DIEGO VELAZQUEZ
Publié le 05/02/2019
Extrait du document
La gloire à Madrid
De retour en Espagne, le peintre vit sa période la plus féconde. Il peint de nombreux portraits, dont ceux du prince héritier: ces images (Le Prince Bal-tasar Carlos avec un nain, 1632) ravissantes, naturelles à rendre la fraîcheur du petit enfant, évoquent aussi le poids des espoirs qui pèsent sur lui.
Entre 1634 et 1637, Velâzquez peint la famille royale à cheval; les meilleures effigies sont celles du roi et de son fils. Olivares commande également la sienne. De sujets répétitifs, Velâzquez fait de véritables portraits, sachant souligner la sérénité d’un roi à qui tout réussit, l’arrogance d’un favori incontesté, la fierté d’un petit garçon qui maîtrise sa monture. Une série de tableaux témoigne d’un autre aspect de la vie à la cour d’Espagne. Il s’agit des portraits de nains (Francisco Lezcano, 1637 ; El Primo, 1644 ; Sébastian de Morra, 1644) et de bouffons (Juan Calabazas, 1639; Le Bouffon de Don Juan d’Autriche, 1643). Ces images d’étrangeté développent une grande qualité à la fois d’expression et de pudeur: le peintre évite le voyeurisme sans tomber dans la platitude.
Sa science de la composition explose dans la Reddition de Breda (1634-1635), commandée pour la galerie des Batailles du palais d’été, le Buen Retiro. C’est un tableau audacieux où Velâzquez abandonne l’allégorie pour évoquer l’événement dans sa vérité historique. En 1636, Velâzquez devient valet de la Garde-Robe du roi, poursuivant sa course aux honneurs.
L’Espagne en retrait
À partir de 1640, l’Espagne connaît une période de recul. Cette année-là, le Portugal, annexé en 1580, reprend son autonomie. En 1643, Philippe IV renvoie Olivares. 1644 voit la mort de la reine Élisabeth de France, suivie deux ans plus tard par celle de Baltasar Carlos. En 1648, les Pro-vinces-Unies reprennent à l’Espagne le Brabant-Septentrional et la Flandre.
La famille royale décimée, Velâzquez peint moins. Ce qui n’est d’ailleurs pas pour lui déplaire - les documents nous le montrent bien plus préoccupé par ses fonctions d’architecte des résidences royales. Devenu valet de la Chambre du roi, en 1648, il convainc Philippe IV de le laisser repartir en Italie pour y acquérir de quoi compléter la décoration de l’Àlcâzar, dont les travaux sont toujours sous sa responsabilité.
La Plaza Mayor de Madrid.
C’est en 1618 que Philippe iii fit reconstruire cette place fermée que domine la Panaderia. Madrid n’était capitale de l'Espagne que depuis 1561, succédant «provisoirement» à Tolède.
Reddition de Breda (1636, Prado). De part et d’autre, les deux camps ennemis sont parfaitement caractérisés : haillons et débandade pour les vaincus, vigueur guerrière des lances droites pour les vainqueurs. Mais il n’y a pas d'humiliation dans cette défaite.
Ainsi la scène n’est pas narée mais immédiatement vécue.
Parallèlement aux démarches que réclame sa charge d’acheteur (il ramènera des Tintoret et des Véronèse), Velâzquez peint. En 1650, il donne deux portraits d’une humanité rarement égalée : Juan de Pareja, son serviteur et esclave, et Innocent X. La richesse de coloris, la beauté du premier visage prouvent l’amitié du maître pour son homme lige ; il ne tarde d’ailleurs pas à l’affranchir. Dans le portrait du pape, l’harmonie chromatique est éclatante, volontairement expressive du luxe de la cour vaticane, de la responsabilité de la charge pontificale. Mais le visage surtout retient. Le regard sans fard et le front soucieux sont les indices de l’intelligence acérée du vieillard.
Malgré les multiples rappels de Philippe IV, Velâzquez prolonge son séjour à Rome - pour les beaux yeux d’une dame, semble-t-il. Bien qu’on ignore son identité, on ne peut guère douter qu’elle ait prêté son corps à La Vénus au miroir (1651). La tactilité des velours chatoyant sur la peau pâle fait de cette œuvre la plus sensuelle de Velâzquez . C’est sa propre passion que le peintre a couchée sur la toile.
«
Diego
Velazquez
par des empâtements qui accrochent la lumière
(Jacob recevant la tunique de Joseph).
La gloire à Madrid
De retour en Espagne, le peintre vit sa période la
plus féconde.
Il peint de nombreux portraits, dont
ceux du prince héritier: ces images (Le Prince Bal
tasar Carlos avec un nain, 1632) ravissantes, natu
relles à rendre la fraîcheur du petit enfant, évo
quent aussi le poids des espoirs qui pèsent sur lui.
Entre 1634 et 1637, Velazquez peint la famille
royale à cheval; les meilleures effigies sont celles
du roi et de son fils.
Olivares commande égale
ment la sienne.
De sujets répétitifs, Velazquez fait
de véritables portraits, sachant souligner la
sérénité d'un roi à qui tout réussit, l'arrogance
d'un favori incontesté, la fierté d'un petit garçon
qui maîtrise sa monture.
Une série de tableaux
témoigne d'un autre aspect de la vie à la cour
d'Espagne.
