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David : LE SERMENT DES HORACES

Publié le 14/09/2014

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Un triomphe européen

 

Dès 1755, le courant néoclassique, alors en gestation, a son théoricien : c'est un Allemand, bibliothécaire à Dresde, Johann Joachim Winckelmann (1717-1768). Cette année-là, à trente-huit ans, il publie ses Réflexions sur l'imi­tation des oeuvres grecques en peinture et sculpture, titre qui résume le propos. Que connaît Winckelmann de l'Antiquité ? Essentiellement des moulages, achats des princes de Saxe. Cela lui suffit pour déterminer un idéal, qu'il dit «grecs>, quand bien même il n'entrevoit la Grèce qu'à travers des copies de copies romaines tardives. Il n'importe : son opuscule a aussitôt un retentissement inattendu. Il exprime de façon dogmatique ce qu'une géné­ration ressent, l'envie d'une rupture et le désir 

« la cité pontificale, marché qui a ses enchéris­ seurs millionnaires, ses experts et ses faus­ saires.

l'italien Piranèse grave des vues des temples grecs de Paestum, près de Naples, qui sont de véritables relevés d'architecture, cepen­ dant que les Anglais Stuart et Revett publient les Antiquités d'Athènes et qu'un Français, le comte de Caylus, édite un monumental Recueil d'antiquités égyptiennes, étrusques, romaines et gauloises, source irremplaçable pour David.

L'aspiration à la rigueur Ces progrès des connaissances archéologiques n'auraient cependant pas suffi à susciter une esthétique nouvelle s'ils ne s'étaient combinés à un autre mouvement, la réaction contre le goût galant et gracieux : le sty le rococo et les œuvres inspirées d'un baroque désormais entièrement affadi.

Aux effets lointainement repris de Rubens, à une peinture chamarrée et séductrice - celle d'un Boucher, par exemple - les théoriciens et les artistes de la nouvelle école veulent opposer un art fait de rigueur et de dépouillement.

De même qu'ils se récla ­ ment de !'Antiquité, ils se veulent les héritiers de Raphaël, modèle de clarté et de sobriété .

les compositions de David, géométriques et fortement structurées par des diagonales et des parallèles, sont clairement un écho des peintures du maître italien.

Une révolution du goût s'opère alors.

En 1772, la comtesse du Barry, après avoir demandé à Fragonard de peindre pour son pavillon de Louveciennes des panneaux sur le thème des Âges de l'Amour; se ravise, refuse les peintures déjà mises en place, et demande finalement à Joseph-Marie Vien d'exécuter la décoration.

Or, Vien (qui fut le premier maître de David) est le promoteur de la mode néo­ antique : sa Marchande d'Amours, présentée au Salon de 1763, constitue la première véritable scène «grecque» du xvm• siècle.

Un triomphe européen Dès 1755, le courant néoclassique, alors en gestation, a son théoricien: c'est un Allemand, bibliothécaire à Dresde, Johann Joachim W i nckelmann (1717 -17 68).

Cette année-là, à trente-huit ans, il publie ses Répexions sur l'imi­ tation des œuvres grecques en peinture et sculpture, titre qui résume le propos.

Oue connaît Winckelmann de l' Antiquité? Essentiellement des moulages, achats des princes de Saxe.

Cela lui suffit pour déterminer un idéal , qu'il dit «grec», quand bien même il n'e ntrevoit la Grèce qu'à travers des copies de copies romaines tardives.

Il n'importe : son opuscule a aussitôt un retentissement inattendu.

Il exprime de façon dogmatique ce qu'une géné­ ration ressent, l'envie d'une rupture et le désir d'un retour aux sources anciennes.

En 1756, Winckelmann s'établit tout naturellement à Rome , ville-phare du néoclassicisme.

On connaît la suite : dans les années 1760, la ·génération de Vien procède à une première réforme.

Elle trouve en Anton Raphaë l Mengs, peintre et esthéticien lui aussi venu de Dresde, un adepte fervent, dont la fresque du Parnasse (1762) associe l'Apollon du Belvédère, une colonne dorique et des réminiscences de Raphaël.

Gavin Hamilton, antiquaire et artiste, introduit le peintre à Londres au même moment, tout comme Benjamin West dans cette colonie anglaise qui ne s'appelle pas encore États-Unis.

Mais le triomphe du néoclassicisme , préparé par ces précurseurs, est de vingt ans posté­ rieur.

Entre 1781 et 1783 , un sculpteur véni­ tien, Antonio Canova, exécute d'après un modèle antique un Thésée vainqueur du Minotaure, qui reçoit aussitôt l'approbation de Gavin Hamilton.

Bientôt, les commandes affluent vers le sculpteur, de plus en plus nombreuses et flat teus es.

Ainsi, en 1784, quand il met en chantier son Serment des Horaces, Jacques-louis David, plus qu'il n'innove, cristallise un engouement vieux d'un quart de siècle.

Son génie est d'avoir donné à l'esthéti que nouvelle une œuvre sim­ plement et puissamment emblématique.. »

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