurs
qu'on lui rendait en s'en moquant
ouvertement par des frivolités inconsidérées ...
Jusqu 'au terme de sa courte vie, Mozart ne fut habité que par
cette hantise coupable que Milos Forman parvint
à recréer remar
quablement dans le
film Anuuleus (1984): celle d'avoir prêté le
flanc aux caprices volontaristes de son père.
Celui-ci, sous les
traits du Commendatore dans
Don Giovanni, représente cette force
dévastatrice, aveugle, toute puissante, image
d'un Dieu trop par
tial, statue parmi les statues, terreur venue du fond des âges.
Aujourd'hui encore, cette ouverture glace d'effroi.
Jamais.
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