Il s'agit des portraits de nains (Fran
cisco Lezcano, 1637; El Primo, 1644; Sebastian de
Marra, 1644) et de bouffons (Juan Calabazas,
1639; Le Bouffon de Don Juan d'Autriche, 1643).
Ces images d'étrangeté développent une grande
qualité à la fois d'expression et de pudeur:
le peintre évite le voyeurisme sans tomber dans
la platitude.
Sa science de la composition explose dans la
Reddi tion de Breda (1634- 1635), commandée
pour la galerie des Batailles du palais d'été, le
Buen Retiro.
C'est un tableau audacieux où
Velazquez abandonne l'allégorie pour évoquer
l'événement dans sa vérité historique.
En 1636,
Velazquez devient valet de la Garde-Robe du roi,
poursuivant sa course aux honneurs.
L'Espagne en retrait
À partir de 1640, l'Espagne connaît une période
de recul.
Cette année-là, le Portugal, annexé en
1580, reprend son autonomie.
En 1643,
Philippe IV renvoie Olivares.
1644 voit la mort de
la reine Élisabeth de France, suivie deux ans plus
tard par celle de Baltasar Carlos.
En 1648, les Pro
vinces-Unies reprennent à l'Espagne le Brabant
Septentrional et la Fla ndre.
La famille royale décimée, Velazquez peint
moins.
Ce qui n'est d'ailleurs pas pour lui
déplaire -les documents nous le montrent bien
plus préoccupé par ses fonctions d'architecte des
résidences royales.
Devenu valet de la Chambre
du roi, en 1648, il convainc Philippe IV de le lais
ser repartir en Italie pour y acquérir de quoi com
pléter la décoration de l'Alcazar, dont les travaux
sont toujours sous sa responsabilité.
Reddition
de �
B reda (1636,
Prado).
De part et
d'autre, les deux
camps ennemis sont
parfaitement
caractérisés: haillons et débandade pour
les vaincus, vigueur
guerrière des lances
droites pour les
vainqueurs.
Mais
il n'y a pas
d'humiliation dans
cette défaite.
Ainsi la scène n'est
pas narée mals
Immédiatement vécue.
�
La Plaza Mayor
de Madrid.
C'est en 1618 que
Philippe 111 fit
reconstruire cette
place fermée que
domine la Panaderia.
Madrid n'était capitale
de l'Espagne que
depuis 1561,
succédant
• provisoirement •
à Tolède.
Rome et ses sortilèges
Parallèlement aux démarches que réclame sa
charge d'acheteur (il ramènera des Tintoret et
des Véronèse), Velazquez peint.
En 1650, il
donne deux portraits d'une humanité rarement
égalée: Juan de Pareja, son serviteur et esclave, et
Innocent X.
La richesse de coloris, la beauté du
premier visage prouvent l'amitié du maître pour
son homme lige; il ne tarde d'ailleurs pas à
l'affranchir.
Dans le portrait du pape, l'harmonie
chromatique est éclatante, volontairement
expressive du luxe de la cour vaticane, de la res
ponsabilité de la charge pontificale.
Mais le vi
sage surtout retient.
Le regard sans fard et le front
soucieux sont les indices de l'intelligence acérée
du vieillard.
Malgré les multiples rappels de Philippe IV,
Velazquez prolonge son séjour à Rome -pour
les beaux yeux d'une dame, semble-t-il.
Bien
qu'on ignore son identité, on ne peut guère dou
ter qu'elle ait prêté son corps à La Vénus au
miroir (1651).
La tactilité des velours chatoyant
sur la peau pâle fait de cette œuvre la plus sen
suelle de Velazquez .
C'est sa propre passion que
le peintre a couchée sur la toile.
Pour l'amour d'une infante
De son retour à Madrid à sa mort en 1660, Velaz
quez revit à la Cour la paix des années
1630-1640.
La famille royale s'est agrandie: le roi
a épousé sa nièce, Marianne d'Autriche, qui lui
donne deux enfants: Marguerite (1651-1673) et
Philippe-Prosper (1657-1661).
Velazquez peint
ce bonheur familial et sa prédilection va à l'infan
te Marguerite.
Il en fait le centre de sa plus gran- de
toile (outre Les Fileuses, 1657): Les Ménines
(1656).
Autour d'elle, il réunit sa famille: le
couple royal en reflet dans le miroir , la petite
infante avec sa suite, l'infante Marie-Thérèse (fille
aînée de Philippe IV), sur la gauche, lui-même,
Velazquez , en retrait.
A la naissance de Philippe
Prosper, le peintre modifie le tableau: il supprime
la figure de Marie- Thérèse et agrandit sa propre
effigie, ajoutant au revers de son pourpoint la
croix rouge de l'ordre de Santiago.
Obtenue en
1658 après des années de requêtes, bien visible
sur son pourpoint, cette gratification marque,
avec l'obtention du titre de maréchal du palais, i L'infante Marguerite à 3 ans .
De retour a d'Italie Velazquez connaÎt sa période la plus
féconde.
Il peint la famille royale, de véritables
portraits �oui/gant les traits de caractère de
chacun.
A la fois pudeur et voyeurisme.
l'aboutissement de son ascension sociale.
Il n'en
profite guère.
Velazquez accompagne le roi pour
la négociation du traité des Pyrénées, signé en
novembre 1659 sur la Bidassoa (et au cours
duquel Marie-Thérèse est promise à Louis XIV); il
rentre de l'expédition fatigué.
Une maladie pul
monaire l'emporte quelques semaines plus tard,
peu avant sa femme..
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